(image carré bi-latin d'ordre 10)
Qu'est-ce que l'Oulipo ?
"OULIPO ? Qu'est ceci ? Qu'est cela ? Qu'est-ce que OU ? Qu'est-ce que LI ? Qu'est-ce que PO ?
OU c'est OUVROIR, un atelier. Pour fabriquer quoi ? De la LI.
LI c'est la littérature, ce qu'on lit et ce qu'on rature. Quelle sorte de LI ?
La LIPO.
PO signifie potentiel. De la littérature en quantité illimitée, potentiellement productible jusqu'à la fin des temps, en quantités énormes, infinies pour toutes fins pratiques.
QUI ? Autrement dit qui est responsable de cette entreprise insensée ?
Raymond Queneau, dit RQ, un des pères fondateurs, et François Le Lionnais, dit FLL, co-père et compère fondateur, et premier président du groupe, son Fraisident-Pondateur.
Que font les OULIPIENS, les membres de l'OULIPO (Calvino, Perec, Marcel Duchamp, et autres, mathématiciens et littérateurs, littérateurs-mathématiciens, et mathématiciens-littérateurs) ? Ils travaillent.
Certes, mais à QUOI ? A faire avancer la LIPO.
Certes, mais COMMENT ?
En inventant des contraintes. Des contraintes nouvelles et anciennes, difficiles et moins diiffficiles et trop diiffiiciiiles. La Littérature Oulipienne est une LITTERATURE SOUS CONTRAINTES.
Et un AUTEUR oulipien, c'est quoi ? C'est "un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir".
Un labyrinthe de quoi ? De mots, de sons, de phrases, de paragraphes, de chapitres, de livres, de bibliothèques, de prose, de poésie, et tout ça...
Comment en savoir plus ? En lisant.
En lisant quoi ?
D'abord quelques ouvrages de base, comme ceux-ci, qui donnent une vue d'ensemble de la production oulipienne, théorique et pratique jusqu'en 1981 :
* OULIPO, La Littérature Potentielle, ed. Gallimard, 1973 (2ème édition, Folio, 1988),
* OULIPO, Atlas de Littérature Potentielle, ed. Gallimard, 1981 (2ème édition, Folio, 1988).
Et quoi encore ? Quelques ouvrages plus récents présentant une grande quantité de contraintes nouvelles, accompagnées de textes les illustrant :
* OULIPO, La bibliothèque Oulipienne, 3 volumes, ed. Seghers, 1990.
Et quoi encore ?
* Les fascicules de la Bibliothèque Oulipienne, disponibles auprès d’Olivier Salon ([email protected])."
Par Jacques Roubaud & Marcel Bénabou
L'OuLipo et ses variantes, utilisent des contraintes mathématiques appliquée à la rédactions de texte, de romans ou de nouvelles, par exemple, mais elle prennent des formes bien diverses, allant jusqu'à la musique, la grammaire OuLiPienne etc... Beaucoup d'auteurs célébres Post ou Pré OuLiPo utilisait des contraintes mathématiques, dont certaines sont connues depuis l'antiquité, c'est le cas du Palindrome par exemple dont voici la definition est son application concrête :
Palindrome
Définition
Le palindrome de lettres est un texte qui peut être lu de gauche à droite comme de droite à gauche, (sans avoir nécessairement le même sens, comme Roma et amor). Kayak, ressasser, Noyon ou Laval sont des palindromes. L’année 2002 était palindromique.
Plaindrome :
Exemple publicitaire : Tu l’as trop écrasé, César, ce Port-Salut.
Le palindrome est un art fort ancien, présent dans toutes les langues.
Un exemple anglais, le célèbre monovocalisme du président Theodore Roosevelt : A man, a plan, a canal : Panama.
Il existe des palindromes de syllabes, des palindromes de mots, de phrases.
Exemple de palindrome phonique : Jeanne en luge / Jules en nage
Application :
(Voici un des plus long palindromes, par Georges Perec, Oulipien)
" 9691
EDNA D'NILU
O. MU. ACERE. PSEG ROEG
Trace l'inégal palindrome. Neige. Bagatelle, dira
Hercule. Le brut repentir, cet écrit né Perec. L'arc
lu pèse trop, lis à vice versa.
Perte. Cerise d'une vérité banale, le Malstrom,
Alep, mort édulcoré, crêpe porté de ce désir brisé
d'un iota. Livre si aboli, tes sacres ont éreinté, cor
cruel, nos albatros. Être las, autel bâti, miette vice
versa du jeu que fit, nacré, médical, le sélénite
relaps, ellipsoïdal.
Ivre il bat, la turbine bat, l'isolé me ravale : le verre
si obéi du Pernod -- eh, port su ! -- obsédante
sonate teintée d'ivresse.
Ce rêve se mit -- peste ! -- à blaguer. Beh ! L'art
sec n'a si peu qu'algèbre s'élabore de l'or évalué.
Idiome étiré, hésite, bâtard replié, l'os nu. Si, à la
gêne secrète -- verbe nul à l'instar de cinq occis --,
rets amincis, drailles inégales, il, avatar espacé,
caresse ce noir Belzebuth, oeil offensé, tire !
L'écho fit (à désert) : Salut, sang, robe et été.
Fièvres.
Adam, rauque ; il écrit : Abrupt ogre, eh, cercueil,
l'avenir tu, effilé, génial à la rue (murmure sud eu
ne tire vaseline séparée ; l'épeire gelée rode : Hep,
mortel ?) lia ta balafre native.
Litige. Regagner (et ne m'...).
Ressac. Il frémit, se sape, na ! Eh, cavale ! Timide, il
nia ce sursaut.
Hasard repu, tel, le magicien à morte me lit. Un
ignare le rapsode, lacs ému, mixa, mêla : Hep,
Oceano Nox, ô, béchamel azur ! Éjaculer ! Topaze !
Le cèdre, malabar faible, Arsinoë le macule, mante
ivre, glauque, pis, l'air atone (sic). Art sournois : si,
médicinale, l'autre glace (Melba ?) l'un ? N'alertai
ni pollen (retêter : gercé, repu, denté...) ni
tobacco.
Tu, désir, brio rimé, eh, prolixe nécrophore, tu
ferres l'avenir velu, ocre, cromant-né ?
Rage, l'ara. Veuglaire. Sedan, tes elzévirs
t'obsèdent. Romain ? Exact. Et Nemrod selle ses
Samson !
Et nier téocalli ?
Cave canem (car ce nu trop minois -- rembuscade
d'éruptives à babil -- admonesta, fil accru,
Têtebleu ! qu'Ariane évitât net. Attention, ébénier
factice, ressorti du réel. Ci-gît. Alpaga, gnôme, le
héros se lamente, trompé, chocolat : ce laid totem,
ord, nil aplati, rituel biscornu ; ce sacré bedeau
(quel bât ce Jésus !). Palace piégé, Torpédo drue
si à fellah tôt ne peut ni le Big à ruer bezef.
L'eugéniste en rut consuma d'art son épi
d'éolienne ici rot (eh... rut ?). Toi, d'idem gin,
élèvera, élu, bifocal, l'ithos et notre pathos à la
hauteur de sec salamalec ?
Élucider. Ion éclaté : Elle ? Tenu. Etna but (item mal
famé), degré vide, julep : macédoine d'axiomes,
sac semé d'École, véniel, ah, le verbe enivré (ne
sucer ni arrêter, eh ça jamais !) lu n'abolira le
hasard ?
Nu, ottoman à écho, l'art su, oh, tara zéro, belle
Deborah, ô, sacre ! Pute, vertubleu, qualité si vertu
à la part tarifé (décalitres ?) et nul n'a lu trop s'il
séria de ce basilic Iseut.
Il à prié bonzes, Samaritain, Tora, vilains monstres
(idolâtre DNA en sus) rêvés, évaporés : Arbalète
(bètes) en noce du Tell ivre-mort, émeri tu : O,
trapu à elfe, il lie l'os, il lia jérémiade lucide.
Pétard ! Rate ta reinette, bigleur cruel, non à ce
lot ! Si, farcis-toi dito le coeur !
Lied à monstre velu, ange ni bête, sec à pseudo
délire : Tsarine (sellée, là), Cid, Arétin, abruti de
Ninive, Déjanire...
Le Phenix, ève de sables, écarté, ne peut égarer
racines radiales en mana : l'Oubli, fétiche en argile.
Foudre.
Prix : Ile de la Gorgone en roc, et, ô, Licorne
écartelée, Sirène, rumb à bannir à ma (Red n'osa)
niére de mimosa : Paysage d'Ourcq ocre sous ive
d'écale ; Volcan. Roc : tarot célé du Père.
Livres.
Silène bavard, replié sur sa nullité (nu à je) belge :
ipséité banale. L' (eh, ça !) hydromel à ri,
psaltérion. Errée Lorelei...
Fi ! Marmelade déviré d'Aladine. D'or, Noël : crèche
(l'an ici taverne gelée dès bol...) à santon givré,
fi !, culé de l'âne vairon.
Lapalisse élu, gnoses sans orgueil (écru, sale,
sec). Saluts : angiome. T'es si crâneur !
* * *
Rue. Narcisse ! Témoignas-tu ! l'ascèse, là, sur ce
lieu gros, nasses ongulées...
S'il a pal, noria vénale de Lucifer, vignot nasal
(obsédée, le genre vaticinal), eh, Cercle, on rode,
nid à la dérive, Dèdale (M... !) ramifié ?
Le rôle erre, noir, et la spirale mord, y hache l'élan
abêti : Espiègle (béjaune) Till : un as rusé.
Il perdra. Va bene.
Lis, servile repu d'électorat, cornac, Lovelace. De
visu, oser ?
Coq cru, ô, Degas, y'a pas, ô mime, de rein à
sonder : à marin nabab, murène risée.
Le trace en roc, ilote cornéen.
O, grog, ale d'elixir perdu, ô, feligrane ! Eh, cité, fil
bu ! ô ! l'anamnèse, lai d'arsenic, arrérage tué,
pénétra ce sel-base de Vexin. Eh, pèlerin à (Je :
devin inédit) urbanité radicale (elle s'en ira...),
stérile, dodu.
Espaces (été biné ? gnaule ?) verts.
Nomade, il rue, ocelot. Idiot-sic rafistolé : canon !
Leur cruel gibet te niera, têtard raté, pédicule
d'aimé rejailli.
Soleil lie, fléau, partout ire (Métro, Mer, Ville...) tu
déconnes. Été : bètel à brasero. Pavese versus
Neandertal ! O, diserts noms ni à Livarot ni à Tir !
Amassez.
N'obéir.
Pali, tu es ici : lis abécédaires, lis portulan : l'un te
sert-il ? à ce défi rattrapa l'autre ? Vise-t-il auquel
but rêvé tu perças ?
Oh, arobe d'ellébore, Zarathoustra ! L'ohcéan à
mot (Toundra ? Sahel ?) à ri : Lob à nul si à ma
jachère, terrain récusé, nervi, née brève l'haleine
véloce de mes casse-moix à (Déni, ô !) décampé.
Lu, je diverge de ma flamme titubante : une telle
(étal, ce noir édicule cela mal) ascèse drue tua,
ha, l'As.
Oh, taper ! Tontes ! Oh, tillac, ô, fibule à reve
l'Énigme (d'idiot tu) rhétoricienne.
Il, Oedipe, Nostradamus nocturne et, si né Guelfe,
zébreur à Gibelin tué (pentothal ?), le faiseur
d'ode protège.
Ipéca... : lapsus.
Eject à bleu qu'aède berça sec. Un roc si bleu ! Tir.
ital. : palindrome tôt dialectal. Oc ? Oh, cep mort et
né, mal essoré, hélé. Mon gag aplati gicle. Érudit
rossérecit, ça freine, benoit, net.
Ta tentative en air auquel bète, turc, califat se
(nom d'Ali-Baba !) sévit, pure de -- d'ac ? --
submersion importune, crac, menace, vacilla,
co-étreinte...
Nos masses, elles dorment ? Etc... Axé ni à
mort-né des bots. Rivez ! Les Etna de
Serial-Guevara l'égarent. N'amorcer coulevrine.
Valser. Refuter.
Oh, porc en exil (Orphée), miroir brisé du toc
cabotin et né du Perec : Regret éternel.
L'opiniâtre. L'annulable.
Mec, Alger tua l'élan ici démission. Ru ostracisé,
notarial, si peu qu'Alger, Viet-Nam (élu
caméléon !), Israël, Biafra, bal à merde : celez,
apôtre Luc à Jéruzalem, ah ce boxon ! On à écopé,
ha, le maximum
Escale d'os, pare le rang inutile. Métromane ici
gamelle, tu perdras. Ah, tu as rusé ! Cain ! Lied
imité la vache (à ne pas estimer) (flic assermenté,
rengagé) régit.
Il évita, nerf à la bataille trompé.
Hé, dorée, l'Égérie pelée rape, sénile, sa vérité
nue du sérum : rumeur à la laine, gel, if, feutrine,
val, lieu-créche, ergot, pur, Bâtir ce lieu
qu'Armada serve : if étété, éborgnas-tu l'astre
sédatif ?
Oh, célérités ! Nef ! Folie ! Oh, tubez ! Le brio ne
cessera, ce cap sera ta valise ; l'âge : ni sel-liard
(sic) ni master-(sic)-coq, ni cédrats, ni la lune
brève. Tercé, sénégalais, un soleil perdra ta bétise
héritée (Moi-Dieu, la vérole !)
Déroba le serbe glauque, pis, ancestral, hébreu
(Galba et Septime-Sévère). Cesser, vidé et nié.
Tetanos. Etna dès boustrophédon répudié. Boiser.
Révèle l'avare mélo, s'il t'a béni, brutal tablier vil.
Adios. Pilles, pale rétine, le sel, l'acide mercanti.
Feu que Judas rêve, civette imitable, tu as alerté,
sort à blason, leur croc. Et nier et n'oser.
Casse-t-il, ô, baiser vil ? à toi, nu désir brisé,
décédé, trope percé, roc lu. Détrompe la. Morts :
l'Ame, l'Élan abêti, revenu.
Désire ce trépas rêvé : Ci va ! S'il porte, sépulcral,
ce repentir, cet écrit ne perturbe le lucre :
Haridelle, ta gabegie ne mord ni la plage ni l'écart.
Georges Perec,
Au Moulin d'Andé, 1969
Mais il existe bon nombre de contraintes qui ouvre la voie à des créations artistiques mathématiques, notamment en utilisant le carré-bi latin en image de cet article.
Je vous laisse découvrir par vous même pour ceux que ça intéresse :
Contraintes : http://www.oulipo.net/contraintes
Sachez par ailleurs que de nombreuses conférences ont lieu sur l'OuLiPo ces derniers temps, notamment à Rennes, Paris, et certainement ailleurs.
Mathématiques, Livres, Créations, Culture, Cogitations