Civilisation  
19.12.2013
PENSER LA MODERNITE
Village global, culture, civilisation... jamais dans l'histoire de l'humanité connue nous n'avons été confrontés à l'impériosité de concevoir, de créer, d'imaginer une alternative à tout ce qui a été expérimenté par le genre humain jusqu'à maintenant.

Ce n'est pas chose aisée et la confusion des débats politiques, psycho-sociologiques et philosophiques est là pour attestée qu'échanger en la matière nous impose de nous entendre sur la perspective et la dimension pertinentes.

Michel Serre, au sujet de la communication, affirme que l'avènement des technologies de l'information nous fait basculer individuellement et collectivement dans une autre séquence, inédite, aussi structurante que l'ont été l'invention de l'écriture en Mésopotamie et celle de l'imprimerie au 16ème siècle (Cf. « Petite Poucette »).

Face au défi de comprendre à la fois le sens de l'évolution, notre présent, pour mieux vivre notre à-venir, nous devons pour le moins nous interroger sur la qualité du regard que nous pouvons porter sur cette complexité.

Il y a bien-sûr l'intuition mais elle peut-être parasitée par les systèmes de croyances et valeurs

Il y a la science (histoire, anthropologie, linguistique, économie...) mais elle peut-être limitée par les catégorisations et les perturbations dues aux interactions quantiques

Une approche possible (la seule ?) pourrait être la métacognition et c'est de ce point de vue que je souhaiterais engager le dialogue ici...

Puisque le sujet est de « penser la modernité » _ que l'on peut définir comme notre capacité à se projeter dans un futur sociétal_, il s'agit tout d'abord de prendre la mesure de la dimension spatio-temporelle dans laquelle je m'inscrits.

Indéniablement, c'est à l'échelle de l'ensemble de la planète qu'il faut envisager les choses (Cf. réseaux, anthropocène, transports, économie, gouvernance...)

De la même façon, il me semble que c'est sur la compréhension de l'humain, aux niveaux les plus fondamentaux (motivations, émotions, cognitions...) qu'il faut se placer.

De ce point de vue, et en guise de mise de départ, je souhaitais évoquer notre représentation du progrès associée à notre volonté de puissance qui, selon moi, sont à l'origine de la condition humaine en nous imposant de nous projeter sans cesse dans le futur, source de toutes les peurs et espoirs, et/ou à ressasser le passé, source de tous les doutes et refoulements.

Comment aujourd'hui pouvons-nous penser notre présent sans subir nos représentations illusoires ?

Jacques Attali (dont je sais qu'il n'est pas ici en odeur de sainteté) vient de sortir un ouvrage (« Histoire de la modernité ») qui a pour ambition de formuler les différentes voies que l'humanité a emprunté pour penser son avenir par le passé et pour, de fait, imaginer ses futurs possibles.

Je me permets, afin d'ouvrir notre échange, de vous faire partager une synthèse de sa position :

« Les 7 avenirs de l'avenir

Après le règne de 3 modernités (celles de l'Etre, de la Foi et de la Raison), la question semble être aujourd'hui définitivement réglées : sur la majeure partie de la planète, pour la plupart des hommes, la modernité, et s'identifiera de plus en plus, à l'occidentalisation. Non que cela signifie une victoire de l'occident. Bien au contraire :
D'une part, parce que l'appropriation par d'autres de ses valeurs devenues universelles _ et en particulier le droit à la liberté individuelle_ privera l'occident de sa spécificité, et de son avance.

D'autre part parce que, en occident autant qu'ailleurs, beaucoup de gens mèneront une lutte acharnée contre cette conception de la modernité et cette direction de l'Histoire. Il reprocheront en particulier à l'occidentalisation de violer leurs principes moraux et religieux, de détruire les spécificités culturelles, de dévaster la Nature, de « marchandiser » toutes les relations sociales, y compris l'homme lui-même, en le transformant progressivement en artefact, dans une « hypermodernité », où la prothèse sera la mesure de la modernité.

Les adversaires de cette hypermodernité* inventeront 6 autres projets d'avenir, 6 autres modernités :
5 d'entre elles (nostalgique, instantanée, théologique, écologique, ethnique) seront, par nature, incompatibles à terme avec la liberté individuelle et échoueront devant cette irrépressible revendication ; et on reviendra à l'hypermodernité et ses délires.

Une seule, à mon sens, altruiste, peut permettre à l'humanité de préserver à la fois son identité, sa créativité et sa liberté et de constituer un projet d'avenir durable. Le chemin pour y parvenir est très étroit. Mortellement étroit.

(...)

Elle suppose une grande hauteur de vue, et une réflexion très approfondie sur les enjeux du moment. Elle est fondée sur l'altruisme, en particulier à l'égard des générations futures. Elle fait du bonheur de l'autre la condition du sien. C'est à mon seul la seule modernité viable à long terme. Et aussi la seule compatible avec la démocratie. Elle rassemble des dimensions des trois modernités précédentes, celle de l'Etre, la Foi et la Raison.

(...)

Si on n'entreprend pas ce changement démocratiquement, bien des dimensions de l'altermodernité surgiront sous des formes totalitaires de la modernité. L'altruisme sera alors caricaturé par des sectes et des dictatures, qui prendront le pouvoir et imposeront leurs lois totalitaires au nom de la fraternité.

Etc... »"



Bref, l'idée ici est de s'interroger non seulement sur la pertinence de cet approche prospective mais aussi (et surtout) d'imaginer les inflexions souhaitables du système actuel dans ses dimensions : Politiques (systèmes et règles de gouvernance, structures et périmètres des institutions),
Ethiques
Sociales
...

A vous lire


* Très bon n° de la Revue « Cités » N°55 sur le transhumanisme


Civilisation


14 commentaires
 

19.12.2013 - 10h12
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10.12.2012 - 22h45
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