Messages et articles de kilbith
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04.11.2012 - 12h29   

Tu as parfaitement raison, xo.

Il ne faut pas oublier que nous sommes des animaux sociaux avant tout, et que nous avons pu survivre, évoluer nos cerveaux et faire évoluer nos techniques grâce à la coopération, fut un temps où le capitalisme était encore loin d'exister et qu'il s'est empressé d'inhiber dès sa forme "moderne".

Ce survivalisme là que nous pointons du doigt, est une mutation idéologique post-capitaliste où l'individualisme et la déshumanisation violente en sont les piliers peu pérennes.

Il faut ré-apprendre à avoir une conscience de groupe lié au monde vivant, axé sur la création (au sens large → néguentropie) plutôt qu'à la destruction (entropie).

04.11.2012 - 11h18   

Je suis de loin ce concept de survivalisme. L'idée d'autonomie, de résilience est intéressante. Ce qui me parait pas crédible du tout c'est :

- la tendance au retranchement individualiste, méfiant;
- le surarmement, tendance parano-militarisé, avec plusieurs calibres de guerre et un équipement des Forces Spéciales pour faire face à des hordes d'assaillants;
- la surbabondance de kits de matos (souvent incohérents avec la réalité). Trop de pignolage sur la con-sommation (surtout les calibres), peu de réflexions de fond sur des techniques moins sexy comme la permaculture, le DIY et/ou des stratégies d'organisations collectivistes locales;
- jouer sur la peur, amplifier les potentiels de risques pour vendre et faire vendre.

En bref : beaucoup de testostérone et de €$£ utilisés, au détriment des neurones.

J'ajouterais que ce mouvement survivaliste semble suivre +/- ouvertement de près l'idéologie d'extrême-droite, et de Soral. Quelques recherches sur le web suffiront pour s'en convaincre aisément.

Il va sans dire que je pense à Piero San Giorgio dans l'énumération de ces faits graveleux... mais ça n'engage que moi.

24.08.2012 - 11h04   
Les JO vus par un philosophe de l'anti-sport


source: jeux-olympiques-in-et-out.blogs.nouvelobs.com

Que racontent ces Jeux olympiques de Londres ?

- Il y a au moins cinq grandes caractéristiques dans ces JO qui confortent notre critique du sport.

La première est l'indécence de la gabegie olympique. Ces jeux devaient être ceux des économies. Au final, le budget a été multiplié par cinq. Et ce sont les contribuables anglais qui vont payer la note. Par ailleurs, tous les économistes savent que ces JO ne rapporteront rien. C'est un choix de société entre 15 jours d'opulence pour une dizaine de milliers de machines musculaires, qui ne produisent aucune richesse pour la société, ou des emplois dignes de ce nom pour 4 millions de personnes.

Bref, ces Jeux démontrent que le sport est en collusion directe avec le capital transnational dont la seule ambition est le profit.

Deuxième caractéristique : Derrière ce spectacle pompier pour grands gamins, il y a un affairisme mafieux. Je m'appuie sur le travail de Jacques Soppelsa, professeur de géopolitique à la Sorbonne, qui dans un article publié dans "Le Monde" écrit que ces jeux de Londres sont ceux du crime organisé autour des paris truqués, de la vente de billets et de produits dopants et de tractations frauduleuses entre partenaires de l'olympisme. Les Jeux sont un eldorado pour le capitalisme prédateur, mais aussi pour les mafias. Le CIO est parfaitement au courant de ces pratiques. En ce sens, il y participe.

Troisième caractéristique : on assiste aux premiers Jeux "Big Brother". Derrière la fête olympique, il y a un quadrillage militaro-policier de l'espace public quotidien. Une caméra pour 16 personnes. Un agent de sécurité pour 5 athlètes, 40.000 militaires et policiers, la défense aérienne et maritime sur le pied de guerre sans compter les milices olympiques qui veillent au respect des droits labellisés JO. Même l'oeil de la mascotte, qui prend la forme d'un cyclope, est un objectif de caméra !

Cette privation de liberté est rendue possible par cet élan populaire soi-disant lié au sport. En toute autre circonstance - le terrorisme par exemple - cela aurait provoqué l'indignation des associations de défense des droits de l'homme et des libertés individuelles, mais dès qu'il s'agit de la foire olympique, c'est l'union sacrée sportive et l'autocensure.

Quatrième caractéristique : ces Jeux sont les premiers à intégrer le voile islamique. Pour s'enrichir, le CIO a accepté la pression des pays du Golfe (Arabie saoudite en tête) et de l'Iran, bafouant au passage sa propre charte olympique qui
interdit les signes ostentatoires d'appartenance religieuse. Il s'agit pour les régimes islamistes d'imposer leur modèle de maltraitance des femmes sous prétexte de "relativisme culturel" au sein d'un symbole occidental - certes très contestable - d'universalité que sont censés représenter les Jeux. On voit bien là à quel point le CIO est prêt à se compromettre au nom de stratégies commerciales et politiques.

Enfin, ces jeux auront été ceux de la complicité directe du CIO avec la dictature syrienne. Au lieu de soutenir les athlètes syriens qui menaient campagne au risque de leur vie pour que la Syrie d'Assad soit privée JO, le CIO a admis la délégation d'athlètes officiels du régime syrien. Il est clair que la Russie qui organisera les JO 2014 et la Chine qui a organisée les JO 2008 ne sont pas pour rien dans cette diplomatie d'ennoblissement par l'olympisme de la dictature syrienne.

Ce tour d'horizon permet d'avoir un regard plus critique sur ces JO que celui que nous proposent la propagande olympique et les médias à sa botte.

20.08.2012 - 15h57   
Vieilles lois aux USA...


17.08.2012 - 17h34   

Petite piqûre de rappel :
Avant-propos : le but de ce sujet étant de lister ou débattre de tout ce qui a trait au transhumanisme, de la génétique à la robotisation, en parlant de faits solides (ou semblant solides) de préférence. − Kilbith

Merci de n'évoquer que très épisodiquement la fiction sous peine de perdre de vue l'essentiel et le but de ce sujet, à savoir l'avancée du transhumanisme par des faits réels plus ou moins solides

17.08.2012 - 08h26   

Sylvain a écrit:
Dans certains pays, le sentiment religieux est en net recul depuis le précédent sondage en 2005.

Voilà une belle preuve tangible d'évolution ...

Mais je trouve la catégorie "personne non religieuse", très mal choisie. Il aurait été préférable de dire : "avec un attrait pour la spiritualité" (au sens large comme libertaire).

16.08.2012 - 10h09   
Les super soldats US du futur seront des transhumains génétiquement modifiés


source: crashdebug.fr

Le futur de la guerre va avoir un visage de plus en plus démentiel, le projet de recherche de « super soldat » sur lequel la DARPA (Defense Advanced Research Project Agency) travaille en ce moment même est différent de tout ce que nous avons vu avant. Si la Darpa réussit et si le peuple américain n'a pas d'objections, les soldats du futur seront des transhumains génétiquement modifiés, capables d'exploits surhumains. Voulez-vous un soldat qui puisse courir plus rapidement que Usain Bolt ? La DARPA travaille sur ça ? Voulez-vous un soldat qui n'a pas besoin de nourriture ou de sommeil pendant des jours ? La DARPA travaille sur ça ? Voulez-vous un soldat qui puisse avoir des membres perdus qui se régénèrent ? La DARPA travaille sur ça. Voulez-vous un soldat qui puisse soulever des poids d'haltérophiles olympiques et qui puisse communiquer par télépathie ? La DARPA travaille sur ça.

Les Américains vont en troupeau voir des films de super héros et de mutants, mais bientôt ils pourraient avoir réellement dans le concret des « super héros » et des « mutants » combattants dans leurs guerres pour eux. Mais à quel coût ?...

Un article récent du [LINK=http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-2187276/U-S-Army-Soldiers-able-run-Olympic-speed-wont-need-food-sleep-gene-technology.html]Daily Mail[/LINK] détaille beaucoup des projets étranges sur lesquels la DARPA travaille en ce moment même. Le fait même que la DARPA ait autorisé à ces projet d'être dévoilés dans les médias de masse, signifie probablement que l'étape de développement est presque finie, et qu'ils sont prêts à essayer de convaincre un public hésitant de les accepter....

[I]Les soldats de demain pourront courir à des vitesses olympiques, et pourront aller pendant des jours, sans nourriture ou sommeil, si les nouvelles recherches dans les manipulations génétiques sont fructueuses.[/I]

[I]Selon les prévisions de l'armée américaine, à l'avenir, leurs soldats pourront porter des poids énormes, vivre de leur gros magasin, pendant des périodes prolongées, et même régénérer des membres soufflés par des bombes distantes.[/I]

[I]Les plants ont été révélés par le romancier Simon Conway, qui a eu accès à l'arrière-scène de l'Advanced Research Projects Agency du Pentagon.[/I]

Alors comment est-ce possible ?

Comment pouvez-vous modifier génétiquement un humain pour pouvoir avoir ces capacités ?

Un article différent du Daily Mail [LINK=http://www.dailymail.co.uk/news/article-2181873/Genetically-modified-athletes-Forget-drugs-There-suggestions-Chinese-athletes-genes-altered-make-stronger.html?ito=feeds-newsxml]expliquait récemment basiquement comment cela fonctionne[/LINK]

[I]La plupart des [/I][I]techniques de modification de gène impliquent de placer l'ADN génétiquement modifié à l'intérieur d'un virus et de l'injecter dans le corps humain. Le virus entre alors dans les cellules humaines, et son ADN modifié s'attache à l'ADN humain à l'intérieur de ces cellules.[/I]

Quand vous vous arrêtez et que vous réfléchissez à propos de ce type de technologie, et ses implications, cela vous fait littéralement tituber...

Est-ce que les virus pourraient être utilisés pour modifier génétiquement l'humanité à une large échelle ?

Comment le reste de l'humanité répondrait à une « super race » de mutants qui serait clairement « supérieure » au reste de nous tous dans un tas de différentes façons ?

Quand vous commencez à jouer avec la création vous ouvrez une boîte de Pandore.

Les possibilités sont infinies mais ainsi sont les problèmes potentiels.

Juste parce que nous [B]pouvons[/B] faire quelque chose, cela ne veut pas dire que nous [B]devrions[/B], il peut y avoir des décennies de conséquences en bas de la route que nous ne pouvons pas même concevoir en ce moment.

D'autres projets de « super soldat » sur lesquels la DARPA travaille en ce moment impliquent des technologies avancées et de la robotique plutôt que des modifications génétiques.

Par exemple, la DARPA développe des casques qui permettraient à nos soldats de [LINK=http://www.dailymail.co.uk/debate/article-2096522/The-singularity-Mind-blowing-benefits-merging-human-brains-computers.html#ixzz1qFG6QO7r]communiquer par télépathie[/LINK]...

[I]Plus récemment le programme Silent Talk de la DARPA a exploré des technologies de lecture dans la pensée avec des dispositifs qui peuvent capter les signaux électriques à l'intérieur du cerveau des soldats pour les envoyer sur internet.[/I]

[I]Avec ces implant des armées entières seront capables de parler sans radio, les ordres bondiront instantanément dans la tête des soldats et les voeux des commandants deviendront les voeux de leurs hommes.[/I]

Je ne sais pas pour vous, mais je voudrais que personne ne puisse lire mes pensées, ou me rayonne des ordres directement dans mon cerveau.

La DARPA travaille aussi sur des « exosquelettes » qui permettront aux soldats de soulever des poids incroyables sans se fatiguer, et effectuer d'autres tâches physiques qu'un simple soldat ne pourrait tout simplement pas effectuer.

30.07.2012 - 18h03   

Selon Laborit, il est une question de préservation biologique, chez le rat ou chez l'Homme, de "vider le cache" qu'engendre l'inhibition de l'action gratifiante dans une mauvaise situation où la fuite n'a pas été possible, ou par la frustration de sa remémoration. A savoir avec la lutte, l'agressivité.

Ce sujet a donc toute son importance mais gagnerait a être plus efficace si dirigé contre des objets et/ou des êtres faisant partie de sa propre "niche cognitive".


30.07.2012 - 14h12   
Pensées en vrac...

Je commence...



L'ennui.

Vil ennui auquel le système pressant fait la chasse. Une pure perte de temps improductive dans la doxa. En réalité, une condition noble voire nécessaire à un profond retour introspectif vers soi, un auto-entretien riche. Dangereux pour le système. Il n'en désire point.

L'ennui fait voguer dans l'océan de l'imagination, du hasard de la réflexion. Notre cerveau fonctionne très bien ainsi en mode "liberté". L'ennui est fondamentalement créateur et, ceci étant, ne laisse aucun temps de répit.

Alors, un conseil : pensez à vous ennuyer intensément...

Même Newton l'a constaté. Aïe ! une pomme.


...



A vos claviers. Pas trop longues (synthétisées), pas de copié-collé à la Mansan, ni débats à la mords-moi-le-noeud, juste vos petites pensées du moment

29.07.2012 - 10h23   

Pas de réactions ?

L'article est un poil long, certes, mais montre bien concrètement à quel point nous sommes dans un environnement de droits économiques tout-puissants, totalitariste et privatisé, au détriment limpide des libertés individuelles, de création et de partage notamment. Avec en outre la laideur de l'instrumentalisation humaine en publicités. Quand la fiction parvient à la réalité... très dangereux tout ça, forte dérive malveillante.

28.07.2012 - 23h55   
J.O. : propriété intellectuelle transformé en cauchemar cyberpunk...


source: scinfolex.wordpress.com

A première vue, il y a assez peu de rapports entre les Jeux olympiques de Londres et les univers dystopiques du cyberpunk, tel qu'ils ont été imaginés à partir des années 80 dans les romans de William Gibson ou de Bruce Sterling, à partir des premières intuitions de Philip K. Dick ou de John Brunner.

A bien y réfléchir cependant, le dopage - dont le spectre rôde sans surprise toujours sur ces jeux 2012 - est déjà un élément qui fait penser au cyberpunk, où les humains cherchent à s'améliorer artificiellement par le biais d'implants bioniques ou l'absorption de substances chimiques.

Mais c'est plutôt à travers la gestion des droits de propriété intellectuelle par le CIO que l'analogie avec le cyberpunk me semble la plus pertinente et à mesure que se dévoile l'arsenal effrayant mis en place pour protéger les copyrights et les marques liés à ces jeux olympiques, on commence à entrevoir jusqu'où pourrait nous entraîner les dérives les plus graves de la propriété intellectuelle.

Une des caractéristiques moins connues des univers cyberpunk est en effet la place que prennent les grandes corporations privées dans la vie des individus. L'article de Wikipédia explicite ainsi ce trait particulier :

Multinationales devenues plus puissantes que des États, elles ont leurs propres lois, possèdent des territoires, et contrôlent la vie de leurs employés de la naissance à la mort. Leurs dirigeants sont le plus souvent dénués de tout sens moral. La compétition pour s'élever dans la hiérarchie est un jeu mortel.

Les personnages des romans cyberpunk sont insignifiants comparativement au pouvoir quasi-divin que possèdent les méga-corporations : ils sont face à elles les grains de sable dans l'engrenage.


Dans les univers cyberpunk, les firmes privées les plus puissantes ont fini par absorber certaines des prérogatives qui dans notre monde sont encore l'apanage des Etats, comme le maintien de l'ordre par la police ou les armées. Les corporations cyberpunk contrôlent des territoires et les employés qui travaillent pour elles deviennent en quelque sorte l'équivalent de « citoyens » de ces firmes, dont les droits sont liés au fait d'appartenir à une société puissante ou non.

Pour les JO de Londres, le CIO est parvenu à se faire transférer certains droits régaliens par l'Etat anglais, mais les romanciers de la vague cyberpunk n'avaient pas prévu que c'est par le biais de la propriété intellectuelle que s'opérerait ce transfert de puissance publique.

Pour défendre ses marques et ses droits d'auteur, mais aussi être en mesure de garantir de réelles exclusivités à ses généreux sponsors comme Coca-Cola, Mac Donald's, Adidas, BP Oil ou Samsung, le CIO a obtenu du Parlement anglais le vote en 2006 d'un Olympics Game Act, qui lui confère des pouvoirs exorbitants. L'Olympics Delivery Authority dispose ainsi d'une armada de 280 agents pour faire appliquer la réglementation en matière de commerce autour des 28 sites où se dérouleront les épreuves et le LOCOG (London Organizing Committee) dispose de son côté d'une escouade de protection des marques, qui arpentera les rues de Londres revêtue de casquettes violettes pour s'assurer du respect de l'Olympics Brand Policy. Ils auront le pouvoir d'entrer dans les commerces, mais aussi dans les « locaux privés », et de saisir la justice par le biais de procédures d'exception accélérées pour faire appliquer des amendes allant jusqu'à 31 000 livres...

L'Olympics Game Act met en place une véritable police du langage, qui va peser de tout son poids sur la liberté d'expression pendant la durée des jeux. Il est par exemple interdit d'employer dans une même phrase deux des mots « jeux », « 2012?, Twenty Twelve », « gold », « bronze » ou « medal ». Pas question également d'utiliser, modifier, détourner, connoter ou créer un néologisme à partir des termes appartenant au champ lexical des Jeux. Plusieurs commerces comme l'Olympic Kebab, l'Olymic Bar ou le London Olympus Hotel ont été sommés de changer de noms sous peine d'amendes.

L'usage des symboles des jeux, comme les anneaux olympiques, est strictement réglementé. Un boulanger a été obligé d'enlever de sa vitrine des pains qu'il avait réalisés en forme d'anneaux ; une fleuriste a subi la même mésaventure pour des bouquets reprenant ce symbole et une grand-mère a même été inquiétée parce qu'elle avait tricoté pour une poupée un pull aux couleurs olympiques, destiné à être vendu pour une action de charité !

Cette règle s'applique aussi strictement aux médias, qui doivent avoir acheté les droits pour pouvoir employer les symboles et les termes liées aux Jeux. N'ayant pas versé cette obole, la chaîne BFM en a été ainsi réduite à devoir parler de « jeux d'été » pour ne pas dire « olympiques ». Une dérogation légale existe cependant au nom du droit à l'information pour que les journalistes puissent rendre compte de ces évènements publics. Mais l'application de cette exception est délicate à manier et le magazine The Spectator a été inquiété pour avoir détourné les anneaux olympiques sur une couverture afin d'évoquer les risques de censure découlant de cet usage du droit des marques. Cet article effrayant indique de son côté que plusieurs firmes anglaises préfèrent à titre préventif s'autocensurer et dire « The O-word » plutôt que de se risquer à employer le terme « Olympics« . On n'est pas loin de Lord Voldemort dans Harry Potter, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Dire-Le-Nom !

Le dérapage vers la censure, le CIO l'a sans doute déjà allègrement franchi. Le blog anglais Free Speech rapporte que les comptes Twitter d'activistes protestant contre la tenue des jeux à Londres ont été suspendus suite à des demandes adressées à Twiter, parce qu'ils contenaient dans leur nom les termes JO 2012. Des moyens exceptionnels de police ont aussi été mis en place pour disperser les manifestations et patrouiller dans plus de 90 zones d'exclusion. Plus caricatural encore, il n'est permis de faire un lien hypertexte vers le site des JO 2012 que si l'on dit des choses positives à leurs propos ! Même Barack Obama et Mitt Romney ont été affectés par la police du langage du CIO, qui a exigé pour violation du copyright que des vidéos de campagne faisant allusion aux JO soient retirées...

Pour les spectateurs qui se rendront dans les stades, le contrôle sera plus drastique encore et ils seront liés par des clauses contractuelles extrêmement précises, détaillées sur les billets d'entrée. Ces mesures interdisent par exemple de rediffuser des vidéos ou des photos sur les réseaux sociaux, afin de protéger les exclusivités accordées aux médias et là encore, des cellules de surveillance ont été mises en place pour épier des sites comme Twitter, Facebook, Youtube, Facebook ou Instagram.

No photography, please. We are british.

Les règles des jeux dicteront également aux spectateurs jusqu'à ce qu'ils doivent manger. Impossible par exemple d'échapper aux frites de Mac Donald's dans les lieux où se dérouleront les épreuves, ce dernier ayant obtenu une exclusivité sur ce plat, sauf comme accompagnement du plat national des fish'n chips pour lequel une exception a été accordée ! La propriété intellectuelle dictera également la manière de s'habiller, les autorités olympiques ayant indiqué qu'on pouvait tolérer que les spectateurs portent des Nikes alors qu'Adidas est sponsor officiel, mais pas qu'ils revêtent des T-Shirts Pepsi, dans la mesure où c'est Coca-Cola qui a payé pour être à l'affiche ! Pas le droit non plus d'apporter des routeurs 3G ou wifi sous peine de confiscation : British Telecom a décroché une exclusivité sur l'accès wifi et les spectateurs devront payer (mais uniquement par carte Visa, sponsor oblige !).

On pourrait encore multiplier ce genre d'exemples digne de Kafka, mais la démonstration me semble suffisamment éloquente. Ces Jeux de Londres nous font pleinement entrer dans l'âge cyberpunk. Un formidable transfert de puissance publique vers des firmes privées a été réalisé, en utilisant comme levier des droits de propriété intellectuelle. On mesure alors toute la force des « droits exclusifs » attachés aux marques et au copyright, dès lors qu'ils s'exercent ainsi de manière débridée, dans un environnement saturé de signes et de logos. Le Tumblr OpenOlymPICS documente la manière dont la ville de Londres s'est transformée avec l'évènement et comment les lieux se sont couverts d'allusion aux JO : ce sont autant de « marques » qui donne prise au pouvoir du CIO sur l'espace.

Cette propriété privé aboutit en fait bien à « priver » les citoyens de leurs libertés publiques pour les soumettre à la loi des corporations. Grâce à ces droits, ce sont des biens publics essentiels comme les mots du langage, l'information, l'espace urbain, les transports en commun, la gastronomie, les codes vestimentaires qui sont « privatisés ».

Le déclic qui m'a le plus fortement fait penser à l'univers cyberpunk, je l'ai eu lorsque nous avons appris qu'un athlète avait décidé de louer son épaule pour faire de la publicité sauvage pour des marques n'ayant pas versé de droits aux CIO par le biais d'un tatouage. Ce coureur a mis son propre bras aux enchères sur eBay et il s'est ainsi offert à une agence de pub' pour 11 100 dollars. On est bien ici dans la soumission d'un individu à une corporation et elle passe comme dans les romans cyberpunk par des modifications corporelles qui inscrivent cette vassalité dans la chair !

Tatouage cyberpunk, mais l'athlète avec la marque d'une firme sur le bras n'est pas encore plus représentatif de ce courant de la Science Fiction ?

Ces dérives sont extrêmement graves et elles dessinent sans doute les contours d'un avenir noir pour nos sociétés. Au cours de la lutte contre ACTA, SOPA ou PIPA, l'un des points qui a attiré le plus de critiques de la part des collectifs de lutte pour la défense des libertés était précisément le fait que ces textes transféraient à des opérateurs privés (FAI ou titulaires de droits) des pouvoirs de police pour faire appliquer les droits de propriété intellectuelle. C'est exactement ce que la Quadrature du net par exemple reprochait au traité ACTA, dans cette vidéo Robocopyright ACTA, qui détournait d'ailleurs un des films emblématiques de la culture cyberpunk.

Ce que le CIO a obtenu du gouvernement britannique dépasse très largement tout ce qui figurait dans ACTA ou SOPA en termes de délégation de puissance publique. J'ai encore du mal à le croire, mais dans cet article, on apprend même que le Ministre de la défense britannique prévoyait, à la demande des autorités olympiques, d'installer des batteries de missiles sur des toits d'immeubles d'habitation pour protéger des sites olympiques d'éventuelles attaques terroristes. Si ça, c'est pas cyberpunk !

Olympics 2012 London Missile Protest. Par OpenDemocraty. CC-BY-SA. Source : Flickr

Dans un article paru sur le site du Monde, Patrick Clastre, un historien spécialisé dans l'histoire des jeux indique que le degré de contrôle n'a jamais été aussi fort que pour ces jeux à Londres, bien plus en fait qu'il ne le fut à Pékin en 2008. Il ajoute que pour imposer ce type de règles, le CIO a besoin « d'une dictature ou d'un pays ultralibéral« .

Cette phrase est glaçante.

Imaginez un instant qu'un parti politique par exemple ait la possibilité de contrôler les médias, de mettre en oeuvre une censure, de lever une police privée, de faire fermer des commerces, d'imposer à la population des règles concernant la nourriture et l'habillement, etc. Ne crierait-on pas à la dérive fascisante et n'aurait-on pas raison de le faire ? Le niveau de censure et de contrôle exercé en ce moment à Londres est-il si différent de celui qui pesait sur les populations arabes avant leurs révolutions ?

Doit-on faire deux poids, deux mesures parce que des firmes et des marques sont en jeu plutôt qu'un parti ? En ce sens, je vois un certain parallèle entre ces jeux de Londres de 2012 et les funestes jeux de Berlin de 1936. On dira peut-être que je marque un point Godwin, mais en termes d'atteinte aux libertés publiques, est-on vraiment si éloigné de ce qui se passait en Allemagne durant l'entre-deux-guerres ?

La semaine dernière, Jérémie Nestel du collectif Libre Accès a écrit un billet extrêmement fort, intitulé « la disparition des biens communs cognitifs annonce une société totalitaire«. J'étais globalement d'accord avec son propos, même si je trouvais l'emploi du terme « totalitaire » contestable. Mais cet article comporte les passages suivants, qui font directement écho aux dérapages juridiques des Jeux Olympiques :

La volonté des multinationales de privatiser les biens communs cognitifs est une atteinte à la sphère publique. La sphère publique, jusqu'à présent désignée comme un espace ouvert accessible à tous, au sein duquel on peut librement circuler, peut s'étendre aux espaces cognitifs. [...]

Empêcher la transformation d'une oeuvre, et crèer artificiellement une frontière au sein « des espace communs de la connaissance » est un acte propre à une société totalitaire.<.I>

Les règles mises en place par le CIO pour protéger ses droits de propriété intellectuelle portent gravement atteinte à la sphère publique et elles aboutissent à la destruction de biens communs essentiels. Hannah Arendt explique très bien que le totalitarisme opère en détruisant la distinction entre la sphère publique et la sphère privée. Dans le cas des fascismes d'entre-deux-guerres ou du stalinisme, c'est la sphère publique qui a débordé de son lit et qui a englouti la sphère privée jusqu'à la dévorer entièrement.

Les dérives de la propriété intellectuelle que l'on constate lors de ces jeux olympiques fonctionnent en sens inverse. C'est cette fois la sphère privée qui submerge l'espace public et le détruit pour le soumettre à sa logique exclusive. L'effet désastreux sur les libertés individuelles est sensiblement identique et c'est précisément ce processus de corruption qu'avaient anticipé les auteurs du Cyberpunk, avec leurs corporations souveraines.

A la différence près qu'ils n'avaient pas imaginé que ce serait la propriété intellectuelle qui serait la cause de l'avènement de ce cauchemar...

Ne croyons pas en France être à l'abri de telles dérives. Tout est déjà inscrit en filigranne dans nos textes de lois. Le Code du Sport prévoit déjà que les photographies prises lors d'une compétition appartiennent automatiquement aux fédérations sportives, ce qui ouvre la porte à une forme d'appropriation du réel. A l'issue de l'arrivée du Tour de France, des vidéos amateurs ont ainsi été retirées de Youtube à la demande de la société organisatrice du Tour, avec l'accord du CSA, qui dispose en vertu d'une autre loi du pouvoir de fixer les conditions de diffusion de ce type d'images. Et les compétences de cette autorité s'étendent aux manifestations sportives, mais plus largement « aux évènements de toute nature qui présentent un intérêt pour le public« ...

Réagissons avant qu'il ne soit trop tard et refusons ces monstruosités juridiques !

27.07.2012 - 23h21   

Sylvain a écrit:
la convergence des pays vers un modèle unique, celui du libéralisme et d'une "gouvernance mondiale", c'est à dire in fine un gouvernement mondial sous le contrôle des multinationales et des banques.

Je vois pas comment. Fin / raréfaction du pétrole et goulot d'étranglement par la disproportion "niveau de ressources (outre leurs appauvrissements) / demande".

Pour le reste, le temps leur donnera tort Je l'espère. Le gouvernement et le libéralisme tendent à la centralisation, du pouvoir, des richesses, des moyens de production. Nous entrons dans l'ère de la décentralisation, on en a déjà de multiples preuves concrètes (Internet, logiciels libres, réseaux locaux d'entraide, permaculture, Do It Yourself, ...).

Du balais, Rockefeller. Vous appartenez déjà au vieux monde.

25.07.2012 - 09h24   
L'ADN, nos ancêtres et nous

Superbe documentaire, profitez-en ! c'est dispo que 7 jours : http://videos.arte.tv/fr/videos/l_adn_nos_ancetres_et_nous-6819794.html

Couleur de peau, forme du visage, taille... : nos différences physiques sautent aux yeux. Pourtant, la science a prouvé que deux individus pris au hasard sur la planète présentent un matériel génétique identique à 99,9 %. Si on compare l'homme à la levure, on observe cette fois 30 à 40 % de similitudes entre les génomes. Qui aurait cru que nous étions si proches, génétiquement parlant, d'un banal champignon ?

Comme le rappellent les scientifiques, l'explication réside dans l'apparition, il y a près de quatre milliards d'années, de notre ancêtre commun : le premier organisme vivant né dans l'eau des océans. À partir d'études comparatives sur l'ADN, les chercheurs peuvent désormais déterminer à quel moment a eu lieu la divergence entre deux espèces. Mais surtout, ils sont en mesure de retracer, avec une précision impressionnante, l'histoire de l'humanité. Ils ont ainsi établi que la population mondiale descend d'un petit groupe de 10 000 individus, contenant toute la diversité génétique actuelle. Ce groupe ancestral, formé il y a 200 000 ans en Afrique, a colonisé kilomètre par kilomètre l'Asie et l'Europe - où contrairement à ce qu'on pensait, il s'est mélangé avec Neandertal, puis le reste de la planète et les corps se sont peu à peu différenciés pour s'adapter aux spécificités, notamment climatiques, des nouveaux territoires occupés.

25.07.2012 - 00h15   

Tout à fait Sylvain.

On est dans le même cas de figure révolu de l' "Inde" / empire Britannique, mais à échelle globalisée. La non-violence est la stratégie la plus noble pour ce qui est de faire naître chez l'autorité un sentiment de culpabilisation, et la conviction de la justesse de l'affront mené au système, par le courage et la persévérance des griefs exprimés.

Nous avons déjà assisté à des bribes de désobéissance, de révolte, ou du moins un malaise parmi l'armée et les forces de l'ordre intérieures, aux USA comme en Europe, et ce depuis des années. On dirait que ça s’accélère.

Ce sont des humains et des citoyens leurrés, aussi. Ils peuvent capter la réalité des faits. Il faut s'attendre, je l'espère, à une rupture nerveuse entre la tête décisionnelle (politique - économique) et son bras armé, et là je vous promets presque que la révolution d'une nouvelle ère sociale se catalysera. Et la fin du pouvoir centralisé, et du jeu de Monopoly

24.07.2012 - 19h04   
Auto-sabotage chez les policiers espagnols !

L'info est magnifique : 100 fourgonnettes de CRS espagnols ont été saboté en interne pour éviter d'aller taper sur les Indignés

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