Histoire  

01.05.2011
Histoire des Illuminés de Bavière
Adam Weishaupt

Né le 6 février 1748 à Ingolstadt, en Allemagne, Adam Weishaupt, juif ashkénaze, fut converti au catholicisme et reçut l'enseignement des jésuites. A 20 ans, il occupe la chaire de droit canon à l'université d'Ingolstadt.
Après ses études, il devint en 1775 professeur de droit canonique à l'Université d'Ingolstadt, en Bavière (Allemagne). Le 1er mai 1776, il fonda la société secrète des Perfectibilistes, qui devint par la suite les Illuminés de Bavière. Weishaupt fut fait franc-maçon au sein d’une Loge de la Stricte Observance, la Loge Théodore du Bon Conseil, à Munich en 1777. Il créa au sein de l'université où il enseignait un mouvement rebelle qui lui fit perdre sa chaire. La conspiration des Illuminés de Bavière, dont il n'était probablement pas le seul auteur, fut mise au jour en 1785.
La majorité des informations relatives aux rituels & objectifs de l'Ordre sont issues de papiers personnels & de correspondances trouvées lors d'une perquisition à la résidence de Xavier Zwack, à Landshut le 11 octobre 1786, ainsi qu'au château du Baron Bassu à Sondersdorf en Bavière en 1787. Ces documents furent publiés par le gouvernement bavarois en 1787. En 1785, après 18 mois d'enquête difficile, tant l'administration bavaroise avait été infiltrée par ses adeptes, Weishaupt se vit retirer sa chaire et banni de Bavière.
Pour sa défense, Weishaupt écrivit : « J’ai conçu une explication de la Franc-Maçonnerie qui a tous les avantages, et qui invite les chrétiens de toutes confessions à se libérer graduellement des préjugés de la religion, qui cultive les vertus sociales et les anime par la promesse d’un bonheur universel, dans un état de liberté & d’égalité morale, libéré des liens de la subordination, du rang et de la richesse. Mon explication est juste & complète ; mes moyens sont irrésistibles & efficaces. Notre association secrète œuvre de manière à ce que rien ne lui résiste & à ce que l’homme soit bientôt libre & heureux. Pour améliorer l’homme par l’Illumination des vertus actives, de l’engager par ses motivations les plus fortes, à rendre la réussite facile et certaine… voilà, en vérité, ce qui sera l’occupation des natures nobles… Et quel est le but général ? Le bonheur de la race humaine… Lorsque nous voyons les méchants si puissants et les pauvres si faibles, & combien est vaine la lutte isolée contre le courant général du vice et de l’oppression, que naît dans l’esprit qu’il est possible de constituer une association durable des personnes les plus valables qui travailleraient ensembles à la destruction des obstacles au bonheur humain… ».
Il se rendit alors à Regenburg, où il trouva asile auprès du Comte de Saxe-Gotha, et il deviendra professeur à l’Université de Gottingen jusqu’à sa mort.Il est décédé le 18 novembre 1830 à Gotha et renia toujours la foi catholique.


Adam Weishaupt Illuminati Societes Secretes... par abdel1970

Œuvres en Français
(1781) Histoire des persécutions qu'ont éprouvées les Illuminés en Bavière
(1788) Description de l'ordre des Illuminés
(1788) Discours Philosophique sur les Frayeurs de la Mort
(1793-97) De la vérité et de la perfectibilité morale
(1796) Pythagore ou l'Art secret de gouverner les peuples

Œuvres en Anglais
The Lamp of Diogenes . (Tr. Amelia Gill) introduced by Sir Mark Bruback chosen by the Masonic Book Club to be its published work for 2008. (Ed. Andrew Swanlund).

Œuvres en Allemand
Sur les Illuminati
(1786) Apologie der Illuminaten.
(1786) Vollständige Geschichte der Verfolgung der Illuminaten in Bayern.
(1786) Schilderung der Illuminaten.
(1787) Einleitung zu meiner Apologie
(1787) Einige Originalschriften des Illuminatenordens
(1787) Nachtrage von weitern Originalschriften...
(1787) Kurze Rechtfertigung meiner Absichten.
(1787) Nachtrag zur Rechtfertigung meiner Absichten.
(1787) Apologie des Mißvergnügens und des Übels.
(1787) Das Verbesserte System der Illuminaten.
(1788) Der ächte Illuminat, oder die wahren, unverbesserten Rituale der Illuminaten
(1795) Pythagoras, oder Betrachtungen über die geheime Welt- und Regierungskunst.
Philosophie
(1775) De Lapsu Academiarum Commentatio Politica.
(1786) Über die Schrecken des Todes – eine philosophische Rede.
(1786) Über Materialismus und Idealismus. Torino
(1788) Geschichte der Vervollkommnung des menschlichen Geschlechts.
(1788) Über die Gründe und Gewißheit der Menschlichen Erkenntniß.
(1788) Über die Kantischen Anschauungen und Erscheinungen.
(1788) Zweifel über die Kantischen Begriffe von Zeit und Raum.
(1793) Über Wahrheit und sittliche Vollkommenheit.
(1794) Über die Lehre von den Gründen und Ursachen aller Dinge.
(1794) Über die Selbsterkenntnis, ihre Hindernisse und Vorteile.
(1797) Über die Zwecke oder Finalursachen.
(1802) Über die Hindernisse der baierischen Industrie und Bevölkerung.
(1804) Die Leuchte des Diogenes.
(1817) Über die Staats-Ausgaben und Auflagen
(1818) Über das Besteuerungs-System.


Désireux de régénérer la société allemande, il fonde avec le baron de Knigge une société secrète. En s'inspirant des constitutions maçonniques, il fonde l'Ordre Secret des Illuminés Germaniques. Il partage l'ordre en 13 grades répartis en 2 classes :
1. Édifice inférieur : novice, minerval, illuminé mineur, illuminé majeur
2. Édifice supérieur : apprenti, compagnon, maître, écuyer écossais, chevalier écossais, epopte, prince, mage-philosophe et homme-roi.
Chaque affilié porte un nomen mysticum, ainsi Weishaupt s'était attribué celui de Spartakus. Il initia Goethe, Herder, Schard, von Fritsch, Metternich. A côté des grades connus, Weishaupt institue les Insinuants qui espionnaient les profanes et les membres de l'Ordre.

La liste des membres les plus connus est la suivante :
- Adam Weishaupt
- Adolph Von Knigge
- Xavier von Zwack
- Christoph Friedrich Nicolai [Nicholai]
- Westenrieder
- Hertel
- Thomas Maria De Bassus
- Johann Simon Mayr
- Dietrich
- Johann J. C. Bode
- William von Busche
- Saint Germain
- de Constanzo
- Ferdinand of Brunswick
- Ernst von Gotha
- Johann W. Goethe


Concernant l’Ordre, celui-ci recrutait des maçons ou des non maçons et les seules qualités dont devaient faire preuve les candidats ne peuvent être mieux expliquées que par Weishaupt lui-même :
« Celui qui ne ferme pas ses oreilles aux lamentations des miséreux, ni son cœur à la pitié ; celui qui est l’ami et le frère de l’infortuné ; celui qui a un cœur capable d’amour et d’amitié ; celui qui est tenace dans l’adversité… ; celui qui ne se moque pas du faible ; celui dont l’âme est susceptible de concevoir de grands desseins, désireux de s’élever au-dessus des basses motivations et de distinguer par lui-même ses actes ; celui qui ne considère aucune connaissance comme inessentielle, considérant la connaissance de l’humanité comme son étude d’élection ; celui qui, lorsque la vérité et la vertu sont mises en doute, rejette l’approbation de la multitude, est assez courageux pour suivre ce que lui dicte son propre cœur, celui-là est le candidat approprié ». Adam Weishaupt, Gotha : 1787.
« L’Égalité et la Liberté sont les droits essentiels que l’Homme, dans sa perfection originaire et primitive, reçut de la Nature. La première atteinte à cette Égalité fut portée par la propriété. La première atteinte à la Liberté fut portée par la Société et les gouvernements. Ces seuls appuis de la propriété et des gouvernements sont les lois civiles et religieuses. Donc, pour rétablir l’Homme dans ses droits primitifs d’Égalité et de Liberté, il faut commencer par détruire toute religion, toute société civile, et finir par l’abolition de la propriété. »

Le secret était absolu au sein de l’Ordre & il était interdit d’en parler aux non-membres. Cela se conçoit très aisément si l’on pense à l’époque & au lieu où il fut créé, car, comme le dit si bien Thomas Jefferson :
« Weishaupt vivait dans la tyrannie d’un despote et des prêtres, il savait que la prudence était nécessaire dans la diffusion des informations, et des principes de la morale. Ceci a donné un air de mystère à ses visions et fut la base de son bannissement… Si Weishaupt avait écrit ici (aux États-Unis), où aucun secret n’était nécessaire afin de rendre les hommes plus sages & vertueux, il n’aurait eu à penser à mettre en place une machine secrète pour ce faire ».

On peut même se demander si Weishaupt n’était pas lucide quant à son Ordre lorsqu’il écrivait à Cato en août 1783 : « Je n’ai aucune aide. Socrates, qui insiste pour avoir une place de confiance parmi nous, et est sans conteste un homme de talent, est certainement alcoolique. La réputation d’Auguste ne pourrait être pire. Alcibiade ne fait rien d’autre que de se complaire dans l’amour et le bonheur conjugal… Tibère a essayé de prendre la femme de Démocide… » Quelle description d’un Ordre qui se voulait libérateur des passions humaines & de l’esclavage des sens !
En fait, historiquement les Illuminati disparaissent après 1784. Et les quelques traces qui émaillèrent l’histoire du XIXe et du XXe siècle ne sont que des tentatives de reconstruction et de reconstitution de l’Ordre. Par exemple, Wescott recevra en échange du Rite swedenborgien une patente de Théodore Reuss d’un « Ordre des Illuminati » en 1902. Cet Ordre n’étant que l’Ordre des illuminés germains fondé dans le courant du 19e siècle par des francs-maçons en recherche de diplôme & de secret plantureux pour leurs affaires, quand ce n’était pour des buts d’espionnage ou de chantage…

Le but ultime des Illuminés ? Vraisemblablement renverser les monarques et éradiquer l'Église. On peut lire dans les notes de Weishaupt une des phrases les plus connues de Bakounine : "nous devons tout détruire aveuglément avec cette seule pensée : le plus possible et le plus vite possible.". Weishaupt influença la pensée de personnages tels que Babeuf, Buonarroti, Elisée Reclus, Bakounine, Kropotkine,...
Le but officiel des Illuminati était – selon Barruel lui-même et Robison – d'éduquer les hommes afin d e les rendre meilleurs par la libre-pensée & par la libération de la superstition & des préjugés. C'est ce qui a valu aux Illuminati l'image de « terroristes » cherchant la destruction de l'Église & du christianisme. De même la volonté de Weihaupt de libérer les hommes de l'esclavage fut interprété par ses détracteurs comme une volonté de détruire l'État & la société.

Les Fils des Illuminés

Société des Illuminés d’Avignon : constituée par Dom Antoine Joseph de Pernetti en 1786.
La Ligue Mondiale des Illuminati : fondée par Léopold Engel en 1893 sur base de l’Ordre des Illuminés réactivé par Théodore Reuss en 1880.
L’Ordre des Illuminati : fondé en 1988 par Solomon Tulbure.
Orden Illuminati : créé en Espagne en 1995 par Gabriel Lopez de Rojasn.





Les "Illuminés de Bavière" émient organisés en cercles imbriqués les uns dans les autres (comme les poupées russes). Dès qu'un initié prouvait sa faculté de garder un secret il était admis dans un cercle plus restreint et lié à des secrets encore plus profonds. Seuls ceux qui se trouvaient dans le plus petit cercle connaissaient les vrais buts des "Illuminés de Bavière". On disait aux membres des grades inférieurs qu'il n'y avait pas de grades supérieurs et on leur cachait en même temps l'identité du grand maître comme ce fut le cas dans la "Stricte Observance ". Les Illuminés de Bavière étaient divisés en 13 grades symbolisés par les 13 marches de la pyramide des Illuminés représentée sur le "billet d'un dollar".
Ils avaient emprunté aux Jésuites leur système d'espionnage pour tester les faiblesses des membres qui accédaient au titre de "patriarche". Cette politique de l'ordre leur permettait de placer les patriarches dans des positions où leur talent était exploité au maximum. Jeter le discrédit devint aussi une des tactiques pour s'assurer qu'aucun des patriarches ne se détournerait de l'ordre.
Weishaupt s'y entendait pour attirer dans son ordre les esprits les meilleurs et les plus éclairés qu'il choisissait dans la haute finance, l'industrie, l'éducation et la littérature. Il utilisait la corruption par l'argent et le sexe pour contrôler les personnes haut placées.

Ceci fait, il savait faire chanter ces personnages occupant des postes de direction pour être sûr de les garder sous son contrôle. Les Illuminés de Bavière se mirent à conseiller des gens du gouvernement en se servant des adeptes (aux grades supérieurs). Ceci, bien sûr, en coulisse. Ces spécialistes s'y entendaient pour donner aux politiciens en place les conseils pour qu'ils adoptent une certaine forme de politique qui correspondait à leurs visées. C'était fait, cependant, si adroitement que ceux qui recevaient les conseils croyaient être les propres auteurs des idées qu'ils mettaient en acte.
On prétextait, pour expliquer l'existence des Illuminés de Bavière, qu'ils élimineraient ce que la société avait de mauvais et ramènerait l'homme à son état naturel et heureux. Cela signifie qu'ils allaient assujettir la monarchie et l'Église, ce qui leur valut de dangereux adversaires. Cela montre une fois de plus, que tenir le secret était la directive la plus importante de l'ordre.

Nous apprenons quelle était vraiment l'idéologie de Weishaupt par un document qui fut connu sous la désignation "NOUVEAU TESTAMENT DE SATAN", sévèrement gardé par les Illuminés du Bavière. C'est intentionnellement que je présente ici ce document, car il y en a toujours qui doutent de la véracité des Protocoles des Sages de Sion. Peut-être est-il plus facile pour ceux-là d'accepter mon plan et la progression du livre si je n'emploie pas le mot "JUIF". Ce document n'est devenu accessible au grand public qu'en 1875 : un messager des Illuminés de Bavière, alors qu'il chevauchait de Francfort à Paris, fut frappé par la foudre ; cet incident permit de prendre connaissance d'une partie de ces informations relatives à une conspiration mondiale.

Voici le contenu de ce document :

Le premier secret pour diriger les hommes et être maître de l'opinion publique est de semer la discorde, le doute et de créer des points de vue opposés, le temps nécessaire pour que les hommes, perdus dans cette confusion,ne s'y retrouvent plus et soient persuadés qu'il est préférable de ne pas avoir d'opinion personnelle quand il s'agit des affaires de l'État. Il faut attiser les passions du peuple et créer une littérature insipide, obscène et répugnante. Le devoir de la presse est de prouver l'incapacité des non-illuminés dans tous les domaines de la vie religieuse et gouvernementale.
Le deuxième secret consiste à exacerber les faiblesses humaines, toutes les mauvaises habitudes, les passions et les défauts jusqu'à ce que règne une totale incompréhension entre les hommes.

Il faut surtout combattre les fortes personnalités qui sont le plus grand des dangers. Si elles font preuve d'un esprit créatif, elles ont plus d'impact que les millions d'hommes laissés dans l'ignorance.
Envies, haines, disputes et guerres, privations, famines et propagation d'épidémies (par ex. du SIDA, note de l'auteur) doivent épuiser les peuples à un point tel que les hommes ne voient plus d'autre solution que de se soumettre pleinement à la domination des Illuminés.
Un état épuisé par les luttes intestines ou qui tombe au pouvoir d'ennemis extérieurs à la suite d'une guerre civile est, en tous cas, voués à l'anéantissement et finira par être en leur pouvoir.



Il faudra habituer les peuples à prendre les apparences pour argent comptant, à e satisfaire du superficiel, à ne poursuivre que leur propre plaisir, à s'épuiser dans leur quête éternelle du nouveau et, en fin de compte, à suivre les Illuminés. Ceux-ci parviendront à leur but en rémunérant bien les masses pour leur obéissance et leur écoute. La société une fois dépravée, les hommes perdront toute foi en Dieu.
En ciblant leur travail par la parole et par la plume et en faisant preuve d'adaptation, ils dirigeront le peuple selon leur volonté.
Il faudra déshabituer les hommes à penser par eux-mêmes : on leur donnera un enseignement basé seulement sur du concret et on occupera leur esprit à des joutes oratoires qui ne sont que simulacres. Les orateurs parmi les Illuminés galvauderont les idées libérales des partis jusqu'au moment où les hommes en seront tellement lassés qu'ils prendront en dégoût tous les orateurs, de quelque bord qu'ils soient. Par contre, il faudra rabâcher aux citoyens la doctrine d'État des Illuminés pour qu'ils restent dans leur profonde inconscience.

La masse étant aveugle, insensée et incapable de juger elle-même, elle n'aura pas droit au chapitre dans les affaires de l'État mais devra être régie d'une main de fer, avec justesse mais aussi avec une impitoyable sévérité.
Pour dominer le monde, il faudra emprunter des voies détournées, chercher à démanteler les piliers sur lesquels repose toute vraie liberté - celle de la jurisprudence, des élections, de la presse, la liberté de la personne et surtout de l'éducation et de la formation du peuple - et maintenir le secret le plus strict sur tout ce qui est entrepris.

En minant intentionnellement les pierres angulaires de l'État, les Illuminés feront des gouvernements leur souffre-douleur jusqu'à ce que, de guerre lasse, ils renoncent à leur pouvoir. Il faudra exacerber en Europe les différences entre les personnes et les peuples, attiser la haine raciale et le mépris de la foi afin que se creuse un fossé infranchissable, si bien qu'aucun État chrétien ne trouve de soutien : tout autre État devra redouter de se liguer avec lui contre les Illuminés, de crainte que cette prise de position le desserve.
Il faudra semer discordes, troubles et inimités dans d'autres parties de la Terre pour que les peuples apprennent à connaître la crainte et qu'ils ne soient plus capables d'opposer la moindre résistance.

Toute institution nationale devra remplir une tâche importante dans la vie du pays pour que la machine d'État soit paralysée dès qu'une institution bat de l'aile.
Il faudra choisir les futurs chefs d'État parmi ceux qui sont serviles et soumis inconditionnellement aux Illuminés et aussi parmi ceux dont le passé est entaché d'un coin secret. Ils seront des exécuteurs fidèles des instructions données par les Illuminés. Ainsi, il sera possible à ceux-ci de contourner les lois et de modifier les constitutions.
Les Illuminés auront en main toutes les forces armées si le droit d'ordonner l'état de guerre est conféré au président.
Par contre, les dirigeants "non-initiés" devront être écartés des affaires de l'État. Il suffit de leur faire assumer le cérémonial de l'étiquette en usage dans chaque pays.
La vénalité des hauts fonctionnaires d'État devra pousser les gouvernements à accepter des prêts extérieurs qui les endetteront et les rendront esclaves des Illuminati ; la conséquence : les dettes de l'État augmenteront sensiblement !


En suscitant des crises économiques et en retirant soudainement de la circulation tout argent disponible, il faudra provoquer l'effondrement de l'économie monétaire des "non-illuminés".
La puissance monétaire doit remporter de haute lutte la suprématie dans le commerce et l'industrie afin que les industriels agrandissent leur pouvoir politique moyennant leurs capitaux. Outre les Illuminés, dont dépendront les millionnaires, la police et les soldats, tous les autres ne devront rien posséder.
L'introduction du suffrage universel doit permettre que seul règne la majorité. Habituer les gens à l'idée de s'autodéterminer contribuera à détruire le sens de la famille et des valeurs éducatives. Une éducation basée sur une doctrine mensongère et sur des enseignements erronés abêtira les jeunes, elle les pervertira et fera d'eux des dépravés.
En se reliant aux loges franc-maçonniques déjà existantes et en créant de-ci de-là de nouvelles loges, les Illuminés atteindront le but souhaité. Personne ne connait leur existence ni leurs buts, encore moins ces abrutis que sont les non-Illuminés qui sont amenés à prendre part aux loges franc-maçonniques ouvertes où l'on ne fait que leur jeter de la poudre aux yeux.

Tous ces moyens amèneront les peuples à prier les Illuminés de prendre en main le monde. Le nouveau gouvernement mondial doit apparaître comme protecteur et bienfaiteur pour tous ceux qui se soumettent librement à lui (l'ONU, note de l'auteur). Si un état se rebelle, il faut inciter ses voisins à lui faire la guerre. Si ces derniers veulent s'allier, il faut déchaîner une guerre mondiale (CORALF : "Maitreya, der kommende Weltlehrer" - Maitreya, le futur maître du monde, Konny-Verlag, 1991, p.115 et suiv.).
Il est très facile de se rendre compte que le contenu du "Nouveau Testament de Satan" est presque le même que celui des "Protocoles des Sages de Sion", à cette seule différence près que les Juifs ont été remplacés par les Illuminés. Nous avons déjà vu sur l'ordre de QUI Adam Weishaupt a fondé l'ordre des Illuminés de Bavière, il est aisé d'en conclure d'où vient le "Nouveau Testament de Satan".

Les conspirateurs avaient reconnu la force et l'influence des loges franc-maçonniques déjà existantes et commencèrent à s'y infiltrer selon un plan précis pour en obtenir le contrôle (§ 11 des Protocoles).
Les loges qui furent infiltrées furent désignées sous le nom de "Loges du Grand Orient" (Lodges of the Grand Orient).
Un célèbre orateur français, le MARQUIS DE MIRABEAU, s'était fortement endetté en menant grand train de vie et fut alors contacté par Weishaupt sur ordre des prêteurs juifs. Là-dessus, Moses Mendelsohn fit faire à Mirabeau la connaissance de la femme du Juif HERZ. Par la suite, on aperçut celle-ci plus souvent en compagnie de Mirabeau qu'avec son mari. Cela amena Mirabeau a subir un chantage, à accumuler des dettes ; il se retrouva bientôt sous le contrôle absolu des Illuminés de Bavière. Peu après, il fut obligé de se familiariser avec l'illuminisme. Il reçut la mission de persuader le DUC D'ORLÉANS, déjà grand maître des francs-maçons en France, de transformer les "LOGES BLEUES" en "LOGES DU GRAND ORIENT".



Mirabeau organisa une rencontre en 1773 entre le duc d'Orléans, Talleyrand et Weishaupt qui les initia tous deux à la franc-maçonnerie du "Grand Orient". (34)
Lorsque la déclaration d'indépendance américaine fut signée le ler mai 1776, Adam Weishaupt mena à terme son plan bien pensé et introduisit officiellement l'ordre des Illuminés de Bavière. Cette date est donnée à tort comme la date de fondation de l'ordre. Mais les années les plus importantes de l'ordre furent les six années précédant son instauration officielle.
Entre autres membres de l'ordre, il y eut Johann Wolfgang von Goethe, le duc Charles Auguste de Weimar, le duc Ferdinand de Brunswick, le baron de Dahlberg (vaguemestre général de Thurn und Taxis), le baron de Knigge et beaucoup d'autres...

En 1777 Weishaupt fur initié à la loge franc-maçonnique de "THÉODORE DU BON CONSEIL" (Theodore of Good Council) à Munich, il eut tôt fait d'infiltrer toute la loge.
Le 16 avril 1782, l'alliance entre franc-maçons et les Illuminés de Bavière fut scellée à Wilhelmsbad. Ce pacte établit un lien entre environ trois millions de membres des sociétés secrètes dirigeantes. Un accord du congrès à Wilhelmsbad rendit possible l'admission des Juifs dans les loges alors que ceux-ci n'avaient, à cette époque, que peu de droits.
En contrôlant les Illuminés de Bavière, les ROTHSCHILD exerçaient maintenant une influence directe sur d'autres loges secrètes importantes.

Toutes les personnes présentes, jurèrent en bons conspirateurs, de garder le secret absolu : de fait, presque rien une filtra de cette rencontre. On demanda au COMTE DE VIRIECU, un des franc-maçons participant au congrès qu'il ne pouvait dévoiler quelques décisions prises. Celui-ci répondit : "Je ne vais pas te les confier, je vais seulement te dire que c'est plus sérieux que tu ne crois. La conspiration qui se déroule ici a été si Parfaitement imaginée qu'il n'y a pas de possibilité pour la monarchie et l'Église d'y échapper".
Une autre personne présente, le COMTE DE SAINT-GERMAIN, avertit,plus tard, son amie du complot de meurtre qui devait renverser la monarchie française.On ne tint pas compte, hélas, de son conseil.
Quelques secrets subversifs commencèrent à percer malgré tout, ce qui eut pour conséquence que le 11 octobre 1785 l'Électeur de Bavière fit ordonner une razzia dans la maison de Monsieur de Zwack, principal assistant de Weishaupt. On fit main basse sur beaucoup de documents décrivant le plan des Illuminés du Bavière. le "NOUVEL ORDRE MONDIAL" (Novus Ordo Seclorum).



L'Électeur de Bavière décida alors de publier ces papiers sous le nom "d'écrits originaux de l'ordre et de la secte des Illuminés". Ces écrits furent, par la suite, répandus aussi largement que possible pour avertir les monarques européens. Le titre de professeur fut retiré à Weishaupt, qui disparut avec le duc de Saxe-Gotha, un autre membre des Illuminés de Bavière. Comme ils ne contrecarrèrent pas la rumeur que l'ordre des Illuminés était anéanti, cela leur permit de continuer à travailler en secret pour resurgir, plus tard, sous un autre nom. En l'espace d'un an, un vit apparaître publiquement la "DEUTSCHE EINHEIT " (Unité allemande), qui répandit la propagande des Illuminés parmi les cercles de lecteurs existants. C'est là que naquit le cri de guerre "Liberté, égalité, fraternité".


Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Adam_Weishaupt
http://www.morgane.org/wil4.htm#illum
http://www.esoblogs.net/991/les-illuminati-un-peu-d-histoire/


Histoire, Nouvel Ordre Mondial, Sociétés secrètes


3 commentaires
 

23.02.2011
Révolution et Démocratie
source: memo.fr

La révolution en Angleterre a été particulière au XVIIe siècle, et a néanmoins instauré la démocratie en Europe :



1) L'absolutisme des premiers Stuarts

Jacques I et Charles I manifestent une claire volonté d'absolutisme et se heurtent à l'hostilité du Parlement, qui se pose en défenseur des libertés anglaises traditionnelles, dites «saxonnes», contre un prétendu «joug normand» perpétué par la monarchie. L'enjeu du conflit d'autorité qui oppose dès lors le roi aux élites propriétaires est à la fois politique et fiscal : il touche aux limites des droits du roi, notamment en matière d'impôts, au pouvoir de contrôle exercé par le Parlement et à l'autonomie des administrations locales tenues par les notables.
Cette opposition se double d'un conflit religieux. Fortement implantés dans la gentry et la bourgeoisie urbaine, les puritains sont partisans d'une religion plus austère et plus respectueuse de l'individualisme que ne l'est l'Église anglicane, avec ses rites démonstratifs et ses évêques. Ils dénoncent dans la politique de l'archevêque William Laud, qui les pourchasse, un retour aux pratiques catholiques.
La maladresse politique du roi rend peu à peu ces oppositions explosives. En réponse à la «Pétition de droit» du parlementaire John Pym, Charles I impose la «tyrannie de onze ans» : le Parlement ne siège pas de 1629 à 1640. La tentative d'implantation forcée du système anglican en Écosse, menée sans ménagement par Laud, conduit à la révolte ouverte.

2) La Grande Rébellion (1640-1660)

La crise permet alors au Parlement (convoqué en 1640-1641 pour consentir l'impôt) d'imposer de nombreux reculs au roi : le souverain doit laisser arrêter Laud et exécuter Strafford, ses principaux conseillers, les plus détestés. Les formes récentes de fiscalité (le ship money de 1635) et les organes de répression judiciaire (Chambre étoilée et Haute Commission) sont supprimés. La Grande Remontrance du 1er décembre 1641 expose la doctrine parlementaire d'une monarchie contrôlée, inacceptable pour le roi. La guerre civile éclate, opposant les «têtes rondes» (partisans du Parlement), nombreuses dans le Sud et l'Est, aux «cavaliers», partisans du roi, majoritaires dans le nord et l'ouest de l'Angleterre.
La première phase du conflit aboutit à la victoire des forces parlementaires à Naseby, en juin 1645, et à l'arrestation du roi, en mai 1646. Puis, de 1646 à 1649, la révolution se radicalise. Les sectes puritaines des «indépendants» font de nombreux adeptes, en particulier dans l'armée. De fait, cette armée puritaine, la New Model Army dirigée par Ireton, Fairfax et Cromwell, convaincue d'être l'instrument de la volonté divine, est devenue la force principale dans le pays. Quand le roi tente de s'échapper en 1648, elle impose au Parlement de le juger, puis de l'exécuter : Charles I est décapité le 30 janvier 1649, à la stupéfaction de l'Europe entière.
Dans le vide constitutionnel ouvert alors s'instaure la «république» : il s'agit en fait d'un régime militaire de dictature personnelle, Cromwell devenant «Lord protecteur» en 1653. Puritaine, la république fait régner un ordre moral très austère. Tout entier fondé sur la personne de Cromwell, le régime ne lui survivra pas. La transmission du pouvoir à son fils, en 1658, est un échec : constatant leur incapacité à établir un régime constitutionnel, le général Monck et les parlementaires survivants rétablissent la monarchie en 1660, au profit de Charles II, fils du roi décapité.

3) La Restauration

Avec Charles II, la prérogative royale est rétablie fermement, appuyée au Parlement par l'aristocratie, qui retrouve son rôle et constitue le parti tory. Le roi met fin au climat d'ordre moral religieux antérieur; il rétablit aussi le monopole de l'Église anglicane : les non-conformistes des sectes puritaines sont frappés de discrimination au même titre que les catholiques. La stabilité retrouvée conforte un grand élan commercial et maritime qui enrichit Londres, reconstruite après le terrible incendie de 1666. Mais une opposition parlementaire hostile à la prérogative royale se constitue à nouveau : les whigs font voter l'Habeas corpus en 1679, en défense des libertés individuelles, et dénoncent l'indulgence du roi envers la France.
Sous Jacques II d'York, qui succède à son frère en 1685, la question religieuse redevient un enjeu politique explosif : le roi est catholique, et il multiplie les «déclarations d'indulgence» visant à rendre tous leurs droits aux catholiques. De plus, ses gestes d'absolutisme mécontentent les notables locaux, qu'il prive souvent de leurs fonctions de juges de paix. Dès lors, tories et whigs, anglicans et puritains font cause commune : quand est annoncée, en juin 1688, la naissance d'un prince héritier, aussitôt fait catholique, une conspiration de parlementaires, d'aristocrates et d'évêques prépare le renversement du monarque.

4) La Glorieuse Révolution

Les conjurés font appel à un prince étranger, Guillaume d'Orange, gendre du roi. La «révolution» est en fait un coup d'État : les troupes de Guillaume débarquent, ne rencontrant aucune résistance ; Jacques II s'enfuit en France. Le Parlement adopte en février 1689 une «Déclaration des droits» (Bill of Rights) conforme à la théorie du contrat de John Locke : séparant les pouvoirs exécutif et législatif, elle fonde la nature parlementaire du régime et garantit l'existence des Chambres ; elle proclame Marie, fille de Jacques II, et son époux, Guillaume d'Orange, conjointement reine et roi d'Angleterre sous le nom de Marie II et de Guillaume III. La question religieuse, déterminante, est réglée par un Acte de tolérance qui confère aux protestants non anglicans (mais non aux catholiques) la liberté religieuse. En 1701, l'Acte d'établissement stipule que le souverain doit être protestant.
La Glorieuse Révolution donne ainsi au pays sa Constitution, et ouvre une longue période d'expansion et de rayonnement international : conquête complète de l'Irlande ; union organique avec l'Écosse en 1707 ; victoires extérieures, avec le très avantageux traité d'Utrecht en 1713 ; essor colonial et commercial, avec la fondation de la Banque d'Angleterre en 1694.



La Guerre d'Indépendance des Etats-Unis : 1775-1783

source : http://www.salic-slmc.ca/showpage.asp?file=histoire_ling/conseq_rev_americ/rev_americ&language=fr&updatemenu=true




La guerre de l'Indépendance américaine fut un conflit armé qui dura huit longues années, de 1775 à 1783. Ce fut également une guerre civile entre sujets britanniques et Américains, ainsi qu'une rébellion contre les autorités coloniales et une insurrection contre le roi d'Angleterre (George III) et le régime monarchique. Ce fut enfin une guerre de «libération nationale», la première de l'histoire moderne. Elle entraîna, dans le seul camp américain, quelque 25 700 morts, ce qui la place au deuxième rang des guerres menées par les États-Unis (après la guerre civile de 1812).

En Amérique du Nord britannique, la Révolution américaine et l'Indépendance eurent de graves conséquences. La Révolution américaine expliquera l'Acte de Québec de 1774 et l'Acte constitutionnel de 1791. Quant à l'Indépendance, elle entraînera non seulement une modification des frontières canado-américaines qui furent considérablement réduites, mais la composition démographique du Canada changera radicalement en raison de l'arrivée de dizaines de milliers de loyalistes américains. De plus, ces bouleversements entraîneront la création d'une autre «province» ou colonie britannique, le Nouveau-Brunswick, et la séparation de la province de Québec en deux colonies distinctes: le Haut-Canada (l'Ontario) à l'ouest et le Bas-Canada à l'est (le Québec). L'Amérique du Nord britannique passa ainsi de trois colonies (Québec, Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve) à cinq (avec le Nouveau-Brunswick et le Haut-Canada).

Au moment de la promulgation de l'Acte de Québec (1774), la population de la province de Québec atteignait les 70 000 habitants, alors que celle de la Nouvelle-Écosse en comptait environ 12 000. Pour sa part, la Nouvelle-Angleterre abritait une population d'environ 2,5 millions d'habitants. Cependant, la Grande-Bretagne pouvait aligner une force militaire impressionnante, supérieure à celle des colonies de la Nouvelle-Angleterre, et bénéficiait au surplus de la plus forte marine du monde. Les Britanniques pouvaient compter sur une armée de 30 000 soldats de métier (disciplinés, expérimentés, bien armés et bien payés) et les meilleurs généraux d'Europe, sans oublier 700 navires de guerre, 2000 navires de commerce pour le transport des troupes et des munitions, ainsi que sur 150 000 marins. Bref, une force redoutable! Dès 1775, en réponse aux initiatives du Congrès continental et des insurgés, George III ordonna à 25 000 soldats additionnels de partir pour l'Amérique.

Du côté des insurgés américains, rien n'était gagné d'avance dans la mesure où ils ne disposaient que de 18 000 à 20 000 hommes inexpérimentés, ne possédaient pas de marine de guerre et ne bénéficiaient que d'un petit nombre de généraux bien formés. Pourtant, ce sont les États-Unis qui gagnèrent la guerre, en enlisant les militaires britanniques jusqu'à l'usure. En 1787, l'union fédérale des États-Unis voyait le jour, alors que les colonies américaines acceptaient de renoncer à une grande partie de leur autonomie locale pour fondre treize colonies indépendances en une seule, ce qui donna naissance à un État central puissant -- les États-Unis d'Amérique -- pouvant tenir tête à la Grande-Bretagne.

L'invasion américaine dans la «province de Québec»



Dès le début de la guerre de l'Indépendance, George Washington crut porter un coup mortel à la Grande-Bretagne en s'emparant de Montréal et de Québec parce que ces deux villes constituaient les bastions britanniques les plus redoutables en Amérique du Nord. Le général américain dépêcha deux armées (commandées par le général Richard Montgomery et le colonel Benedict Arnold) vers le nord afin d'investir la ville de Québec et de conquérir ainsi le Canada, plus précisément la «province de Québec». C'était aussi pour les insurgés (Insurgents) américains une façon de rallier les Canadiens par la force à leur lutte pour l'indépendance. D'ailleurs, George Washington s'attendait à ce que les Canadiens se rallient à eux et transforment l'invasion en «guerre de libération».

De son côté, le gouverneur de la province de Québec, Guy Carleton, qui ne disposait que de 1600 hommes -- 357 soldats de l'armée régulière, 450 marins, 543 miliciens canadiens et 300 miliciens anglophones de la garnison -- pour défendre la colonie, savait qu'il ne pouvait vaincre les insurgés américains, supérieurs en nombre (près de 8000 hommes au départ, divisés en deux armées), qu'avec le secours de la population canadienne. Il espérait que sa politique de conciliation allait porter fruit, mais seuls le clergé (avec en tête l'évêque catholique de Québec, Mgr Jean-Olivier Briand) et la noblesse canadienne (les seigneurs) répondirent avec empressement à l'appel des autorités britanniques, la population dans son ensemble y étant restée plutôt indifférente parce qu'elle voyait dans cette guerre une sorte de «bataille entre Anglais». Néanmoins, certains Canadiens aidèrent les troupes américaines (les «Fils de la liberté» ou «Sons of Liberty»), alors que d'autres appuyèrent les Britanniques (les «Tuniques rouges» ou «Red Tunics»).

Les troupes américaines s'emparèrent de Montréal en 1775, mais ils échouèrent quand ils tentèrent de prendre la ville de Québec; les troupes américaines se retirèrent rapidement, avant d'être poursuivies et battues au lac Champlain (à Valcour Island). Néanmoins, les rebelles américains restèrent dans la «province de Québec» jusqu'à l'arrivée d'une flotte britannique, le 6 mai 1776. De leur côté, les Américains furent extrêmement surpris d'apprendre que leurs armées avaient été défaites. Des rumeurs circulèrent aux États-Unis, qui laissaient entendre que l'armée américaine aurait utilisé des méthodes répressives, ce qui avait eu pour effet de faire pencher les Canadiens en faveur des Britanniques, au lieu de rester neutres. En fait, les Américains avaient fait preuve d'amateurisme, parce qu'ils étaient mal équipés et avaient perdu près de la moitié de leurs hommes avant même d'arriver à Québec.

En avril 1776, dans l'espoir de convaincre les Canadiens de se joindre à eux, les Américains envoyèrent à Montréal une délégation, dont Benjamin Frankland faisait partie. La délégation fut vite convaincue que la cause américaine était perdue au Canada. Les Américains comprirent qu'il en coûterait probablement moins cher d'acheter le Canada que de le conquérir par les armes. À part quelques escarmouches autour de Montréal, l'invasion américaine n'eut pas de suite immédiate au Canada, bien qu'elle se soit poursuivie aux États-Unis jusqu'en 1783, soit six ans après la Déclaration d'indépendance de Thomas Jefferson (4 juillet 1776) au Congrès. Entre les mois de septembre 1774 et janvier 1775, quelque 700 miliciens canadiens avaient participé à la défense de la ville de Québec. Les Canadiens de langue française démontraient ainsi qu'il leur était possible d'être à la fois catholiques et francophones tout en demeurant loyal envers la Couronne anglaise, ce qui, à cette époque, semblait impensable en Grande-Bretagne. Cela dit, si les Américains avaient réussi leur conquête de la «province of Quebec», le Canada ferait vraisemblablement partie aujourd'hui des États-Unis.

En juin 1776, la Grande-Bretagne envoya une force additionnelle composée de 10 000 hommes, dont 4800 mercenaires allemands, afin de rétablir et maintenir l'ordre dans sa colonie. Parmi ces mercenaires allemands, environ 1400 s'établiront dans la «province de Québec» à la fin des hostilités et la plupart d'entre eux s'assimileront en épousant des francophones.

La revanche de la France

En 1777, le marquis de La Fayette (1757-1834) -- répondant au nom de Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert MOTIER, marquis de La Fayette -- prit une part active à la guerre de l'Indépendance américaine aux côtés des insurgés; il contribua même à la victoire décisive de Yorktown (6-19 octobre 1781). C'est la bataille de Yorktown, qui marqua la fin des hostilités et constitua une étape décisive pour l'indépendance des Treize Colonies. La Fayette avait auparavant équipé à ses frais un vaisseau de guerre et était venu à Philadelphie offrir ses «services désintéressés». Très lié avec Benjamin Franklin, il fut également le compagnon de campagne de George Washington. Convaincu qu'il était possible de rallier les Canadiens, La Fayette proposa à George Washington d'envahir la «province de Québec» sous les auspices de la France (celle-ci avait massé des troupes aux États-Unis d'environ 8000 hommes sous le commandement du comte de Rochambeau, afin de soutenir les Américains contre les Britanniques); mais George Washington, qui craignait de redonner à la jeune république américaine un voisin gênant, ne souscrit pas au projet. Soulignons que l'effort militaire de la France a été plus grand pour aider les États-Unis à conquérir leur indépendance que pour permettre au Canada de demeurer français. Frédéric de Prusse, dit Frédéric le Grand (24 janvier 1712, Berlin - 17 août 1786, Postdam), avait vu juste sur les intentions de la France, comme en témoigne cette lettre (extrait) adressée à son ambassadeur à Paris: On se trompe fort en admettant qu'il est de la politique de la France de ne point se mêler de la guerre des colonies. Son premier intérêt demande toujours d'affaiblir la puissance britannique partout où elle peut, et rien n'y saurait contribuer plus promptement que de lui faire perdre ses colonies en Amérique. Peut-être même serait-ce le moment de reconquérir le Canada? L'occasion est si favorable qu'elle n'a été et ne le sera peut-être dans trois siècles.

L'intervention de la France souleva, durant un certain temps, de grands espoirs parmi la population canadienne de langue française. Beaucoup de Canadiens se crurent sur le point d'être «débarrassés des Anglais», mais la France avait définitivement renoncé au Canada.

En réalité, la France vit dans l'agitation sociale et la guerre de l'Indépendance américaine une occasion de prendre sa revanche avec l'Amérique et une façon d'affaiblir pour longtemps la Grande-Bretagne. Napoléon poursuivra en 1803 les mêmes objectifs en vendant la Louisiane aux Américains. Au plan diplomatique, le 17 décembre 1777, Louis XVI se prononça en faveur de la reconnaissance de l'Indépendance américaine. La France signa même un traité en 1778 avec la jeune république américaine: le Traité d'alliance éventuelle & défensive (Treaty of Alliance, Eventual and Defensive) conclu le 6 février 1778 et ratifié par le Congrès le 4 mai. Bien que le traité ait été originellement rédigée en français, les plénipotentiaires ont signé les 16 articles «tant en langue française qu'en langue anglaise» («both in the French and English languages»). Dans ce traité, la France s'engageait à ne faire aucune conquête pour elle-même en Amérique. Dans une lettre secrète adressée à son ambassadeur à Philadelphie (alors capitale des États-Unis), le ministre Vergennes avait précisé en soulignant certains passages:

Les députés du Congrès avaient proposé au roi de prendre l'engagement de favoriser la conquête que les Américains entreprendraient du Canada, de la Nouvelle-Écosse et des Florides, et il y a lieu de croire que le projet tient fort à coeur le Congrès, mais le roi a considéré que la possession de ces trois contrées, ou au moins du Canada par l'Angleterre, serait un principe utile d'inquiétude et de vigilance pour les Américains, qu'il leur fera sentir davantage le besoin qu'ils ont de l'amitié et de l'alliance du roi, et qu'il n'est pas dans son intérêt de le détruire. D'après cela,Sa Majesté pense qu'elle ne doit prendre aucun engagement relativement à la Conquête dont il s'agit.

L'objectif était clair: le Canada devait demeurer une colonie britannique afin de constituer dans le voisinage des États-Unis une menace permanente qui les forcerait à demeurer fidèles à l'alliance et permettrait à la France de jouir pleinement des avantages de son assistance politique et militaire, notamment l'acquisition du fabuleux commerce que la Grande-Bretagne pourrait perdre par l'indépendance américaine. Cela signifiait aussi, selon une politique secrète du double-jeu, que la France pouvait empêcher les Américains de s'emparer du Canada. Bref, la France a agi comme tout autre pays: la raison d'État devait primer sur toute autre considération.

L'aide déterminante de la France se concrétisa par l'envoi d'armes, de soldats, de navires de guerre et d'importantes sommes d'argent, sans compter les renforts navals (123 vaisseaux de la Marine royale) de 35 000 hommes, ce qui fera pencher la balance en faveur des Américains. Dans la foulée, Versailles avait déclaré la guerre à Londres et entraîné l'Espagne dans son sillage. C'est au lendemain de la bataille de Yorktown que le francophile Thomas Jefferson rendit hommage aux Français en déclarant que «chaque homme a deux patries: son pays et la France». Rappelons que Jefferson avait été en 1885 ambassadeur à Paris. Cette victoire franco-américaine valut à la France le surnom de «Nourrice d'Hercule». Évidemment, les Britanniques se montrèrent vivement préoccupés par ce retour des Français sur la scène nord-américaine. Même les Amérindiens du Canada démontrèrent une certaine satisfaction de retrouver les Français. En janvier 1780, le général Frederick Haldimand, alors gouverneur général au Canada, écrivait que l'amitié des autochtones pour la Grande-Bretagne «décline chaque jour, particulièrement depuis que les Américains se sont alliés aux Français, avec lesquels ils ont un vieux et tenace attachement». De fait, les Français s'efforcèrent de rallier les Amérindiens à la cause américaine en reprenant leur rôle de «protecteur» et de «pourvoyeur» du temps de la Nouvelle-France. De leur côté, loin de vouloir nouer des alliances avec les Indiens, les Américains entendaient plutôt les exterminer et s'approprier leurs terres.

Cependant, le coût excessif de la guerre plongea la France dans une situation financière délicate et accéléra la crise de la monarchie qui paiera ainsi très cher sa revanche sur la «Perfide Albion»: Louis XVI dut convoquer les états généraux pour réformer les impôts, ce qui entraînera la Révolution française (1789) et la décapitation du roi (1793). Pour sa part, la dette américaine envers la France, qui s'élevait à quelque à 35 millions de francs, contribua à assombrir le climat des relations entre les deux pays.

L'indépendance américaine avait été proclamée unilatéralement par Thomas Jefferson (lire la Déclaration d'Indépendance). Toutefois, pour faire reconnaître dans les faits leur indépendance, les Américains durent entamer une guerre contre leur ancienne Métropole. Le conflit entre la Grande-Bretagne et ses colonies rebelles se poursuivit jusqu'en 1781. La tournure décisive de la guerre n'intervint qu'avec l'entrée en guerre de la France aux côtés des révolutionnaires américains. Puis il faudra le traité de Versailles (1783) pour la confirmation officielle du nouvel État.

Malgré les nombreuses sollicitations lancées vers les Canadiens, tant francophones qu'anglophones, les insurgés américains restèrent très déçus du peu de soutien qu'ils reçurent de leur part. Les habitants du Québec et de la Nouvelle-Écosse restèrent solidaires de la Couronne britannique. D'une part, les francophones venaient de recevoir de précieuses concessions de la part du gouvernement britannique, d'autre part, les anglophones de la Nouvelle-Écosse étaient arrivés depuis peu de la Grande-Bretagne et se sentaient encore anglais. Quant à ceux qui habitaient plus ou moins légalement à Terre-Neuve -- il était alors officiellement interdit de s'installer dans l'île --, ils vivaient loin des soucis de la Révolution américaine et des sentiments patriotiques des Américains pour envisager quelque appui que ce soit.

Une guerre civile entre loyalistes et républicains




Il ne faut pas oublier que la guerre de l'Indépendance américaine fut aussi une guerre civile entre loyalistes et patriotes (ou républicains). Lorsque, en juillet 1776, le Congrès proclama la République, près du tiers de la population des Treize Colonies protesta, car ces opposants considéraient que c'était aller trop loin dans la contestation. Ils voulaient bien l'autonomie, mais pas au point de réclamer l'indépendance! Des milliers de gens dénoncèrent l'attitude du Congrès à tel point que celui-ci se crut obligé d'adopter des lois sévères contre ceux et celles qui risquaient de compromettre le succès de la guerre entreprise contre la Grande-Bretagne.

Les habitants de la Nouvelle-Angleterre se divisèrent entre ceux qui prônaient l'indépendance -- les patriotes ou républicains -- et ceux qui voulaient rester britanniques -- les loyalistes (ou royalistes). Bref, le sentiment d'appartenance à l'Amérique n'était pas encore développé au point de rallier tout le monde. Plusieurs termes ont servi à désigner les antagonistes dans les colonies américaines: Roundhead ou Puritans (pour leurs croyances religieuses strictes) associés aux Whigs, contre Monarchists associés aux Tories. On désigne aujourd'hui les monarchistes par Loyalists aux États-Unis, mais au Canada on a longtemps utilisé l'expression United Empire Loyalists (loyalistes de l'Empire uni).

La révolution prit l'allure d'une véritable guerre civile entre les deux camps opposés. On comprendra qu'aux yeux des républicains les loyalistes puissent être considérés comme des traîtres à la cause américaine. C'est ce qui explique que les loyalistes firent l'objet de violences physiques, de discrimination politique et de mesures de confiscation ou de bannissement. De leur côté, les loyalistes n'étaient pas sans reproches et ils commirent, eux aussi, des exactions contre les républicains. Tous ceux qui s'opposèrent aux ordres du nouveau gouvernement perdirent leurs droits civiques et furent chassés de leurs maisons et de leurs terres. La confiscation des biens des loyalistes -- les terres, les maisons, les troupeaux, les marchandises, etc. -- devint une politique adoptée par tous les États (alors des colonies) et encouragée dès novembre 1777 par le Congrès américain. Cette politique rapporta plusieurs de millions aux trésoreries publiques et servit à défrayer en partie les dépenses de la guerre. Certains loyalistes furent lynchés. Les mots lynch, lyncher et lynchage viennent d'ailleurs de l'anglo-américain to lynch, qui provient de Lynch Law, c'est-à-dire la «loi de Lynch» (1837), un procédé de justice sommaire attribué à Charles Lynch, un planteur patriote de Virginie qui, pendant la Révolution américaine, dirigea un tribunal condamnant à la pendaison les opposants à l'indépendance.

Poussés par la persécution et par leur allégeance à la Couronne, les loyalistes furent nombreux à fuir pour se retrouver en sécurité derrière les lignes britanniques. Beaucoup de loyalistes se joignirent à des unités de milices levées à divers endroits, telles que les Butler's Rangers, les Roger's Rangers, le Jessup' Corps, le King's Royal Regiment of New York, etc. Au total, quelque 50 régiments loyalistes firent campagne pendant la guerre. De façon un peu réductrice, on peut tenter de décrire les loyalistes comme appartenant à des catégories particulières de citoyens: les administrateurs, les pasteurs de l'Église anglicane, les légalistes attachés au Parlement britannique, les riches planteurs, les négociants, les adulateurs de la famille royale, etc. Quant aux patriotes ou républicains, ce fut surtout le lot des gens du peuple, des agriculteurs, des ouvriers, des artisans, etc. En réalité, ce n'était pas aussi simple, car de riches planteurs prirent la cause des républicains et des paysans, celle des loyalistes. Puis les Britanniques finirent par perdre la guerre et ne furent plus en mesure de protéger les loyalistes. La politique de discrimination à l'égard des loyalistes se traduisit par une redistribution des terres et, plus tard, une fuite massive vers la Canada, c'est-à-dire la Nouvelle-Écosse et la province de Québec.


La Révolution Française - 1789"

Voici un autre extrait d'un site très riche en documentation historique :

source : http://membres.multimania.fr/jpmarat/revfrf.html



« L'assaut de la Bastille

Le 23 juin, Louis XVI essaya de disjoindre les trois ordres. Après un discours d'autocrate impuissant, son maître des cérémonies s'attira la réponse cinglante de Mirabeau évoquant la volonté du peuple. Le roi autorisa alors les députés dissidents à rejoindre l'Assemblée nationale ; en même temps, il appela à Paris des régiments étrangers. L'Assemblée en demande le retrait, Necker l'exige. Le roi refuse, s'entête ; renvoie Necker. Le « Parti de la reine » va tenter la résistance. La cour sentit de suite que la force de l'Assemblée nationale ne lui venait pas tant de ses mandats que du concours du peuple. L'Assemblée n'hésite-t-elle pas elle-même à recevoir la première pétition populaire ? C'est à Paris qu'il faut frapper. Déjà, par ses mouvements de rue, intervient ce personnage anonyme auquel on n'avait point songé, le peuple parisien, qui délivre à l'Abbaye des soldats prisonniers, promène en triomphe les bustes de Necker et du duc d'Orléans, assaille les dragons à coups de pierres. Louis XVI a remplacé Necker par Breteuil et concentré 20.000 soldats à Versailles. Mais à l'Hôtel de ville de Paris s'est constitué un gouvernement municipal qui recrute une milice bourgeoise.
L'Assemblée nationale semble devenue déjà étrangère aux événements : le 12 juillet on se bat aux Tuileries contre les cavaliers allemands. La commission de l'Hôtel de ville intensifie l'armement de sa garde nationale. On pille tout à la fois armuriers et boulangers. Le 13, le tocsin sonne. Quand le roi donnera-t-il à ses troupes l'ordre d'attaquer Paris ? A neuf heures du matin le 14 juillet, on enlève aux Invalides canons et fusils : la foule - bourgeois et ouvriers confondus - se porte sur la Bastille, base d'opérations possible des troupes qui prendraient Paris à revers et bloqueraient le peuple entre la porte Saint-Antoine et les Champs-Elysées.
La vieille forteresse bâtie par Charles le Sage pour surveiller la capitale n'était plus guère que prison royale et symbole de l'État que l'on voulait renverser. La place est noire de monde. Les curieux sont venus en foule. La Bastille se défend à peine. Cent morts inconnus parmi les assaillants : qui en parla ? Un crâne célèbre au bout d'une pique : l'histoire a retracé le cortège joyeux qui jusqu'à la nuit promena dans les rues la tête du gouverneur M. de Launay.
Trois jours après, une délégation du Faubourg Saint-Antoine vint demander des secours à l'Assemblée nationale pour les ouvriers parisiens, qui avaient chômé pendant ces heures d'émeute, et lui déclara : « Messieurs, vous êtes les sauveurs de la patrie, mais vous aussi vous avez des sauveurs. »
Bailly, élu maire de Paris, La Fayette élu commandant de la Garde nationale - la bourgeoisie s'organise au pouvoir. Le roi achevant sa reculade, se rend à Paris le 17. Par sa présence dans la capitale, il sanctionnait les résultats de l'insurection du 14 juillet. À l'Hôtel de ville, il fut accueilli par Bailly qui lui présenta la cocarde tricolore, symbole de l' « alliance auguste et éternelle entre le monarque et le peuple ». Le 16 juillet, le roi avait rappelé Necker. La monarchie absolue est vaincue. Qui a vaincu le roi ? La force populaire. Qui entend disposer de cette victoire ? Les forces bourgeoises. Toute la Révolution est là.
Dans les campagnes, on brûle les barrières d'octroi, la nouvelle de la prise de la Bastille met le feu aux châteaux. Partout, l'incendie s'allume. Dans le tumulte général, les brigands redoublent d'atrocités. Les bruits les plus extravagants circulent. On a nommé cela la Grande Peur. Sans doute les paysans vécurent-ils tout à la fois des heures d'enthousiasme et d'angoisse où l'ivresse de posséder un sol libre le disputait à la terreur de le voir à nouveau ravagé. On continue sans trêve de brûler ces livres où, depuis deux cents ans, les féodaux ont pris coutume de faire reconnaître leurs droits. La moindre résistance déchaîne un massacre.
Malheur à qui ne comprend pas que les temps sont venus. Alors, une autre peur traverse la France, celle des riches. Dès la fin de juillet, l'émigration commence. Les nobles qui ont vu les paysans leur parler en égaux et relever la tête ne peuvent supporter un tel spectacle : son horreur les chasse à l'étranger. Dans l'histoire des trahisons dont les classes dirigeantes se sont rendues coupables à l'égard de la nation, cette fuite n'était encore que le moindre dommage qu'elles pouvaient lui causer. Mais bientôt l'aristocratie ne se contentera plus d'avoir peur. Elle passera à l'ennemi. »

Cette révolution sera d'autant plus célèbre qu'elle s'appuie sur un texte inédit en Europe :



source : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/dudh/1789.asp

« LA DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN » DE 1789

Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, et au bonheur de tous. En conséquence, l'Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être Suprême, les droits suivants de l'homme et du citoyen.

Article premier
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Article II
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.

Article III
Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Article IV
La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Article V
La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.

Article VI
La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.

Article VII
Nul homme ne peut être accusé, arrêté, ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout Citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance.

Article VIII
La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.

Article IX
Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne, doit être sévèrement réprimée par la Loi.

Article X
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.

Article XI
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi.

Article XII
La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

Article XIII
Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés.

Article XIV
Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée.

Article XV
La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Article XVI
Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

Article XVII
La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité. »



Cette révolution politique et sociale est le point de départ pour les autres peuples d'Europe : cet événement a entraîné le « Printemps des Peuples ».

source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_des_peuples




« L'année 1848 vit une floraison de révolutions à travers l'Europe, appelées dans leur ensemble le Printemps des peuples ou le Printemps des révolutions. Elles ont généralement été réprimées, mais les conséquences ont souvent été importantes, portant notamment en elles les germes d'une nouvelle révolution voire de l'achèvement de l'unité d'un pays (comme l'Allemagne avec le traité de Francfort, qui échoue en 1849 mais qui porte en lui les germes de l'unification de 1871).

La poussée du libéralisme contre le système Metternich

Le Congrès de Vienne avait restauré les monarchies dans tous les États conquis par la France lors des guerres de la Révolution française ou des guerres napoléoniennes.
Cependant les courants politiques opposés nés de la Révolution, notamment le libéralisme, ainsi que le nationalisme, progressaient. En 1830, Charles X est chassé au profit de Louis-Philippe (instauration d'une monarchie plus parlementaire) en France (Trois Glorieuses) ; la Grèce et la Belgique obtiennent leur indépendance la même année, et les Polonais se soulèvent sans succès en 1830-31 contre l'Empire russe (Insurrection de Novembre).
Le libéralisme de 1848 fut condamné par Pie IX.

La poussée des sentiments nationaux

Tandis que l'unité allemande et italienne s'accomplissent par étapes, l'empire austro-hongrois de la dynastie Habsbourg subit des poussées centrifuges et subit l'hostilité du tsar qui apparaît comme le protecteur des minorités slaves.
* en Italie : dans la péninsule encore morcelée, des révoltes éclatent à Palerme, Naples, en Toscane, dans les États pontificaux, à Milan, etc. Divers souverains accordent des constitutions. Si l'ordre est ramené presque partout (avec des interventions française et autrichiennes), c'est le début de l'unification du pays par le royaume de Piémont-Sardaigne.
* en France : le peuple de Paris se soulève les 23-24-25 février et renverse Louis-Philippe. Les journées de juin suivantes voient les conquêtes sociales largement remises en cause par le nouveau gouvernement bourgeois. La IIe République se termine par le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851, mais la royauté est définitivement abolie.
* en Autriche : des émeutes éclatent en mars à Prague et à Vienne. La Bohême est soumise dès le mois de juin, et la capitale en octobre. L'empereur Ferdinand abdique en faveur de son neveu François-Joseph. La faiblesse momentanée de l'Autriche encourage les révolutions hongroise et allemande.
* en Hongrie : le régime féodal est aboli par la Diète. L'indépendance est proclamée en avril 1849, mais la révolte est écrasée en août suivant par l'Autriche aidée par la Russie.
* en Allemagne : des émeutes éclatent à Berlin. Frédéric-Guillaume IV de Prusse refuse la couronne impériale que lui offre le Parlement de Francfort et, suite aux pressions de l'Autriche, la situation antérieure est rétablie en novembre 1850. »


Histoire, Politique


5 commentaires
 

23.02.2011
Révolutions
Au vu des récentes manifestations de révolte en Tunisie, en Egypte et en Algérie, il serait bon, je pense, de faire un récapitulatif un peu détaillé de l'histoire des révoltes et des révolutions. Ceci pour montrer que à la question "qui sommes nous?", il faut répondre : des révolutionnaires ! Ce après quoi nous rebondirons sur les évènements actuels au Maghreb et au Proche-orient dans un autre sujet.

Premières Révoltes et Révolutions : de l'Antiquité romaine au XVIe


La révolution est un terme dont on abuse souvent. En effet, on confond révolution et révolte. Cette dernière se définit par l'expression d'une réaction face à toute forme d'injustice ou d'oppression. La révolte cherche avant tout un rétablissement de la justice et la reconnaissance des droits par le pouvoir en place. Alors que la révolution a pour but premier de renverser un régime politique pour le remplacer par un autre, que ce soit pour changer un ordre social ou pour émanciper un nation d'une puissance étrangère. Les facteurs sociaux et nationaux sont souvent mêlés et par ailleurs, une révolte peut se changer en révolution.

Les frères Gracchus (les Gracques)

source : La Grande Encyclopédie du Monde, édition Rouge et Or, page 376, Révolutions.



L'une des plus anciennes révolutions sociales tentées est celle menée par les frères Gracchus à Rome, au IIe siècle avant notre ère. Tiberius et Caius voulaient réformer l'agriculture selon un vaste plan, et accorder la citoyenneté à tous les habitants de l'actuelle Italie. Ce projet fut maté par la classe dirigeante (certainement les patriciens) et Caius fut tué avec ses partisans en -121.

source : http://mythologica.fr/rome/bio/gracques.htm

GRACCHUS (Tiberius Sempronius), tribun romain, le premier des Gracques, né en 160 avant notre ère, mort en -133, Tiberius donna de bonne heure les plus grandes espérances.
Il assista à la prise de Carthage, fut questeur en Espagne (-137), sauva l'armée romaine commandée par le consul Mancinus, Il fut nommé tribun en 133. Conscient du mal que causait l'extension exagérée des grands domaines (latifundia), il proposa une loi agraire qui interdisait de posséder plus de cinq cents jugera ( soit 126 hectares) de terres publiques, accordait aux occupants évincés une indemnité, laissait en sus 250 jugera par fils, instituait une commission chargée de veiller à l'exécution de la loi. Les riches décidèrent un tribun, Octavius, à opposer son veto à la loi. Tiberius riposta en suspendant le cours de la justice et de toutes les affairés publiques. Octavius ne cédant pas, il fit voter par le peuple la déchéance des tribuns, illégalité qui lui aliéna les modérés. La loi passa cependant. D'autres propositions démocratiques suivirent ce succès. Tiberius, menacé et calomnié, sentit que l'inviolabilité d'un second tribunat était nécessaire à sa sûreté. Le vote fut interrompu par des violences, Le lendemain, Tiberius, ne pouvant se faire entendre, porta les mains à sa tête pour montrer que sa vie était menacée. On s'écria qu'il demandait une couronne. Nobles et chevaliers se précipitèrent au Capitole. Tiberius fut tué avec trois cents de ses partisans, son cadavre jeté dans le Tibre, Des exécutions et des proscriptions suivirent ces scènes de violences.
GRACCHUS (Caius Sempronius) , tribun du peuple, frère du précédent (-152 à -121), Il reprit l'œuvre de son frère, et tenta sans succès de faire appliquer la loi agraire. Nommé questeur en -126, on le retint trois ans en Sardaigne. Revenu malgré la loi, Il fut élu tribun triomphalement, en -128, compléta la loi agraire en faisant voter l'établissement de colonies, en particulier à Carthage, et entretint sa popularité en réclamant le droit de cité pour les Italiens et en proposant une loi frumentaire.
Pour ruiner la puissance des grands, il fit transférer le pouvoir judiciaire des sénateurs aux chevaliers, et réforma le mode des élections, Pour se défendre, l'aristocratie gagna le tribun Livius Drusus qui à chaque proposition démocratique de Caius répondit par une autre plus démocratique. La popularité de Caius baissa. On réussit à l'éloigner en l'envoyant fonder la colonie de Carthage. Au retour il échoua dans sa candidature à un troisième tribunat. Le consul Opimius entreprit de faire abroger ses lois et commença par la moins populaire, celle qui relevait Carthage de ses ruines, comme entachée de sacrilège. Caius voulut la défendre par la violence, mais ne fut pas suivi et fut réduit à se donner la mort. Son cadavre fut jeté au Tibre, son nom maudit, et trois mille de ses partisans périrent après lui.


Spartacus et les gladiateurs

source : http://www.dinosoria.com/gladiateur.htm




L’exploitation massive des prisonniers asservis au cours des guerres, de plus en plus nombreux et de plus en plus maltraités, crée une situation dangereuse qui finit par aboutir à la révolte. Les esclaves mènent des « guerres serviles ». La plus longue et la plus sanglante de ces révoltes éclate en 73 avant notre ère. Menée par Spartacus, cette guerre durera 2 ans.
S’évadant de son école de gladiateurs à Capone avec une trentaine de ses compagnons, Spartacus appelle aussitôt les esclaves des grands domaines agricoles à se révolter.
Suivi de près de 7 000 hommes, qu’il organise militairement, ce gladiateur thrace se retranche sur le Vésuve. Grossissant de jour en jour, sa troupe ravage fermes, bourgs et villes en Campanie et en Italie du Sud. Marchant ensuite vers le nord, sans doute pour rentrer chez eux, ils détruisent au passage l’armée de Lentulus. Les rebelles ne résistent pas à l’attrait du pillage et malgré l’avis de Spartacus, ils rebroussent chemin et ravagent de nouveau l’Italie.
Mais, traqués par Licinius Crassus, Spartacus et ses hommes décident de fuir par la mer. Ils sont trahis par les pirates qui devaient les emmener. L’affrontement commence alors. Blessé gravement à la cuisse au début des combats, Spartacus continue à combattre à genoux, jusqu’à sa mort. Toute son armée est massacrée.


Les Eduens

source : http://62.193.252.175/index.php?option=com_content&view=article&id=96&Itemid=55




Les Eduens, considérés déjà depuis longtemps comme 'frères du peuple romain', disposaient d'importants privilèges. Lors de la fondation d'Augustodunum, sous l'empereur Auguste, ses habitants bénéficiaient du droit de ne pas payer certains impôts. Or en 21, Tibère, son successeur, décida de rétablir l'impôt de certaines villes gauloises dont Augustodunum.
Un soulèvement fut alors organisé par Julius Sacrovir, un Eduen romanisé. Après avoir fait fabriquer des armes en secret, il organisa ses troupes qui regroupaient des habitants mécontents de la décision de Tibère, des étudiants - au Ier siècle, Augustodunum était devenue une ville universitaire de Gaule - et des gladiateurs entraînés dans une école de la ville. D'après Tacite, auteur latin, les troupes de Sacrovir comptaient 40 000 hommes.
La bataille se tint près d'Augustodunum, peut-être près d'Epinac et s'avéra être un véritable carnage pour les troupes de Sacrovir qui furent anéanties. Sacrovir, quant à lui, réussit à se sauver avec quelques rescapés, s'enferma dans sa villa où il se suicida. Ses compagnons s'entretuèrent après avoir mis le feu à la ville.
Vers 70, un autre soulèvement eut lieu. Il fut dirigé par un dénommé Marric, originaire du peuple des Boïens, voisins des Eduens. Celui-ci regroupa 8 000 paysans, se rendit à Augustodunum et essaya de rallier les habitants à sa cause. Cette fois-ci, la population n'accepta pas de se révolter. Le chef romain Vitellius fit prisonnier Marric et l'envoya à Lyon où il fut mis à mort. Après cet épisode, la ville vécut dans le calme durant de nombreuses années.


Au Moyen-Âge, de nombreuses révoltes paysannes ont eu lieu (en France notamment, les « jacqueries »). Ces révoltes s'étendaient à travers l'ensemble de l'Europe mais aucune n'a vraiment fonctionné.

La Grande Jacquerie

source : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=13580521



« Le 21 mai 1358, cent paysans du Beauvais s'attaquent aux châteaux de leur région, violant et tuant les habitants, brûlant les demeures. Leur révolte s'étend très vite à la paysannerie du bassin parisien. C'est la plus grande des «jacqueries» qui ont ensanglanté les campagnes françaises au Moyen Age. Ces révoltes sont ainsi nommées d'après l'appellation de Jacques ou Jacques Bonhomme donnée aux paysans.
Les révoltés figurent parmi les paysans aisés de l'une des régions les plus riches d'Europe.
Depuis l'épidémie de peste qui a ravagé l'Occident dix ans plus tôt, ils sont en situation de mieux faire valoir leurs droits car les seigneurs sont partout en quête de main-d'œuvre pour remettre en culture les terres abandonnées.
La Grande Jacquerie survient peu après que les chevaliers français aient été écrasés par les Anglais à Poitiers. Le roi est prisonnier à Londres tandis que Paris est sous la coupe d'Étienne Marcel, le prévôt des marchands.
Les paysans ne supportent pas que les nobles, qui ont lâchement fui devant les Anglais, fassent maintenant pression sur eux pour leur extorquer de nouvelles taxes.
Ceux-ci n'en écrasent pas moins les Jacques à Clermont-sur-Oise le 10 juin 1358. Les chefs des révoltés sont impitoyablement torturés et exécutés. En dépit de ce drame, les révoltes paysannes se renouvelleront les années suivantes, notamment en Angleterre, en 1381, avec Wat Tyler, et en Hongrie. »


A part peut-être celle de War Tyler en Angleterre, au XIVe siècle. Celui-ci souleva les paysans anglais et marcha sur Londres.

Wat Tyler

source : http://www.gauchemip.org/spip.php?article4610



« 15 juin 1381 : Wat Tyler est assassiné. La révolution populaire de Londres échoue

Depuis 1337, la "Guerre de Cent Ans" oppose le roi d’Angleterre au roi de France. Après une période faste pour les troupes anglaises entre 1346 (bataille de Crécy) et 1356 (bataille de Poitiers), les armées royales françaises de Charles V et Du Guesclin chassent leurs ennemis de tout le territoire continental sauf quelques ports (Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux).
S’appuyant sur un royaume trois fois moins peuplé que la France, le roi d’Angleterre fait payer la guerre à ses sujets par de lourds impôts, particulièrement aux dépens des paysans, artisans, employés ( le Statut des travailleurs de 1351 bloque les salaires).
Les combats pour la Succession royale de Castille et en Aquitaine de 1369 à 1375 coûtent particulièrement cher. En 1376, les Communes (représentantes d’un essor urbain déjà significatif) mettent en cause les choix militaires du souverain ainsi que les privilèges du clergé ; ils déclenchent ainsi une crise politique. cependant, les tensions sociales sont encore plus fortes dans les milieux populaires confrontés aux mauvaises récoltes et une forte hausse des prix.
En 1380, le Parlement vote la levée d’une poll tax sur tous les hommes de 15 ans et plus (4 livres pour les plus riches, 4 pences pour les pauvres). Cela accroît la charge fiscale de 65% par rapport à 1376.
La révolte explose en mai 1381 dans l’Essex (Est de Londres) et le Kent (Sud de Londres). Elle se répand assez rapidement dans 16 comtés sur 37, particulièrement le Norfolk et Suffolk (Nord de Londres), de même que les Midlands (Birmingham). La capitale connaît un paroxysme du mouvement vers la mi-juin.
Les historiens sont d’accord sur la base sociale essentiellement pauvre sinon misérable de ce soulèvement : serfs, petits artisans, tenanciers, travailleurs. Les chefs les plus connus sont eux-mêmes issus de ces milieux (Wat Tyler, Jack Straw, Geoffrey Lister...).
Sheriffs, percepteurs, abbayes, châteaux et parfois maisons de riches bourgeois détestés font les frais de la jacquerie des croquants. Parmi les revendications, notons le refus de la poll tax et l’exigence de chartes d’affranchissement pour les serfs.
Le 11 juin 1381, 60000 rebelles (peut-être 100000) parviennent à Londres en provenance de l’Essex et du Kent. Le 12, ils campent sur la colline de Blackheath. Le 13, des bandes parcourent la capitale, pillant des palais et établissements religieux, ralliant à eux les milieux populaires urbains.
Le 14, le Roi négocie et fait plusieurs promesses dont l’abolition du servage. Qui conduit la délégation des insurgés ? Wat Tyler. C’est un ancien valet d’armes qui a combattu en France avant de revenir comme paysan. Un jour, un percepteur se présente chez lui et entreprend de violer sa fille de 15 ans. Tyler le tue à coups de marteau mais devient inévitablement un hors la loi. Au printemps 1381, les paysans du Kent l’élisent à leur tête.
Le 15, Tyler doit avoir une nouvelle entrevue avec le Roi mais il est rapidement assassiné par l’escorte de celui-ci (dont le maire de Londres). La délégation royale berne alors le reste de la délégation sur les raisons de la mort de leur chef et sur le fait que les promesses (dont l’affranchissement) seront tenues. Les insurgés acceptent de quitter Londres. En fait, l’armée levée par Robert Knowles les attend à la sortie de la ville. Beaucoup sont exterminés sur place.
Clergé, noblesse, bourgeoisie urbaine, grands propriétaires ruraux sont ragaillardis par ce carnage et passent à la contre-offensive. Les différents soulèvements locaux sont alors écrasés et les promesses comme l’abolition du servage oubliées. Des milliers de paysans sont encore massacrés. Un dirigeant comme John Ball est pendu et écartelé. »


Une autre grande révolte paysanne du Moyen-Âge a eu lieu au XVIe siècle, par des paysans allemands. Cette révolte engendrée principalement par la misère et le rêve d'un ordre social égalitaire (issu des courants les plus radicaux du Protestantisme), dura 2 ans (1524-1526) avant de s'écraser sous une répression épouvantable entraînant la mort de 100 000 individus. On retient aujourd'hui l'appellation de « guerre des Paysans » pour désigner cette tentative de révolution sociale.

La guerre des paysans allemands : 1525

Voici un extrait d'une longue série de documentation sur cette révolte des paysans allemands :
source : http://membres.multimania.fr/jpmarat/febkf.html




« III Précurseurs de la guerre des paysans entre 1476 et 1517

Cinquante ans environ après la répression du mouvement hussite, se manifestèrent les premiers symptômes de l'esprit révolutionnaire qui germait chez les paysans allemands.
C'est dans l'évêché de Wurzbourg, région que la guerre des hussites, « les mauvais gouvernements, les nombreux impôts, les taxes, les dissensions, les hostilités, la guerre, l'incendie, le meurtre, la prison, etc. » avaient déjà appauvrie et que continuellement les évêques, les prêtres et les nobles pillaient sans vergogne, qu'éclata en 1476 la première révolte paysanne. Un jeune berger et musicien, Hans Böheim de Nicklashausen, appelé également Jean le Timbalier et Jean le Joueur de fifre, entra subitement en scène comme prophète dans la vallée de la Tauber. Il racontait que la Vierge Marie lui était apparue et qu'elle lui avait ordonné de brûler son tambourin, de cesser de s'adonner à la danse et aux autres plaisirs coupables, et d'exhorter au contraire le peuple à la pénitence. Chacun devait renoncer à ses pêchés et aux vanités de ce monde, quitter toute parure et tout ornement, et se rendre en pèlerinage auprés de la Vierge, à Niklashausen, pour obtenir le pardon de ses pêchés.
Nous trouvons déjà ici, chez le premier précurseur du mouvement, cet ascétisme que nous rencontrons dans toutes les révoltes teintées de religion du moyen âge, ainsi que dans les temps modernes au début de chaque mouvement prolétarien. Cette rigueur de moeurs ascétique, cette exigence de renonciation à toutes les jouissances et à tous les plaisirs de l'existence établissent d'une part, en face des classes dominantes, le principe de l'égalité spartiate, et constituent d'autre part une étape de transition nécessaire, sans laquelle la couche inférieure de la société ne peut jamais se mettre en mouvement. Pour développer son énergie révolutionnaire, pour acquérir une conscience claire de sa position hostile à l'égard de tous les autres éléments de la société, pour se concentrer elle-même en tant que classe, elle doit commencer par rejeter tout ce qui pourrait la réconcilier avec le régime social existant, renoncer aux rares plaisirs qui lui font encore momentanément supporter son existence opprimée, et que même l'oppression la plus dure ne peut lui arracher. Cet ascétisme plébéien et prolétarien se distingue absolument par sa forme farouchement fanatique comme par son contenu, de l'ascétisme bourgeois, tel que le prêchaient la morale bourgeoise luthérienne et les puritains anglais (à la différence des indépendants et des sectes plus avancées), et dont tout le secret réside dans l'esprit d'épargne bourgeois. Il va d'ailleurs de soi que cet ascétisme plébéien et prolétarien perd son caractère révolutionnaire au fur et à mesure que, d'une part, le développement des forces de production modernes multiplie à l'infini les objets de jouissance, rendant ainsi superflue l'égalité spartiate, et que, d'autre part, la situation sociale du prolétariat, et par conséquent le prolétariat lui-même, deviennent de plus en plus révolutionnaires. Cet ascétisme disparaît dès lors peu à peu dans les masses et se perd dans les sectes qui s'y obstinent, soit directement dans la ladrerie bourgeoise, soit dans une emphatique chevalerie de la vertu, qui en pratique aboutit également à une avarice de petits bourgeois ou d'artisans bornés. Il est d'autant moins nécessaire de prêcher la renonciation à la masse des prolétaires qu'ils ne possèdent presque plus rien à quoi ils puissent encore renoncer. »


Histoire


1 commentaire
 

01.05.2011 - 22h20
 23.02.2011 - 01h56
23.02.2011 - 01h55
Réservé aux membres. Inscription | Connexion
18.02.2011 - 00h09

Archives du blog
2011
  (1)mai  (1)
  (3)février  (3)