Au vu des récentes manifestations de révolte en Tunisie, en Egypte et en Algérie, il serait bon, je pense, de faire un récapitulatif un peu détaillé de l'histoire des révoltes et des révolutions. Ceci pour montrer que à la question "qui sommes nous?", il faut répondre : des révolutionnaires ! Ce après quoi nous rebondirons sur les évènements actuels au Maghreb et au Proche-orient dans un autre sujet.
Premières Révoltes et Révolutions : de l'Antiquité romaine au XVIe
La révolution est un terme dont on abuse souvent. En effet, on confond révolution et révolte. Cette dernière se définit par l'expression d'une réaction face à toute forme d'injustice ou d'oppression. La révolte cherche avant tout un rétablissement de la justice et la reconnaissance des droits par le pouvoir en place. Alors que la révolution a pour but premier de renverser un régime politique pour le remplacer par un autre, que ce soit pour changer un ordre social ou pour émanciper un nation d'une puissance étrangère. Les facteurs sociaux et nationaux sont souvent mêlés et par ailleurs, une révolte peut se changer en révolution.
Les frères Gracchus (les Gracques)
source : La Grande Encyclopédie du Monde, édition Rouge et Or, page 376, Révolutions.
L'une des plus anciennes révolutions sociales tentées est celle menée par les frères Gracchus à Rome, au IIe siècle avant notre ère. Tiberius et Caius voulaient réformer l'agriculture selon un vaste plan, et accorder la citoyenneté à tous les habitants de l'actuelle Italie. Ce projet fut maté par la classe dirigeante (certainement les patriciens) et Caius fut tué avec ses partisans en -121.
source : http://mythologica.fr/rome/bio/gracques.htm
GRACCHUS (Tiberius Sempronius), tribun romain, le premier des Gracques, né en 160 avant notre ère, mort en -133, Tiberius donna de bonne heure les plus grandes espérances.
Il assista à la prise de Carthage, fut questeur en Espagne (-137), sauva l'armée romaine commandée par le consul Mancinus, Il fut nommé tribun en 133. Conscient du mal que causait l'extension exagérée des grands domaines (latifundia), il proposa une loi agraire qui interdisait de posséder plus de cinq cents jugera ( soit 126 hectares) de terres publiques, accordait aux occupants évincés une indemnité, laissait en sus 250 jugera par fils, instituait une commission chargée de veiller à l'exécution de la loi. Les riches décidèrent un tribun, Octavius, à opposer son veto à la loi. Tiberius riposta en suspendant le cours de la justice et de toutes les affairés publiques. Octavius ne cédant pas, il fit voter par le peuple la déchéance des tribuns, illégalité qui lui aliéna les modérés. La loi passa cependant. D'autres propositions démocratiques suivirent ce succès. Tiberius, menacé et calomnié, sentit que l'inviolabilité d'un second tribunat était nécessaire à sa sûreté. Le vote fut interrompu par des violences, Le lendemain, Tiberius, ne pouvant se faire entendre, porta les mains à sa tête pour montrer que sa vie était menacée. On s'écria qu'il demandait une couronne. Nobles et chevaliers se précipitèrent au Capitole. Tiberius fut tué avec trois cents de ses partisans, son cadavre jeté dans le Tibre, Des exécutions et des proscriptions suivirent ces scènes de violences.
GRACCHUS (Caius Sempronius) , tribun du peuple, frère du précédent (-152 à -121), Il reprit l'œuvre de son frère, et tenta sans succès de faire appliquer la loi agraire. Nommé questeur en -126, on le retint trois ans en Sardaigne. Revenu malgré la loi, Il fut élu tribun triomphalement, en -128, compléta la loi agraire en faisant voter l'établissement de colonies, en particulier à Carthage, et entretint sa popularité en réclamant le droit de cité pour les Italiens et en proposant une loi frumentaire.
Pour ruiner la puissance des grands, il fit transférer le pouvoir judiciaire des sénateurs aux chevaliers, et réforma le mode des élections, Pour se défendre, l'aristocratie gagna le tribun Livius Drusus qui à chaque proposition démocratique de Caius répondit par une autre plus démocratique. La popularité de Caius baissa. On réussit à l'éloigner en l'envoyant fonder la colonie de Carthage. Au retour il échoua dans sa candidature à un troisième tribunat. Le consul Opimius entreprit de faire abroger ses lois et commença par la moins populaire, celle qui relevait Carthage de ses ruines, comme entachée de sacrilège. Caius voulut la défendre par la violence, mais ne fut pas suivi et fut réduit à se donner la mort. Son cadavre fut jeté au Tibre, son nom maudit, et trois mille de ses partisans périrent après lui.
Spartacus et les gladiateurs
source : http://www.dinosoria.com/gladiateur.htm
L’exploitation massive des prisonniers asservis au cours des guerres, de plus en plus nombreux et de plus en plus maltraités, crée une situation dangereuse qui finit par aboutir à la révolte. Les esclaves mènent des « guerres serviles ». La plus longue et la plus sanglante de ces révoltes éclate en 73 avant notre ère. Menée par Spartacus, cette guerre durera 2 ans.
S’évadant de son école de gladiateurs à Capone avec une trentaine de ses compagnons, Spartacus appelle aussitôt les esclaves des grands domaines agricoles à se révolter.
Suivi de près de 7 000 hommes, qu’il organise militairement, ce gladiateur thrace se retranche sur le Vésuve. Grossissant de jour en jour, sa troupe ravage fermes, bourgs et villes en Campanie et en Italie du Sud. Marchant ensuite vers le nord, sans doute pour rentrer chez eux, ils détruisent au passage l’armée de Lentulus. Les rebelles ne résistent pas à l’attrait du pillage et malgré l’avis de Spartacus, ils rebroussent chemin et ravagent de nouveau l’Italie.
Mais, traqués par Licinius Crassus, Spartacus et ses hommes décident de fuir par la mer. Ils sont trahis par les pirates qui devaient les emmener. L’affrontement commence alors. Blessé gravement à la cuisse au début des combats, Spartacus continue à combattre à genoux, jusqu’à sa mort. Toute son armée est massacrée.
Les Eduens
source : http://62.193.252.175/index.php?option=com_content&view=article&id=96&Itemid=55
Les Eduens, considérés déjà depuis longtemps comme 'frères du peuple romain', disposaient d'importants privilèges. Lors de la fondation d'Augustodunum, sous l'empereur Auguste, ses habitants bénéficiaient du droit de ne pas payer certains impôts. Or en 21, Tibère, son successeur, décida de rétablir l'impôt de certaines villes gauloises dont Augustodunum.
Un soulèvement fut alors organisé par Julius Sacrovir, un Eduen romanisé. Après avoir fait fabriquer des armes en secret, il organisa ses troupes qui regroupaient des habitants mécontents de la décision de Tibère, des étudiants - au Ier siècle, Augustodunum était devenue une ville universitaire de Gaule - et des gladiateurs entraînés dans une école de la ville. D'après Tacite, auteur latin, les troupes de Sacrovir comptaient 40 000 hommes.
La bataille se tint près d'Augustodunum, peut-être près d'Epinac et s'avéra être un véritable carnage pour les troupes de Sacrovir qui furent anéanties. Sacrovir, quant à lui, réussit à se sauver avec quelques rescapés, s'enferma dans sa villa où il se suicida. Ses compagnons s'entretuèrent après avoir mis le feu à la ville.
Vers 70, un autre soulèvement eut lieu. Il fut dirigé par un dénommé Marric, originaire du peuple des Boïens, voisins des Eduens. Celui-ci regroupa 8 000 paysans, se rendit à Augustodunum et essaya de rallier les habitants à sa cause. Cette fois-ci, la population n'accepta pas de se révolter. Le chef romain Vitellius fit prisonnier Marric et l'envoya à Lyon où il fut mis à mort. Après cet épisode, la ville vécut dans le calme durant de nombreuses années.
Au Moyen-Âge, de nombreuses révoltes paysannes ont eu lieu (en France notamment, les « jacqueries »). Ces révoltes s'étendaient à travers l'ensemble de l'Europe mais aucune n'a vraiment fonctionné.
La Grande Jacquerie
source : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=13580521
« Le 21 mai 1358, cent paysans du Beauvais s'attaquent aux châteaux de leur région, violant et tuant les habitants, brûlant les demeures. Leur révolte s'étend très vite à la paysannerie du bassin parisien. C'est la plus grande des «jacqueries» qui ont ensanglanté les campagnes françaises au Moyen Age. Ces révoltes sont ainsi nommées d'après l'appellation de Jacques ou Jacques Bonhomme donnée aux paysans.
Les révoltés figurent parmi les paysans aisés de l'une des régions les plus riches d'Europe.
Depuis l'épidémie de peste qui a ravagé l'Occident dix ans plus tôt, ils sont en situation de mieux faire valoir leurs droits car les seigneurs sont partout en quête de main-d'œuvre pour remettre en culture les terres abandonnées.
La Grande Jacquerie survient peu après que les chevaliers français aient été écrasés par les Anglais à Poitiers. Le roi est prisonnier à Londres tandis que Paris est sous la coupe d'Étienne Marcel, le prévôt des marchands.
Les paysans ne supportent pas que les nobles, qui ont lâchement fui devant les Anglais, fassent maintenant pression sur eux pour leur extorquer de nouvelles taxes.
Ceux-ci n'en écrasent pas moins les Jacques à Clermont-sur-Oise le 10 juin 1358. Les chefs des révoltés sont impitoyablement torturés et exécutés. En dépit de ce drame, les révoltes paysannes se renouvelleront les années suivantes, notamment en Angleterre, en 1381, avec Wat Tyler, et en Hongrie. »
A part peut-être celle de War Tyler en Angleterre, au XIVe siècle. Celui-ci souleva les paysans anglais et marcha sur Londres.
Wat Tyler
source : http://www.gauchemip.org/spip.php?article4610
« 15 juin 1381 : Wat Tyler est assassiné. La révolution populaire de Londres échoue
Depuis 1337, la "Guerre de Cent Ans" oppose le roi d’Angleterre au roi de France. Après une période faste pour les troupes anglaises entre 1346 (bataille de Crécy) et 1356 (bataille de Poitiers), les armées royales françaises de Charles V et Du Guesclin chassent leurs ennemis de tout le territoire continental sauf quelques ports (Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux).
S’appuyant sur un royaume trois fois moins peuplé que la France, le roi d’Angleterre fait payer la guerre à ses sujets par de lourds impôts, particulièrement aux dépens des paysans, artisans, employés ( le Statut des travailleurs de 1351 bloque les salaires).
Les combats pour la Succession royale de Castille et en Aquitaine de 1369 à 1375 coûtent particulièrement cher. En 1376, les Communes (représentantes d’un essor urbain déjà significatif) mettent en cause les choix militaires du souverain ainsi que les privilèges du clergé ; ils déclenchent ainsi une crise politique. cependant, les tensions sociales sont encore plus fortes dans les milieux populaires confrontés aux mauvaises récoltes et une forte hausse des prix.
En 1380, le Parlement vote la levée d’une poll tax sur tous les hommes de 15 ans et plus (4 livres pour les plus riches, 4 pences pour les pauvres). Cela accroît la charge fiscale de 65% par rapport à 1376.
La révolte explose en mai 1381 dans l’Essex (Est de Londres) et le Kent (Sud de Londres). Elle se répand assez rapidement dans 16 comtés sur 37, particulièrement le Norfolk et Suffolk (Nord de Londres), de même que les Midlands (Birmingham). La capitale connaît un paroxysme du mouvement vers la mi-juin.
Les historiens sont d’accord sur la base sociale essentiellement pauvre sinon misérable de ce soulèvement : serfs, petits artisans, tenanciers, travailleurs. Les chefs les plus connus sont eux-mêmes issus de ces milieux (Wat Tyler, Jack Straw, Geoffrey Lister...).
Sheriffs, percepteurs, abbayes, châteaux et parfois maisons de riches bourgeois détestés font les frais de la jacquerie des croquants. Parmi les revendications, notons le refus de la poll tax et l’exigence de chartes d’affranchissement pour les serfs.
Le 11 juin 1381, 60000 rebelles (peut-être 100000) parviennent à Londres en provenance de l’Essex et du Kent. Le 12, ils campent sur la colline de Blackheath. Le 13, des bandes parcourent la capitale, pillant des palais et établissements religieux, ralliant à eux les milieux populaires urbains.
Le 14, le Roi négocie et fait plusieurs promesses dont l’abolition du servage. Qui conduit la délégation des insurgés ? Wat Tyler. C’est un ancien valet d’armes qui a combattu en France avant de revenir comme paysan. Un jour, un percepteur se présente chez lui et entreprend de violer sa fille de 15 ans. Tyler le tue à coups de marteau mais devient inévitablement un hors la loi. Au printemps 1381, les paysans du Kent l’élisent à leur tête.
Le 15, Tyler doit avoir une nouvelle entrevue avec le Roi mais il est rapidement assassiné par l’escorte de celui-ci (dont le maire de Londres). La délégation royale berne alors le reste de la délégation sur les raisons de la mort de leur chef et sur le fait que les promesses (dont l’affranchissement) seront tenues. Les insurgés acceptent de quitter Londres. En fait, l’armée levée par Robert Knowles les attend à la sortie de la ville. Beaucoup sont exterminés sur place.
Clergé, noblesse, bourgeoisie urbaine, grands propriétaires ruraux sont ragaillardis par ce carnage et passent à la contre-offensive. Les différents soulèvements locaux sont alors écrasés et les promesses comme l’abolition du servage oubliées. Des milliers de paysans sont encore massacrés. Un dirigeant comme John Ball est pendu et écartelé. »
Une autre grande révolte paysanne du Moyen-Âge a eu lieu au XVIe siècle, par des paysans allemands. Cette révolte engendrée principalement par la misère et le rêve d'un ordre social égalitaire (issu des courants les plus radicaux du Protestantisme), dura 2 ans (1524-1526) avant de s'écraser sous une répression épouvantable entraînant la mort de 100 000 individus. On retient aujourd'hui l'appellation de « guerre des Paysans » pour désigner cette tentative de révolution sociale.
La guerre des paysans allemands : 1525
Voici un extrait d'une longue série de documentation sur cette révolte des paysans allemands :
source : http://membres.multimania.fr/jpmarat/febkf.html
« III Précurseurs de la guerre des paysans entre 1476 et 1517
Cinquante ans environ après la répression du mouvement hussite, se manifestèrent les premiers symptômes de l'esprit révolutionnaire qui germait chez les paysans allemands.
C'est dans l'évêché de Wurzbourg, région que la guerre des hussites, « les mauvais gouvernements, les nombreux impôts, les taxes, les dissensions, les hostilités, la guerre, l'incendie, le meurtre, la prison, etc. » avaient déjà appauvrie et que continuellement les évêques, les prêtres et les nobles pillaient sans vergogne, qu'éclata en 1476 la première révolte paysanne. Un jeune berger et musicien, Hans Böheim de Nicklashausen, appelé également Jean le Timbalier et Jean le Joueur de fifre, entra subitement en scène comme prophète dans la vallée de la Tauber. Il racontait que la Vierge Marie lui était apparue et qu'elle lui avait ordonné de brûler son tambourin, de cesser de s'adonner à la danse et aux autres plaisirs coupables, et d'exhorter au contraire le peuple à la pénitence. Chacun devait renoncer à ses pêchés et aux vanités de ce monde, quitter toute parure et tout ornement, et se rendre en pèlerinage auprés de la Vierge, à Niklashausen, pour obtenir le pardon de ses pêchés.
Nous trouvons déjà ici, chez le premier précurseur du mouvement, cet ascétisme que nous rencontrons dans toutes les révoltes teintées de religion du moyen âge, ainsi que dans les temps modernes au début de chaque mouvement prolétarien. Cette rigueur de moeurs ascétique, cette exigence de renonciation à toutes les jouissances et à tous les plaisirs de l'existence établissent d'une part, en face des classes dominantes, le principe de l'égalité spartiate, et constituent d'autre part une étape de transition nécessaire, sans laquelle la couche inférieure de la société ne peut jamais se mettre en mouvement. Pour développer son énergie révolutionnaire, pour acquérir une conscience claire de sa position hostile à l'égard de tous les autres éléments de la société, pour se concentrer elle-même en tant que classe, elle doit commencer par rejeter tout ce qui pourrait la réconcilier avec le régime social existant, renoncer aux rares plaisirs qui lui font encore momentanément supporter son existence opprimée, et que même l'oppression la plus dure ne peut lui arracher. Cet ascétisme plébéien et prolétarien se distingue absolument par sa forme farouchement fanatique comme par son contenu, de l'ascétisme bourgeois, tel que le prêchaient la morale bourgeoise luthérienne et les puritains anglais (à la différence des indépendants et des sectes plus avancées), et dont tout le secret réside dans l'esprit d'épargne bourgeois. Il va d'ailleurs de soi que cet ascétisme plébéien et prolétarien perd son caractère révolutionnaire au fur et à mesure que, d'une part, le développement des forces de production modernes multiplie à l'infini les objets de jouissance, rendant ainsi superflue l'égalité spartiate, et que, d'autre part, la situation sociale du prolétariat, et par conséquent le prolétariat lui-même, deviennent de plus en plus révolutionnaires. Cet ascétisme disparaît dès lors peu à peu dans les masses et se perd dans les sectes qui s'y obstinent, soit directement dans la ladrerie bourgeoise, soit dans une emphatique chevalerie de la vertu, qui en pratique aboutit également à une avarice de petits bourgeois ou d'artisans bornés. Il est d'autant moins nécessaire de prêcher la renonciation à la masse des prolétaires qu'ils ne possèdent presque plus rien à quoi ils puissent encore renoncer. »
Premières Révoltes et Révolutions : de l'Antiquité romaine au XVIe
La révolution est un terme dont on abuse souvent. En effet, on confond révolution et révolte. Cette dernière se définit par l'expression d'une réaction face à toute forme d'injustice ou d'oppression. La révolte cherche avant tout un rétablissement de la justice et la reconnaissance des droits par le pouvoir en place. Alors que la révolution a pour but premier de renverser un régime politique pour le remplacer par un autre, que ce soit pour changer un ordre social ou pour émanciper un nation d'une puissance étrangère. Les facteurs sociaux et nationaux sont souvent mêlés et par ailleurs, une révolte peut se changer en révolution.
Les frères Gracchus (les Gracques)
source : La Grande Encyclopédie du Monde, édition Rouge et Or, page 376, Révolutions.
L'une des plus anciennes révolutions sociales tentées est celle menée par les frères Gracchus à Rome, au IIe siècle avant notre ère. Tiberius et Caius voulaient réformer l'agriculture selon un vaste plan, et accorder la citoyenneté à tous les habitants de l'actuelle Italie. Ce projet fut maté par la classe dirigeante (certainement les patriciens) et Caius fut tué avec ses partisans en -121.
source : http://mythologica.fr/rome/bio/gracques.htm
GRACCHUS (Tiberius Sempronius), tribun romain, le premier des Gracques, né en 160 avant notre ère, mort en -133, Tiberius donna de bonne heure les plus grandes espérances.
Il assista à la prise de Carthage, fut questeur en Espagne (-137), sauva l'armée romaine commandée par le consul Mancinus, Il fut nommé tribun en 133. Conscient du mal que causait l'extension exagérée des grands domaines (latifundia), il proposa une loi agraire qui interdisait de posséder plus de cinq cents jugera ( soit 126 hectares) de terres publiques, accordait aux occupants évincés une indemnité, laissait en sus 250 jugera par fils, instituait une commission chargée de veiller à l'exécution de la loi. Les riches décidèrent un tribun, Octavius, à opposer son veto à la loi. Tiberius riposta en suspendant le cours de la justice et de toutes les affairés publiques. Octavius ne cédant pas, il fit voter par le peuple la déchéance des tribuns, illégalité qui lui aliéna les modérés. La loi passa cependant. D'autres propositions démocratiques suivirent ce succès. Tiberius, menacé et calomnié, sentit que l'inviolabilité d'un second tribunat était nécessaire à sa sûreté. Le vote fut interrompu par des violences, Le lendemain, Tiberius, ne pouvant se faire entendre, porta les mains à sa tête pour montrer que sa vie était menacée. On s'écria qu'il demandait une couronne. Nobles et chevaliers se précipitèrent au Capitole. Tiberius fut tué avec trois cents de ses partisans, son cadavre jeté dans le Tibre, Des exécutions et des proscriptions suivirent ces scènes de violences.
GRACCHUS (Caius Sempronius) , tribun du peuple, frère du précédent (-152 à -121), Il reprit l'œuvre de son frère, et tenta sans succès de faire appliquer la loi agraire. Nommé questeur en -126, on le retint trois ans en Sardaigne. Revenu malgré la loi, Il fut élu tribun triomphalement, en -128, compléta la loi agraire en faisant voter l'établissement de colonies, en particulier à Carthage, et entretint sa popularité en réclamant le droit de cité pour les Italiens et en proposant une loi frumentaire.
Pour ruiner la puissance des grands, il fit transférer le pouvoir judiciaire des sénateurs aux chevaliers, et réforma le mode des élections, Pour se défendre, l'aristocratie gagna le tribun Livius Drusus qui à chaque proposition démocratique de Caius répondit par une autre plus démocratique. La popularité de Caius baissa. On réussit à l'éloigner en l'envoyant fonder la colonie de Carthage. Au retour il échoua dans sa candidature à un troisième tribunat. Le consul Opimius entreprit de faire abroger ses lois et commença par la moins populaire, celle qui relevait Carthage de ses ruines, comme entachée de sacrilège. Caius voulut la défendre par la violence, mais ne fut pas suivi et fut réduit à se donner la mort. Son cadavre fut jeté au Tibre, son nom maudit, et trois mille de ses partisans périrent après lui.
Spartacus et les gladiateurs
source : http://www.dinosoria.com/gladiateur.htm
L’exploitation massive des prisonniers asservis au cours des guerres, de plus en plus nombreux et de plus en plus maltraités, crée une situation dangereuse qui finit par aboutir à la révolte. Les esclaves mènent des « guerres serviles ». La plus longue et la plus sanglante de ces révoltes éclate en 73 avant notre ère. Menée par Spartacus, cette guerre durera 2 ans.
S’évadant de son école de gladiateurs à Capone avec une trentaine de ses compagnons, Spartacus appelle aussitôt les esclaves des grands domaines agricoles à se révolter.
Suivi de près de 7 000 hommes, qu’il organise militairement, ce gladiateur thrace se retranche sur le Vésuve. Grossissant de jour en jour, sa troupe ravage fermes, bourgs et villes en Campanie et en Italie du Sud. Marchant ensuite vers le nord, sans doute pour rentrer chez eux, ils détruisent au passage l’armée de Lentulus. Les rebelles ne résistent pas à l’attrait du pillage et malgré l’avis de Spartacus, ils rebroussent chemin et ravagent de nouveau l’Italie.
Mais, traqués par Licinius Crassus, Spartacus et ses hommes décident de fuir par la mer. Ils sont trahis par les pirates qui devaient les emmener. L’affrontement commence alors. Blessé gravement à la cuisse au début des combats, Spartacus continue à combattre à genoux, jusqu’à sa mort. Toute son armée est massacrée.
Les Eduens
source : http://62.193.252.175/index.php?option=com_content&view=article&id=96&Itemid=55
Les Eduens, considérés déjà depuis longtemps comme 'frères du peuple romain', disposaient d'importants privilèges. Lors de la fondation d'Augustodunum, sous l'empereur Auguste, ses habitants bénéficiaient du droit de ne pas payer certains impôts. Or en 21, Tibère, son successeur, décida de rétablir l'impôt de certaines villes gauloises dont Augustodunum.
Un soulèvement fut alors organisé par Julius Sacrovir, un Eduen romanisé. Après avoir fait fabriquer des armes en secret, il organisa ses troupes qui regroupaient des habitants mécontents de la décision de Tibère, des étudiants - au Ier siècle, Augustodunum était devenue une ville universitaire de Gaule - et des gladiateurs entraînés dans une école de la ville. D'après Tacite, auteur latin, les troupes de Sacrovir comptaient 40 000 hommes.
La bataille se tint près d'Augustodunum, peut-être près d'Epinac et s'avéra être un véritable carnage pour les troupes de Sacrovir qui furent anéanties. Sacrovir, quant à lui, réussit à se sauver avec quelques rescapés, s'enferma dans sa villa où il se suicida. Ses compagnons s'entretuèrent après avoir mis le feu à la ville.
Vers 70, un autre soulèvement eut lieu. Il fut dirigé par un dénommé Marric, originaire du peuple des Boïens, voisins des Eduens. Celui-ci regroupa 8 000 paysans, se rendit à Augustodunum et essaya de rallier les habitants à sa cause. Cette fois-ci, la population n'accepta pas de se révolter. Le chef romain Vitellius fit prisonnier Marric et l'envoya à Lyon où il fut mis à mort. Après cet épisode, la ville vécut dans le calme durant de nombreuses années.
Au Moyen-Âge, de nombreuses révoltes paysannes ont eu lieu (en France notamment, les « jacqueries »). Ces révoltes s'étendaient à travers l'ensemble de l'Europe mais aucune n'a vraiment fonctionné.
La Grande Jacquerie
source : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=13580521
« Le 21 mai 1358, cent paysans du Beauvais s'attaquent aux châteaux de leur région, violant et tuant les habitants, brûlant les demeures. Leur révolte s'étend très vite à la paysannerie du bassin parisien. C'est la plus grande des «jacqueries» qui ont ensanglanté les campagnes françaises au Moyen Age. Ces révoltes sont ainsi nommées d'après l'appellation de Jacques ou Jacques Bonhomme donnée aux paysans.
Les révoltés figurent parmi les paysans aisés de l'une des régions les plus riches d'Europe.
Depuis l'épidémie de peste qui a ravagé l'Occident dix ans plus tôt, ils sont en situation de mieux faire valoir leurs droits car les seigneurs sont partout en quête de main-d'œuvre pour remettre en culture les terres abandonnées.
La Grande Jacquerie survient peu après que les chevaliers français aient été écrasés par les Anglais à Poitiers. Le roi est prisonnier à Londres tandis que Paris est sous la coupe d'Étienne Marcel, le prévôt des marchands.
Les paysans ne supportent pas que les nobles, qui ont lâchement fui devant les Anglais, fassent maintenant pression sur eux pour leur extorquer de nouvelles taxes.
Ceux-ci n'en écrasent pas moins les Jacques à Clermont-sur-Oise le 10 juin 1358. Les chefs des révoltés sont impitoyablement torturés et exécutés. En dépit de ce drame, les révoltes paysannes se renouvelleront les années suivantes, notamment en Angleterre, en 1381, avec Wat Tyler, et en Hongrie. »
A part peut-être celle de War Tyler en Angleterre, au XIVe siècle. Celui-ci souleva les paysans anglais et marcha sur Londres.
Wat Tyler
source : http://www.gauchemip.org/spip.php?article4610
« 15 juin 1381 : Wat Tyler est assassiné. La révolution populaire de Londres échoue
Depuis 1337, la "Guerre de Cent Ans" oppose le roi d’Angleterre au roi de France. Après une période faste pour les troupes anglaises entre 1346 (bataille de Crécy) et 1356 (bataille de Poitiers), les armées royales françaises de Charles V et Du Guesclin chassent leurs ennemis de tout le territoire continental sauf quelques ports (Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux).
S’appuyant sur un royaume trois fois moins peuplé que la France, le roi d’Angleterre fait payer la guerre à ses sujets par de lourds impôts, particulièrement aux dépens des paysans, artisans, employés ( le Statut des travailleurs de 1351 bloque les salaires).
Les combats pour la Succession royale de Castille et en Aquitaine de 1369 à 1375 coûtent particulièrement cher. En 1376, les Communes (représentantes d’un essor urbain déjà significatif) mettent en cause les choix militaires du souverain ainsi que les privilèges du clergé ; ils déclenchent ainsi une crise politique. cependant, les tensions sociales sont encore plus fortes dans les milieux populaires confrontés aux mauvaises récoltes et une forte hausse des prix.
En 1380, le Parlement vote la levée d’une poll tax sur tous les hommes de 15 ans et plus (4 livres pour les plus riches, 4 pences pour les pauvres). Cela accroît la charge fiscale de 65% par rapport à 1376.
La révolte explose en mai 1381 dans l’Essex (Est de Londres) et le Kent (Sud de Londres). Elle se répand assez rapidement dans 16 comtés sur 37, particulièrement le Norfolk et Suffolk (Nord de Londres), de même que les Midlands (Birmingham). La capitale connaît un paroxysme du mouvement vers la mi-juin.
Les historiens sont d’accord sur la base sociale essentiellement pauvre sinon misérable de ce soulèvement : serfs, petits artisans, tenanciers, travailleurs. Les chefs les plus connus sont eux-mêmes issus de ces milieux (Wat Tyler, Jack Straw, Geoffrey Lister...).
Sheriffs, percepteurs, abbayes, châteaux et parfois maisons de riches bourgeois détestés font les frais de la jacquerie des croquants. Parmi les revendications, notons le refus de la poll tax et l’exigence de chartes d’affranchissement pour les serfs.
Le 11 juin 1381, 60000 rebelles (peut-être 100000) parviennent à Londres en provenance de l’Essex et du Kent. Le 12, ils campent sur la colline de Blackheath. Le 13, des bandes parcourent la capitale, pillant des palais et établissements religieux, ralliant à eux les milieux populaires urbains.
Le 14, le Roi négocie et fait plusieurs promesses dont l’abolition du servage. Qui conduit la délégation des insurgés ? Wat Tyler. C’est un ancien valet d’armes qui a combattu en France avant de revenir comme paysan. Un jour, un percepteur se présente chez lui et entreprend de violer sa fille de 15 ans. Tyler le tue à coups de marteau mais devient inévitablement un hors la loi. Au printemps 1381, les paysans du Kent l’élisent à leur tête.
Le 15, Tyler doit avoir une nouvelle entrevue avec le Roi mais il est rapidement assassiné par l’escorte de celui-ci (dont le maire de Londres). La délégation royale berne alors le reste de la délégation sur les raisons de la mort de leur chef et sur le fait que les promesses (dont l’affranchissement) seront tenues. Les insurgés acceptent de quitter Londres. En fait, l’armée levée par Robert Knowles les attend à la sortie de la ville. Beaucoup sont exterminés sur place.
Clergé, noblesse, bourgeoisie urbaine, grands propriétaires ruraux sont ragaillardis par ce carnage et passent à la contre-offensive. Les différents soulèvements locaux sont alors écrasés et les promesses comme l’abolition du servage oubliées. Des milliers de paysans sont encore massacrés. Un dirigeant comme John Ball est pendu et écartelé. »
Une autre grande révolte paysanne du Moyen-Âge a eu lieu au XVIe siècle, par des paysans allemands. Cette révolte engendrée principalement par la misère et le rêve d'un ordre social égalitaire (issu des courants les plus radicaux du Protestantisme), dura 2 ans (1524-1526) avant de s'écraser sous une répression épouvantable entraînant la mort de 100 000 individus. On retient aujourd'hui l'appellation de « guerre des Paysans » pour désigner cette tentative de révolution sociale.
La guerre des paysans allemands : 1525
Voici un extrait d'une longue série de documentation sur cette révolte des paysans allemands :
source : http://membres.multimania.fr/jpmarat/febkf.html
« III Précurseurs de la guerre des paysans entre 1476 et 1517
Cinquante ans environ après la répression du mouvement hussite, se manifestèrent les premiers symptômes de l'esprit révolutionnaire qui germait chez les paysans allemands.
C'est dans l'évêché de Wurzbourg, région que la guerre des hussites, « les mauvais gouvernements, les nombreux impôts, les taxes, les dissensions, les hostilités, la guerre, l'incendie, le meurtre, la prison, etc. » avaient déjà appauvrie et que continuellement les évêques, les prêtres et les nobles pillaient sans vergogne, qu'éclata en 1476 la première révolte paysanne. Un jeune berger et musicien, Hans Böheim de Nicklashausen, appelé également Jean le Timbalier et Jean le Joueur de fifre, entra subitement en scène comme prophète dans la vallée de la Tauber. Il racontait que la Vierge Marie lui était apparue et qu'elle lui avait ordonné de brûler son tambourin, de cesser de s'adonner à la danse et aux autres plaisirs coupables, et d'exhorter au contraire le peuple à la pénitence. Chacun devait renoncer à ses pêchés et aux vanités de ce monde, quitter toute parure et tout ornement, et se rendre en pèlerinage auprés de la Vierge, à Niklashausen, pour obtenir le pardon de ses pêchés.
Nous trouvons déjà ici, chez le premier précurseur du mouvement, cet ascétisme que nous rencontrons dans toutes les révoltes teintées de religion du moyen âge, ainsi que dans les temps modernes au début de chaque mouvement prolétarien. Cette rigueur de moeurs ascétique, cette exigence de renonciation à toutes les jouissances et à tous les plaisirs de l'existence établissent d'une part, en face des classes dominantes, le principe de l'égalité spartiate, et constituent d'autre part une étape de transition nécessaire, sans laquelle la couche inférieure de la société ne peut jamais se mettre en mouvement. Pour développer son énergie révolutionnaire, pour acquérir une conscience claire de sa position hostile à l'égard de tous les autres éléments de la société, pour se concentrer elle-même en tant que classe, elle doit commencer par rejeter tout ce qui pourrait la réconcilier avec le régime social existant, renoncer aux rares plaisirs qui lui font encore momentanément supporter son existence opprimée, et que même l'oppression la plus dure ne peut lui arracher. Cet ascétisme plébéien et prolétarien se distingue absolument par sa forme farouchement fanatique comme par son contenu, de l'ascétisme bourgeois, tel que le prêchaient la morale bourgeoise luthérienne et les puritains anglais (à la différence des indépendants et des sectes plus avancées), et dont tout le secret réside dans l'esprit d'épargne bourgeois. Il va d'ailleurs de soi que cet ascétisme plébéien et prolétarien perd son caractère révolutionnaire au fur et à mesure que, d'une part, le développement des forces de production modernes multiplie à l'infini les objets de jouissance, rendant ainsi superflue l'égalité spartiate, et que, d'autre part, la situation sociale du prolétariat, et par conséquent le prolétariat lui-même, deviennent de plus en plus révolutionnaires. Cet ascétisme disparaît dès lors peu à peu dans les masses et se perd dans les sectes qui s'y obstinent, soit directement dans la ladrerie bourgeoise, soit dans une emphatique chevalerie de la vertu, qui en pratique aboutit également à une avarice de petits bourgeois ou d'artisans bornés. Il est d'autant moins nécessaire de prêcher la renonciation à la masse des prolétaires qu'ils ne possèdent presque plus rien à quoi ils puissent encore renoncer. »
Histoire
xo 19.08.2012 - 23h55 |
Merci pour ce sujet Toshio!
Je me permet d'y poster une image en relation avec le sujet...
Je me permet d'y poster une image en relation avec le sujet...