Messages et articles de Altaïr
 

13.03.2010 - 12h12   

Quant à l’autorité, l’homme se trouve pris dans un paradoxe qui se renouvelle éternellement : Tout groupe choisit un chef , selon des critères différents : un homme à fort caractère en temps de crise, un « utopiste » en temps de rébellion, un chef de guerre en temps de conflit. Cela pourrait convenir si le pouvoir accordé ne corrompait pas quasiment systématiquement ce chef qui devient de plus en plus autoritaire chaque fois que ses décisions – c’est-à-dire lui-même – se trouvent contestées.

L’individu votant se retrouve alors au centre d’un dilemme : il a élu et donné du pouvoir à un autre qui peut alors justifier ses exactions au nom de la masse populaire. On le voit dans les débats télévisuels lorsque le porte-parole du pouvoir rappelle que le chef a été élu, ou qu’il fait taire son opposant en rappelant que la majorité se plaint mais qu’elle ne peut nier avoir choisi.
Comme dans l’expérience de Milgram, le « mouton » risque de revoter de la même façon pour justifier son premier choix, son obéissance (et sa perte de liberté) initiale en pariant sur les résultats à venir.

Selon William Golding (Je suis en train de relire Sa Majesté des Mouches) qui met en scène un groupe d’enfants de 6 à 12ans livrés à eux-mêmes sur une île déserte, ce principe est intrinsèque à la nature humaine : les enfants ont choisi – très raisonnablement - le plus fort et le plus charismatique pour organiser (et non diriger) la vie sur l’île. Cependant la nuance est si faible que l’élu est immédiatement proclamé chef.
Le roman montre impitoyablement comme se met en place le pouvoir autoritaire : la première désobéissance du groupe conduit à une catastrophe ce qui « justifie » la violence à venir du chef pour se faire respecter de ces « irresponsables », dans ses bonnes comme dans ses mauvaises décisions. Ne réussissant pas à conserver l’unanimité, le chef se préoccupe alors davantage de garder le pouvoir que d’agir pour le bien de tous.

Personnellement, je n’ai réussi à dépasser ce problème lié à l’autorité : j’ai beaucoup de mal avec l’idée de l’anarchie mais le pouvoir corrompt l’homme… La solution semble se trouver dans le choix et la chance qui offrent des hommes comme Mandela ou Gandhi mais le pouvoir autoritaire déjà en place s’arrange généralement pour les faire taire.
Faut-il alors, lorsque l’on met la main sur un tel homme, balayer le pouvoir en place pour redonner un tel pouvoir à un autre ? C’est le serpent qui se mord la queue.