15.02.2024
TEDxParis 2011 : Bernard Werber - L'arbre des possibles
source: youtube.com

... Applaudissements ... Et maintenant, que va-t-il se passer ? Cette question est la question qui nous différencie peut-être des animaux. Les animaux sont à la recherche de nourriture, de lieux de protection, ils sont à la recherche de reproduction, mais ils ne voient pas dans le futur. L'homme, à partir du moment où il s'est mis à planter des graines, a commencé à penser à la récolte et à se projeter dans le futur. Et dès le moment où il s'est projeté dans le futur, il a vu apparaître une multitude de dangers. Et là, il s'est dit, dans le court terme, dans le moyen terme, dans le long terme, il ne voyait que des sources de peur.

Pour lutter contre la peur, il fallait trouver des mécanismes. Et les premières personnes qui ont dit, nous, dans le futur, nous savons ce qui va se passer, ont été les prêtres. Les prêtres ont construit des temples, ils ont commencé à parler du futur, de l'apocalypse.

Ici, nous voyons une représentation du temple de Delphes, qui était la capitale de l'Antiquité, où les gens qui voulaient connaître le futur venaient et ont leur expliqué ce qui allait se passer. C'est notamment là qu'Alexandre Legrand s'est vu prédire qu'il allait devenir le plus grand roi du monde. Et je pense que ça l'a incité aussi à faire la guerre et à combattre partout. De manière plus récente, d'autres groupes de gens ont essayé de s'accaparer le futur, par exemple les artistes. Ici, une vision de ce que serait le téléphone portable à l'an 2000, mais tel que c'était vu en 1900.

Voilà l'ancêtre de l'iffone, tel que le voyait les gens en 1900. Comme vous voyez, c'était extrêmement adapté à l'époque, qui n'a pas comporté beaucoup de chapeaux. Autre vision, comment allait être à l'école toujours ? On a l'occasion de faire des mesures de l'école, d'un côté on met les livres, de l'autre on met les enfants, les livres se transforment en liquide et on leur déverse directement dans les oreilles. Comment vont être les brasseries du futur, selon l'homme de 1900, un endroit où on vient avec son planeur, prendre directement la petite bière, avant de repartir vers le ciel ?

Le futur a posé des problèmes aux religieux, a posé des problèmes aux artistes, et c'est à ce moment-là qu'on peut dire que sont apparaît une troisième caste de dèd à la vision du futur, que sont les spécialistes. Voilà un spécialiste de 1900, et vous allez voir qui a prononcé cette jolie phrase, c'est le directeur des brevets des États-Unis en 1899. Pour lui, tout s'arrêter. Je vous pose une note de vignette, qui a dit ça, encore un spécialiste, le président de la Warner Bros, qui sentait bien venir les choses. Plus récemment encore, la télévision Technologie Sans Avenir, c'est l'inventeur du tube cathodique, qui n'y croyait pas non plus.

plus. Plus récemment encore, un marché mondial tout au plus pour cinq ordinateurs et c'est le président d'IBM. Et bientôt, la poste avec des missiles qu'on envoie de New York et l'Australie et ça, c'est le directeur de la poste des États-Unis en 1959, vous voyez, c'est facile, c'est ancien. Donc, les religions n'y arrivent pas, les artistes n'y arrivent pas, les spécialistes se plantent. Alors, comment faire pour penser le futur, comment faire pour assurer les gens, comment faire pour savoir ce qui va nous arriver ?

Moi, je me suis toujours posé cette question, qu'est-ce qui va m'arriver, qu'est-ce qui va arriver à l'humanité ? Et je me suis dit, il faut sortir des spécialistes du futur pour essayer de regarder un endroit où la réflexion sur le futur est proposée sous forme de jeu. Et cet endroit, c'est le jeu d'échec. En fait, quand vous jouez aux échecs, vous êtes forcés de vous projeter dans le futur, c'est-à-dire quand vous jouez, vous imaginez ce que l'autre va jouer et vous imaginez votre réponse.

Et en fait, vous fonctionnez dans un système où naturellement, votre cerveau explore des voies de futur et trouve, essaie de trouver, grâce à son imagination, la meilleure voie. Alors, je suis devenu journaliste scientifique et j'ai écrit un article sur les jeux d'échecs et à l'époque, ce qui était le plus évoqué dans les médias, c'était le combat homme-machine à savoir Kasparov et Diblou. Alors, je vais expliquer comment marche un système de jeu d'échecs informatique. Mais avant, je vais commencer par vous expliquer comment marche un esprit humain. Quand il joue aux échecs, l'esprit humain se dit, je vais jouer en coup. ce coup va amener un coup de l'adversaire que je prévois, qui m'amènera à un coup de ma part, qui amènera à un coup de l'adversaire. En fait, ce système de prévision pour l'homme va tout au plus sur six coups. C'est déjà beaucoup de possibilités, une base de scénario gigantesque. Diblou, qui a fonté en 1997 Kasparov, profitant du système informatique et de toute la technologie contre les ordinateurs modernes, lui arrivait à une profondeur de... 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15 coups. Il faut voir ce que donne 15 coups. 15 coups, ça donne en faire une arboréissance de tous les scénarios possibles de si il fait ça, je fais ça, si je fais ça, il va faire ça, et si il fait ça, je vais faire ça. Ce système-là donne une sorte de gigantesque spectre qui est aussi large que profond.

Donc, l'homme pense une sorte de petit arbuste, de petit arbuste limité à six ramifications de complexité et l'ordinateur à un niveau de 15. Mais la différence ne se fait pas seulement par la profondeur, elle se fait par autre chose. En fait, Kasparov, quand il joue aux échecs, il ne va réfléchir que sur tout au plus une dizaine de coups parce qu'il a naturellement viré tous les coups débiles, tous les coups impossibles, ou tous les coups qu'il sait qu'ils ne marcheront pas, ou qu'il croit qu'ils ne marcheront pas. ne fonctionnent pas comme ça. Lui, il va tester toutes les formules et il va tout leur donner une note, une évaluation, si bien que, alors que Kasparov va se limiter sur une dizaine de coups, l'ordinateur, lui, il va vraiment profiter du million de scénarios qu'il va tous noter et dont il va choisir ce qui lui semble le scénario optimal. Donc la supéreté de l'ordinateur, c'est la masse de futures possibles et le fait qu'il ne juge pas, il ne cherche pas tout le temps à trouver l'unique bon scénario, il les évalue tous avec une certaine objectivité que nous n'arrivons pas à reproduire. L'idée de ce match, de cette machine à prévoir le futur m'a trotté dans l'esprit longtemps, je me suis dit pourquoi ne pas étendre le concept de jeu d'échec mais au lieu que ce soit des pièces d'échecs qu'on imagine, tout ce qui arrive à l'humanité, que ce soit au point de vue militaire, au point de vue économique, démographique, culturel, pourquoi ne pas imaginer ceux qui va tous les scénarios possibles qui pourront nous arriver dans les jours qui viennent.

Et je me suis dit pourquoi ne pas créer un ordinateur qui, avec la même objectivité, avec la même largeur d'esprit, avec la même profondeur, se met à étudier les flux de la mode, les flux de la bourse, se met à étudier en fait comment le monde, en toute logique, peut partir dans tous les sens. Nous bénéficierions ainsi de la même masse d'informations et aussi de ce côté non sélectif, ce côté des possibilités sont présentées et là-dedans se trouve peut-être la réalité. Donc j'ai commencé par décrire ce projet dans une nouvelle qui s'appelle L'arbois des possibles et que j'ai introduit dans le roman EpoNym. Et dans ce roman, je racontais cette machine, ce programme, comment il allait fonctionner, comment il allait avoir par exemple un système de probabilité pour essayer de savoir quel scénario pouvait arriver le plus souvent et comment il allait être non limité. Cet ordinateur, ce logiciel, cette idée, je me suis dit eh bien il faut passer à la fabrication, fabriquons la machine après voir le futur, un oracle qui ne soit ni mystique ni juste sur l'intuition et cet ordinateur je vous le présente. Le voilà, parce qu'en fait je suis que auteur et je ne suis pas capable donc de trouver des financements pour monter un tel projet.

Seulement je voulais quand même qu'il existe. Alors comment faire pour que l'arbre des possibles en tant que machine après voir le futur objective et large puisse exister ? Je me suis dit puisqu'on ne peut pas profiter des connexions de de computers, d'ordinateurs, de puces, utilisant un autre système qui on pourrait dire l'ordinateur organique vivant qui est l'intelligence collective qu'on trouve sur internet. par chance j'avais déjà un site qui s'appelait Bernard Verbert.com dans lequel je savais qu'il y avait 1000 personnes qui venaient tous les jours et je me suis dit bien je vais proposer à Sémil de me raconter le futur. Je vais leur proposer qu'il est un endroit où sans payer, sans s'inscrire, sans être jugé, sans avoir aucune spécialité ils vont me raconter le futur qu'ils voient, le futur qu'ils espèrent et surtout un futur qui ne sera pas limité dans le temps et dans l'espace. Ça donne par exemple cette carte qui fonctionne comme un arbre avec les racines qui seraient le passé, le tronc qui seraient le présent et l'arboréissance qui est le futur. Alors on peut zoomer dans les branches de l'arbre, ici la science, si je rentre dans la science je peux découvrir quelques propositions, ici la conquête spatiale ce qui est un des sujets qui revient le plus souvent et enfin la société.

Si je rentre dans la société on tombe par exemple sur un sujet comme que se passerait-il s'il apparaissait un nouveau mai 68, ce à quoi les internautes répondent et si on a instauré la pollution comme un crime contre la planète ou une autre idée qui je crois sera développée tout à l'heure et si on supprimait l'argent et la question si on supprimait l'argent et si le troc remplaçait l'argent, ce à quoi d'autres internautes répondent, de façon ça ne change rien, il y aura toujours des exploiteurs et des exploités. L'arbre des possibles au début n'était qu'une petite graine et la masse des gens qui sont venus sur cet endroit, comme un observatoire ou voir ce qui équipe les autres mais aussi vous déposer leurs visions, n'a cessé de grandir. Actuellement après 9 ans de fonctionnement, l'arbre des possibles a 2 millions de visiteurs, nous avons reçu 60 000 scénarios et sur 60 000 scénarios on a quand même essayé de prendre les plus cohérents les plus crédibles ceux qui fonctionnaient et on a trouvé un grand nombre de scénarios qui ont été réunis par la société. 8000 scénarios qui sont inscrits dans cet arbres et sens dans lequel on peut circuler dans l'arbre des possibles. Alors, le concept d'arbre des possibles, c'est aussi une banque de données pour permettre aux gens de l'an 2100 de savoir ce qu'on pensait en l'an 2010.

Cette masse de scénarios, c'est en fait une définition de qui nous sommes. De la même manière que tout à l'heure, grâce à la vue d'artistes, comment les gens en 1900 voyaient l'an 2000, maintenant on offre aux gens de l'an 2100 la possibilité de savoir comment nous nous fonctionnons, quel est notre état d'esprit. Et cette idée de démocratiser la vision du futur, de démocratiser la futurologie, de sortir des laboratoires, de sortir des spécialistes, est une idée qui m'est venue de l'observation que je faisais quand j'étais plus jeune d'une espèce animale qui fonctionne en permanence dans la recherche des meilleures idées qui sont les fourmis. Dans la fourmilière, il n'y a pas de CV, il n'y a pas de diplôme, il n'y a pas de spécialiste. C'est en permanence la recherche du meilleur scénario et n'importe quel individu, qui soit jeune, qui soit vieux, qui l'a déjà fait des erreurs, qui l'a déjà réussi après, peut présenter son idée en ensemble de la communauté. Il ne sera jugé que sur l'originalité de l'idée et sur la faisabilité de cette idée. C'est une manière de démocratiser la pensée, de rendre le futur aux gens et à la population.

Et c'est aussi une manière, peut-être, d'inventer un futur meilleur, car je pense que tout ce qui pourra arriver de bien à nos petits-enfants va forcément être inventé par quelqu'un qui est vivant aujourd'hui. Et ce quelqu'un, c'est peut-être vous. Merci. Merci. Merci. Merci beaucoup.


TEdx 2011, L'arbre des possibles, Bernard WERBER



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