Bonjour,

Il y a des trésors de douceur et de poésie dans l'oeuvre de Paul Mathis. Ses livres sont des caresses pour l'âme qui a soif de sens. Aussi je voudrais partager quelques-une de ses pensées avec toi, lecteur qui au gré de ses pérégrinations internautiques, est arrivé jusque là.

La clarté de l'aube, c'est un nouveau départ.

On se lève avec le soleil. Il fait encore un peu froid. La vie est là, dans ce temps d'un autre commencement, neuf.

Dès la fin de l'hiver, les bourgeons se dessinent. Pendant des semaines ils restent verts, immobiles, attendant le temps propice pour éclore. La vie est en réserve, en attente, incluse dans un long destin jusqu'à ce jour de printemps, où elle éclate.
Les cerisiers étaient en fleurs. Dans le noir la nuit, il imaginait les pétales perdus pour l'oeil et pour leur parfum jusqu'au lever du jour.
Le vent s'était calmé. Aucun bruit ne pénétrait dans la maison. Adossé au nord, sur des futaies et des grands arbres, la ferme était ouverte au sud sur les grandes surfaces de l'été, tandis que l'hiver étendait là un grand tapis de neige.

Nous sommes construits de la matière du monde.
Nous sommes faits de la terre sur laquelle nous marchons, de l'air que nous respirons, de l'eau dans laquelle nous glissons, des couleurs du ciel et des arbres. Notre corps s'y construit et s'y défait. Il ne s'agit pas de crier, d'accepter ou de se résigner. C'est ainsi et il ne peut être que décent de jouer la règle du jeu.

Dans le meilleur des cas, au terme d'une vie conduite au grand âge, le corps s'en va lentement, paisiblement, comme une bougie qui s'éteint, en paix avec la mort, sans drame.
Mais parfois le corps est brisé avant son terme, abusivement, brutalement, sans préavis.
On consent à l'abandon, au meurtre même
Et d'autres assises prétendent en juger.

Seul le corps est gage de vérité.
Le regard, le sourire, la caresse précèdent les mots, les accompagnent ou les suivent pour dire l'attention, la tendresse et la douceur. A l'opposé de la violence.
Car le monde des harmonies n'est pas seulement celui des arts et de la science. C'est inaugural et au terme du parcours, celui des corps, de l'homme et de la femme, dans leurs échanges, leur transparence et leur beauté.

Avant que le corps soit vieux, avant qu'il soit proche de la mort, il est un corps jeune, beau, bronzé de soleil, courant sur la plage immense et plate, et répondant à un autre corps. Ce bonheur méprisé, négligé, oublié, ne reviendra jamais.

La joie est là, tout près, si on y consent.