Biographie
Uppaluri Gopala Krishnamurti, également connu sous le pseudonyme de l'éveillé impertinent. (Ne pas confondre avec Juddi Khristnamurti, même si leurs pensées sont proches et qu'ils était contemporain, maitres et élève.)
Je ne me risquerai pas à tenter de lui offrir une biographie, mais, je vais plutôt vous donner son propre avis quand aux biographes...
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"Les autobiographies ne sont que mensonges. Les biographies sont doublement mensongères, parce que la biographie et son auteur mentent tous les deux. Tout ce que je pourrais dire sur ma vie passée est forcément déformé par ma condition présente. Ceci dit, je suis un analphabète qui ne sait ni lire ni écrire."
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La lecture d'UGK est quelque chose d'éprouvant pour les personnes qui ne sont pas habitué aux concepts philosophiques ou métaphysiques, mais une vrai catapulte cosmique pour ceux qui on déjà fait un certain travail sur soi.
Un grand merci à lui, et en hommage, je lui offre cette humble article, qui à au moins le mérite de permettre un travail de mémoire d'une des pensées les plus atmosphériques, et des plus accessibles du 20eme siècle.
Vidéos
Lo Stato Naturale di U.G. Krishnamurti
Citations
"Que l'Inde produise des gens comme moi, puis les proclame "illuminés" est la preuve qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans cette contrée. Si l'enseignement est faux, c'est que les maîtres sont faux."
"Mourez à la Durée. Mourez à la conception total du Temps : au passé, au présent et au futur. Mourez aux systèmes, mourez aux symboles, mourez aux mots, car ce sont des facteurs de décomposition. Mourez à votre psychisme car c'est lui qui fabrique le Temps psychologique. Ce Temps n'a aucune réalité."
"II n'y a d'images symboliques que dans les parties inexplorées de la conscience. Même les mots ne sont que des symboles. Il faut crever les mots."
Interview
Extrait de l'interview de Uppaluri Gopala Krishnamurti par Carlos Suarès
Voici un entretien exceptionnel réalisé par Carlo Suarès pour la revue Planète (n°14 / jan-fev 1964). Ce texte a été rédigé sur les notes prises au cours d'une semaine d'entretien qui ont eu lieu en français. Il a été lu et corrigé par Krishnamurti lui-même. On peut y voir une mise au point d'une des pensée les plus originales qui soient, et, peut-être une sorte de testament spirituel.
[...]
Uppaluri Gopala Krishnamurti : Que me veulent-ils, vos amis de Planète (La revue ou travail Carlos Suarez) ? Veulent-ils des faits réels, ou simplement de l'érudition ? Pensent-ils que je leur apporterai des résultats de lectures ? Des conclusions ? Des opinions ? Des synthèses ? Des idées ?
Carlos Suarès : Ce n'est pas ce qu'ils veulent.
Uppaluri Gopala Krishnamurti : Dites-Ieur que je n'ai rien lu, que je n'ai pas de références. Pour moi, il n'y a de mutation psychologique que lorsque cesse le processus additif.
Carlos Suarès : Vous venez de prononcer le mot de mutation.
C'est un mot que l'on trouve souvent dans Planète. mais accompagné, en général, de l'idée que la métamorphose de ce monde moderne peut nous amener, comme naturellement, à un changement d'état intérieur, tandis que vous voulez une révolution totale et immédiate de la conscience, que ne peut provoquer aucune évolution.
Uppaluri Gopala Krishnamurti : Nous savons tous que notre époque est explosive, que les moyens de l'homme, demeurés à peu de chose près constants pendant des millénaires, sont tout à coup multipliés des millions de fois ; que les calculateurs électroniques, pour ne mentionner que cela, deviennent d'heure en heure plus fantastiques; que demain on ira dans la Lune ou ailleurs; que la biologie est en train de découvrir le mystère de la vie et même de créer la vie.
Nous savons que les données les mieux établies de la science s'écroulent; que tout est constamment remis en question et que les cerveaux sont contraints et forcés de se mettre en mouvement.
Nous savons tout cela; il n'est donc pas nécessaire de revenir sur cet aspect de notre époque. Dans la confusion actuelle, l'homme est à la recherche d'une sécurité matérielle qui ne peut être trouvée que par des connaissances technologiques.
Les religions sont devenues des superstructures qui n'ont guère une réelle importance dans les affaires du monde, cependant que les questions fondamentales demeurent sans réponse: le Temps, la Douleur, la Peur...
[...]
Carlos Suarès : Je n'imagine pas un "mutant", c'est-à-dire un homme changeant d'état de conscience, qui n'emporterait pas avec lui la résultante de tout le passé. L'homme modifie le milieu et le milieu le modifie...
Uppaluri Gopala Krishnamurti : Non : l'homme modifie le milieu et le milieu modifie telle partie de l'homme qui est branchée sur la modification du milieu, non l'homme tout entier, dans son extrême profondeur.
Aucune pression extérieure ne peut faire cela: elle ne modifie que des parties superficielles de la conscience. Aucune analyse psychologique ne peut non plus provoquer la mutation car toute analyse se situe dans le champ de la durée. Et aucune expérience ne peut la provoquer, quelque exaltée et« spirituelle» qu'elle soit.
Au contraire, plus elle apparaît comme une révélation, plus elle conditionne.
Dans les deux premiers cas - modification psychologique produite par l'analyse ou introspection, et modification produite par une pression extérieure - l'individu ne subit aucune transformation profonde: il n'est que modifié, façonné, réajusté, de manière à être adapté au social.
Dans le troisième cas. modification amenée par une expérience dite spirituelle, soit conforme à une foi organisée, soit toute personnelle, l'individu est projeté dans l'évasion que lui dicte l'autorité de quelque symbole.
Dans tous les cas il y a action d'une force contraignante prenant appui sur une morale sociale, c'est-à-dire un état de contradiction et de conflits.
Toute société est contradictoire en soi. Toute société exige des efforts de la part de ceux qui la constituent.
Or contradiction, , effort, compétition sont des barrières qui empêchent toute mutation, car mutation veut dire liberté.
[...]
Carlos Suarès : Il ne s'agit pas que du cerveau. Notre conscience s'élargit à la mesure de la planète, et ce qui se passe à l'autre bout du monde...
Uppaluri Gopala Krishnamurti : Oui, oui, ,j'ai compris...
Carlos Suarès : ... Les moines bouddhistes qui se font briller, les noirs d'Amérique...
Uppaluri Gopala Krishnamurti : Mais oui, mais oui, ils font partie de nous, et l'effroyable misère en Asie, et toutes les tyrannies partout, et la cruauté, et l'ambition, et l'avidité, et les innombrables conflits du monde ; nous sentons tout cela. Tout cela, c'est nous.
Ayez tout cela totalement présent à l'esprit, et voyez à quelle extraordinaire profondeur doit se faire la mutation.
[...]
Références
Interview complète
Mise à jour : 03/12/10 23h30
Métaphysique, Spiritualité, Psychologie, Société
yab léo 31.12.2010 - 16h41 |
...A lire en entier...et a digérer quand l'intellect n'est plus en action.
Ensuite le rejeter entierement car ce ne sont que des mots.
Je me permet de retirer une autre citation de cette interview:
"Carlos Suarès : Récapitulons. Tant qu'existe dans la conscience un conflit, quel qu'il soit, il n'y a pas mutation. Tant que domine sur nos pensées l'autorité de l'Église ou de l'État, il n'y a pas mutation. Tant que notre expérience personnelle s'érige en autorité intérieure, il n'y a pas mutation. Tant que l'éducation, le milieu social, la tradition, la culture, bref notre civilisation, avec tous ses rouages, nous conditionne, il n 'y a pas mutation. Tant qu'il y a adaptation, il n'y a pas mutation. Tant qu'il y a évasion, de quelque nature qu'elle soit, il n'y a pas mutation. Tant que je m'efforce vers une ascèse, tant que je crois à une révélation, tant que j'ai un idéal quel qu'il soit, il n'y a pas mutation. Tant que je cherche à me connaître en m'analysant psychologiquement, il n'y a pas mutation. Tant qu'il y a effort vers une mutation, il n'y a pas mutation. Tant qu'il y a image, symbole, ou des idées, ou même des mots, il n'y a pas mutation. En ai-je assez dit? Non pas. Car, parvenu à ce point, je ne peux qu'être amené à ajouter: tant qu'il y a pensée, il n'y a pas mutation.
Krishnamurti : C'est exact."
Pour Krishnamurti, la mutation c'est la liberté. La liberté c'est la profonde connaissance de soi et surtout de ses peurs. Ce connaitre c'est mourir et renaitre car la vie et la mort ne font qu'un.
Qui est a l'origine, l'oeuf ou la poule?
Ensuite le rejeter entierement car ce ne sont que des mots.
Je me permet de retirer une autre citation de cette interview:
"Carlos Suarès : Récapitulons. Tant qu'existe dans la conscience un conflit, quel qu'il soit, il n'y a pas mutation. Tant que domine sur nos pensées l'autorité de l'Église ou de l'État, il n'y a pas mutation. Tant que notre expérience personnelle s'érige en autorité intérieure, il n'y a pas mutation. Tant que l'éducation, le milieu social, la tradition, la culture, bref notre civilisation, avec tous ses rouages, nous conditionne, il n 'y a pas mutation. Tant qu'il y a adaptation, il n'y a pas mutation. Tant qu'il y a évasion, de quelque nature qu'elle soit, il n'y a pas mutation. Tant que je m'efforce vers une ascèse, tant que je crois à une révélation, tant que j'ai un idéal quel qu'il soit, il n'y a pas mutation. Tant que je cherche à me connaître en m'analysant psychologiquement, il n'y a pas mutation. Tant qu'il y a effort vers une mutation, il n'y a pas mutation. Tant qu'il y a image, symbole, ou des idées, ou même des mots, il n'y a pas mutation. En ai-je assez dit? Non pas. Car, parvenu à ce point, je ne peux qu'être amené à ajouter: tant qu'il y a pensée, il n'y a pas mutation.
Krishnamurti : C'est exact."
Pour Krishnamurti, la mutation c'est la liberté. La liberté c'est la profonde connaissance de soi et surtout de ses peurs. Ce connaitre c'est mourir et renaitre car la vie et la mort ne font qu'un.
Qui est a l'origine, l'oeuf ou la poule?
xo 11.12.2012 - 23h27 |
U. G. Krishnamurti
source: fr.wikipedia.orgMise à jour de la page wikipedia en Français sur Uppaluri Goppala Krishnamurti!!
Enfin
Uppaluri Gopala Krishnamurti (9 juillet 1918 – 22 mars 2007), connu en tant que U. G. Krishnamurti, fut un penseur indien qui a questionné l'illumination. Bien qu'elle soit nécessaire pour un fonctionnement de l'individu au jour le jour, il rejetait la base même de la « pensée » en termes de Réalité Ultime ou de Vérité. Ce faisant, il niait tout système de pensée ou de connaissance s'y référant.
« Tell them that there is nothing to understand. » (Dites-leur qu'il n'y a rien à comprendre.)
Bien que beaucoup le considèrent comme un « éveillé », au sens de personne ayant atteint l'illumination, U. G. s'est souvent référé à son propre état d'être comme « l'état naturel ». Il affirmait que l'exigence d'illumination (ou d'éveil) était la seule chose barrant le chemin vers l'illumination elle-même, si tant est que l'illumination existe.
Son approche est radicalement différente, voire parfois sans rapport, avec celle de son contemporain Jiddu Krishnamurti, avec lequel il ne faut pas le confondre, bien que les deux hommes se soient rencontrés quelques fois. C'est pourquoi, afin d'éviter toute confusion, il est habituellement désigné en tant que « U.G ».
Lire la suite sur wikipedia, page très complète !!!
Le sommaire :
1 Jeunesse
2 Quête
3 Période de Londres
4 Début de la période suisse
5 Calamité
6 Après la calamité
7 Santé
8 Décès
9 Philosophie
10 Bibliographie
11 Notes et Références
12 Lectures complémentaires
13 Liens externes
xo 12.03.2013 - 21h30 |
source: sinouhe.over-blog.com
Uppaluri Gopala Krishnamurti : l'éveillé impertinent
Entretien de Joël Labruyère avec Charles Antoni qui a publié Pertinences Impertinentes, un témoignage de sa rencontre avec Uppaluri-Gopala Krishnamurti, «anti-gourou» indien.
Joël Labruyère: Originaire de l'Inde, U. G. Krishnamurti (à ne pas confondre avec l'autre Krishnamurti, mondialement célèbre) est assez peu connu. Gopala ne veut pas être importuné, et vous êtes le dernier à l'avoir rencontré pour lui soutirer quelques confidences. Peut-on dire de ce personnage qu'il est une sorte d'anti-gourou?
Charles Antoni: U.G. est un personnage au-delà de toutes les normes. C'est un anti-tout. Il vient de Madras où il fut élevé dans le cadre de la Société Théosophique. Ses parents, qui lui prédisaient un destin particulier, l'avaient mis dans une école théosophique pour qu'il bénéficie d'un environnement privilégié. Il a suivi l'évolution de Krishnamurti, l'enfant chéri des théosophes, élevé pour devenir le messie du vingtième siècle, mais qui leur a cassé la baraque en rejetant toute autorité spirituelle. Cela lui a sans doute montré la voie. U.G. a poursuivi sa recherche en rencontrant d'autres maîtres tel Ramana Maharshi, mais je crois que Krishnamurti l'a beaucoup influencé. Après la rupture de Krish-namurti avec la sphère des «maîtres», U.G. a conclu que tout cela n'était qu'un fatras.
Joël Labruyère: Krishnamurti a dit: «J'ai pulvérisé le rocher sur lequel j'ai grandi», et «il n'y a pas de chemin qui conduit à la vérité.» UG ne veut-il pas à en rajouter une couche?
Charles Antoni: Oui, dans la foulée, on peut dire qu'U.G. a voulu pulvériser Krishnamurti également, du moins en paroles. U.G. pense que Krishnamurti s'est malgré tout cantonné dans une position d'autorité, tout en rejetant toutes les autorités. Quant à lui, U.G. rejette radicalement toutes les spiritualités. Il pense que cela ne mène nulle part. Il rejette également le matérialisme, ce qui signifie qu'il ne reste pas grand chose. C'est pourquoi U.G. peut être dangereux pour des personnes qui n'ont pas assez navigué à travers les doctrines spirituelles. Tout à coup, on ne sait plus à quel saint se vouer. Si tout est bidon, où sont les bornes pour se tenir debout? Par contre, l'expérience d'U.G est instructive pour un chercheur qui s'est cassé la figure sur les peaux de bananes du supermarché spiritualiste.
Joël Labruyère: Quelle est l'idée dominante qui ressort de la démarche d'U.G.?
Charles Antoni: Il dit qu'on a très peu de chance d'arriver à quelque chose. Son idée, c'est de retrouver l'état naturel, ce que nous sommes tout simplement. Il ne s'agit pas de retourner à l'état animal, mais de ne prendre en compte que les besoins naturels. Il faut revenir à l'état naturel, sans la complication du mental. Pour U.G., le mental est en trop. Cela ne nous empêche pas de savoir ce qu'est un feu rouge, mais la connaissance utile s'arrête là. Je pense que dans le fond, il nie l'évolution humaine en prenant pour exemple l'état lamentable du monde. S'il y a une certaine évolution technologique, on voit bien par ailleurs qu'il se crée des foyers de guerre partout. L'évolution humaine est rudimentaire. Elle n'est faite que de bonnes intentions. U.G. prend l'exemple de l'Inde. Voilà une grande civilisation spirituelle où l'on crève de faim en invoquant le ciel. Il y a quand même un problème.
Joël Labruyère: Non seulement U.G. conteste la tradition spirituelle, mais il considère les grands initiés comme des imposteurs. Il parle du Bouddha comme d'un charlatan qui aurait fait plonger l'humanité dans des conditions encore pires. Comment expliquer ce point de vue extrémiste?
Charles Antoni: Je crois qu'il s'agit de provocation. Si U.G. avait connu personnellement le Bouddha, il l'aurait sans doute apprécié. Sa provocation est dirigée contre ceux qui ont transformé le message originel. C'est contre les intermédiaires que U.G. s'érige. Il dénonce les magouilles des intermédiaires qui fabriquent des idoles mortes avec la vie elle-même. Dans la philosophie du Chan, on dit: «Si tu vois le Bouddha, crache lui dessus.» Pour les initiés, cette attitude n'est pas iconoclaste. Elle est libératrice.
Joël Labruyère: U.G. ne nie pas avoir vécu un état d'illumination spécial qu'il appelle sa «calamité». Il s'agit d'une expérience très curieuse avec apparition de phénomènes physiques et de traces mystérieuses sur le corps. On pense à une expérience tantrique. De quoi s'agit-il?
Charles Antoni: Il parle d'une calamité physique, mais on ne sait pas s'il s'agit d'une montée de kundalini ou d'un processus inconnu. U.G. a vécu cela comme une transformation biologique qu'on ne peut pas relier avec une expérience traditionnelle. Déjà, les Théosophes clairvoyants ne comprenaient rien au processus de transformation de Krishnamurti. Il s'agit de quelque chose qui est au-delà de l'occultisme. Cela proviendrait d'une autre dimension. Cette force ne toucherait que ceux qui veulent sortir du circuit de l'évolution planétaire.
Joël Labruyère: U.G. parle d'une renaissance de la glande du thymus comme certains adeptes de la tradition hermétiste occidentale. C'est un courant initiatique assez secret.
Charles Antoni: Oui, le système glandulaire est d'une importance fondamentale dans la transformation intérieure. Le contrôle du fonctionnement glandulaire donne le pouvoir sur tout, et particulièrement le thymus qui est le centre de la vitalité et de l'immunité. Cette glande, située derrière le sternum, est atrophiée chez l'adulte, mais elle constitue le réservoir de vitalité chez l'enfant jusqu'à sept ans. U.G. semble connaître le processus de régénération par le thymus. A quatre vingt six ans, il a d'ailleurs l'allure d'un adolescent.
Joël Labruyère: Les adeptes de l'alchimie interne disent que le thymus peut se réveiller et produire à nouveau des hormones qui vont servir à édifier un être éternel à l'intérieur de la créature mortelle que nous sommes. Il s'agirait d'une renaissance. On pense que les cathares ont été massacrés parce qu'ils pratiquaient cette initiation.
Charles Antoni: Dans le Christianisme, on représente le Christ avec le coeur ouvert et une lumière rayonnante au centre de la poitrine. C'est l'indication que la libération passe par le coeur, et qu'il s'agit d'un processus organique, au lieu du mysticisme dont on entoure ce symbole. Si sternum signifie «rayonnant», on comprend mieux la notion d'amour rayonnant, mais comme dit un maître japonais: «Quand j'entend parler d'amour, je frappe.» C'est pourquoi, lorsqu'il entend parler d'amour, U.G. devient acerbe, car il rejette la sentimentalité, ce qui ne l'empêche pas d'être charmant et de bonne compagnie. L'amour réel n'est pas celui qu'on voit dans la vie ordinaire. L'amour n'est pas de l'humanitarisme. C'est un état qu'on ne peut connaître qu'après un processus de renaissance, mais U.G. ne fait pas de théorie à ce sujet. Il ne dit même pas qu'il faut essayer d'y parvenir. Cela arrive par accident. Il parle d'une «calamité» qui lui est tombée dessus et qu'il supporte comme tout le reste.
Joël Labruyère: Mais si on ne peut rien faire, à quoi bon se fatiguer à chercher?
Charles Antoni: U.G. dit que malgré tous nos efforts, nous avons peu de chance. On ne sait pas comment et pourquoi ça nous tombe dessus. Il est fort possible que cela arrive lorsqu'on ne croit plus en rien, quand la limite de la désillusion est atteinte. Celui qui est un véritable baroudeur, et qui est parvenu au point où il a tout laissé tomber, à sans doute les dispositions requises, à condition qu'il demeure assoiffé d'absolu. On retrouve cela dans le Zen: l'illumination survient au moment où on s'y attend le moins. C'est l'idée du Chan également. U.G. insiste beaucoup sur cette transformation biologique dont les maîtres spirituels parlent peu, peut-être par prudence, ou parce qu'ils n'y ont pas accès eux-mêmes.
Joël Labruyère: On peut donc dire que U.G. n'est pas un nihiliste, mais qu'il rejette uniquement ce qui n'a aucune importance à ses yeux. U.G. ne cherche pas à transmettre sa connaissance. Il ne veut même pas en parler, alors qu'il prétend être libéré de tout souci et de la peur. Pourquoi n'en fait-il pas profiter les autres?
Charles Antoni: A mon avis, c'est une question de tempérament. Certains sont disposés à en parler et d'autres, non. Le caractère de U.G. c'est de prendre les choses comme elles sont sans se poser de question. Il a toujours vécu à la limite, puisqu'il a été clochard, dormant dans la rue. Il a sauté à pieds joints dans un lâcher-prise absolu. Il était prêt à se laisser mourir, et d'ailleurs, en cas de maladie, il se «couche dans un coin et attend en gémissant comme un chien.» Il affirme qu'un être vivant n'a pas à se poser de question sur la vie et la mort, ou la vie après la mort. Quelqu'un de vivant est simplement occupé à vivre.
Joël Labruyère: U.G. ne donne-t-il pas l'impression d'avoir atteint la sérénité parce que quelque chose de nouveau est programmé dans son corps, et qu'il sait qu'il est tiré d'affaire?
Charles Antoni: Pour lui, l'idée d'atteindre quelque chose n'existe pas car il a abandonné tous les concepts. Bien qu'il fasse preuve d'une compassion naturelle, on ne trouve chez lui aucune trace de nos bons sentiments. Il n'est pas missionné pour sauver qui que ce soit. Selon lui, celui qui prétend vouloir aider autrui démontre qu'il éprouve encore des besoins. Vouloir faire du bien ne serait qu'un besoin égocentrique. U.G. va encore plus loin, puisqu'il prétend que tout désir d'accomplir une action provient de l'attachement. Il semble avoir décroché de toutes les convenances, alors qu'il continue à vivre normalement à Londres dans une maison confortable. Personne ne sait d'où lui vient l'argent, car il ne donne pas de conférences et n'écrit pas de livres. Aujourd'hui, il refuse même les interviews, et j'ai été le dernier à l'interroger. On sait qu'il voyage, il va en Chine ou ailleurs, sans laisser d'adresse. Pourquoi voyage-t-il? Personne ne le sait.
Joël Labruyère: Est-ce qu'en approchant ce personnage, on est tenté de l'imiter?
Charles Antoni: J'ai rencontré quelqu'un qui s'est débarrassé de toutes les idées que nous traînons péniblement derrière nous. Mais il n'y a rien à imiter. Lorsqu'on pige le truc, on n'a pas envie d'être comme U.G. ou n'importe qui d'autre. On est soi-même. Lui, à quatre-vingt six ans, avec son physique enfantin, donne l'impression d'une grande légèreté. Il adore cuisiner pour ses invités, mais je ne l'ai vu manger que des céréales avec du lait comme un gosse. Il ne vous accable pas de théories. C'est bien rafraîchissant.
Charles Antoni, U.G. Pertinences Impertinentes,
éditions L'Originel, 25 rue Saulnier, F-75009 Paris.
Uppaluri Gopala Krishnamurti : l'éveillé impertinent
Entretien de Joël Labruyère avec Charles Antoni qui a publié Pertinences Impertinentes, un témoignage de sa rencontre avec Uppaluri-Gopala Krishnamurti, «anti-gourou» indien.
Joël Labruyère: Originaire de l'Inde, U. G. Krishnamurti (à ne pas confondre avec l'autre Krishnamurti, mondialement célèbre) est assez peu connu. Gopala ne veut pas être importuné, et vous êtes le dernier à l'avoir rencontré pour lui soutirer quelques confidences. Peut-on dire de ce personnage qu'il est une sorte d'anti-gourou?
Charles Antoni: U.G. est un personnage au-delà de toutes les normes. C'est un anti-tout. Il vient de Madras où il fut élevé dans le cadre de la Société Théosophique. Ses parents, qui lui prédisaient un destin particulier, l'avaient mis dans une école théosophique pour qu'il bénéficie d'un environnement privilégié. Il a suivi l'évolution de Krishnamurti, l'enfant chéri des théosophes, élevé pour devenir le messie du vingtième siècle, mais qui leur a cassé la baraque en rejetant toute autorité spirituelle. Cela lui a sans doute montré la voie. U.G. a poursuivi sa recherche en rencontrant d'autres maîtres tel Ramana Maharshi, mais je crois que Krishnamurti l'a beaucoup influencé. Après la rupture de Krish-namurti avec la sphère des «maîtres», U.G. a conclu que tout cela n'était qu'un fatras.
Joël Labruyère: Krishnamurti a dit: «J'ai pulvérisé le rocher sur lequel j'ai grandi», et «il n'y a pas de chemin qui conduit à la vérité.» UG ne veut-il pas à en rajouter une couche?
Charles Antoni: Oui, dans la foulée, on peut dire qu'U.G. a voulu pulvériser Krishnamurti également, du moins en paroles. U.G. pense que Krishnamurti s'est malgré tout cantonné dans une position d'autorité, tout en rejetant toutes les autorités. Quant à lui, U.G. rejette radicalement toutes les spiritualités. Il pense que cela ne mène nulle part. Il rejette également le matérialisme, ce qui signifie qu'il ne reste pas grand chose. C'est pourquoi U.G. peut être dangereux pour des personnes qui n'ont pas assez navigué à travers les doctrines spirituelles. Tout à coup, on ne sait plus à quel saint se vouer. Si tout est bidon, où sont les bornes pour se tenir debout? Par contre, l'expérience d'U.G est instructive pour un chercheur qui s'est cassé la figure sur les peaux de bananes du supermarché spiritualiste.
Joël Labruyère: Quelle est l'idée dominante qui ressort de la démarche d'U.G.?
Charles Antoni: Il dit qu'on a très peu de chance d'arriver à quelque chose. Son idée, c'est de retrouver l'état naturel, ce que nous sommes tout simplement. Il ne s'agit pas de retourner à l'état animal, mais de ne prendre en compte que les besoins naturels. Il faut revenir à l'état naturel, sans la complication du mental. Pour U.G., le mental est en trop. Cela ne nous empêche pas de savoir ce qu'est un feu rouge, mais la connaissance utile s'arrête là. Je pense que dans le fond, il nie l'évolution humaine en prenant pour exemple l'état lamentable du monde. S'il y a une certaine évolution technologique, on voit bien par ailleurs qu'il se crée des foyers de guerre partout. L'évolution humaine est rudimentaire. Elle n'est faite que de bonnes intentions. U.G. prend l'exemple de l'Inde. Voilà une grande civilisation spirituelle où l'on crève de faim en invoquant le ciel. Il y a quand même un problème.
Joël Labruyère: Non seulement U.G. conteste la tradition spirituelle, mais il considère les grands initiés comme des imposteurs. Il parle du Bouddha comme d'un charlatan qui aurait fait plonger l'humanité dans des conditions encore pires. Comment expliquer ce point de vue extrémiste?
Charles Antoni: Je crois qu'il s'agit de provocation. Si U.G. avait connu personnellement le Bouddha, il l'aurait sans doute apprécié. Sa provocation est dirigée contre ceux qui ont transformé le message originel. C'est contre les intermédiaires que U.G. s'érige. Il dénonce les magouilles des intermédiaires qui fabriquent des idoles mortes avec la vie elle-même. Dans la philosophie du Chan, on dit: «Si tu vois le Bouddha, crache lui dessus.» Pour les initiés, cette attitude n'est pas iconoclaste. Elle est libératrice.
Joël Labruyère: U.G. ne nie pas avoir vécu un état d'illumination spécial qu'il appelle sa «calamité». Il s'agit d'une expérience très curieuse avec apparition de phénomènes physiques et de traces mystérieuses sur le corps. On pense à une expérience tantrique. De quoi s'agit-il?
Charles Antoni: Il parle d'une calamité physique, mais on ne sait pas s'il s'agit d'une montée de kundalini ou d'un processus inconnu. U.G. a vécu cela comme une transformation biologique qu'on ne peut pas relier avec une expérience traditionnelle. Déjà, les Théosophes clairvoyants ne comprenaient rien au processus de transformation de Krishnamurti. Il s'agit de quelque chose qui est au-delà de l'occultisme. Cela proviendrait d'une autre dimension. Cette force ne toucherait que ceux qui veulent sortir du circuit de l'évolution planétaire.
Joël Labruyère: U.G. parle d'une renaissance de la glande du thymus comme certains adeptes de la tradition hermétiste occidentale. C'est un courant initiatique assez secret.
Charles Antoni: Oui, le système glandulaire est d'une importance fondamentale dans la transformation intérieure. Le contrôle du fonctionnement glandulaire donne le pouvoir sur tout, et particulièrement le thymus qui est le centre de la vitalité et de l'immunité. Cette glande, située derrière le sternum, est atrophiée chez l'adulte, mais elle constitue le réservoir de vitalité chez l'enfant jusqu'à sept ans. U.G. semble connaître le processus de régénération par le thymus. A quatre vingt six ans, il a d'ailleurs l'allure d'un adolescent.
Joël Labruyère: Les adeptes de l'alchimie interne disent que le thymus peut se réveiller et produire à nouveau des hormones qui vont servir à édifier un être éternel à l'intérieur de la créature mortelle que nous sommes. Il s'agirait d'une renaissance. On pense que les cathares ont été massacrés parce qu'ils pratiquaient cette initiation.
Charles Antoni: Dans le Christianisme, on représente le Christ avec le coeur ouvert et une lumière rayonnante au centre de la poitrine. C'est l'indication que la libération passe par le coeur, et qu'il s'agit d'un processus organique, au lieu du mysticisme dont on entoure ce symbole. Si sternum signifie «rayonnant», on comprend mieux la notion d'amour rayonnant, mais comme dit un maître japonais: «Quand j'entend parler d'amour, je frappe.» C'est pourquoi, lorsqu'il entend parler d'amour, U.G. devient acerbe, car il rejette la sentimentalité, ce qui ne l'empêche pas d'être charmant et de bonne compagnie. L'amour réel n'est pas celui qu'on voit dans la vie ordinaire. L'amour n'est pas de l'humanitarisme. C'est un état qu'on ne peut connaître qu'après un processus de renaissance, mais U.G. ne fait pas de théorie à ce sujet. Il ne dit même pas qu'il faut essayer d'y parvenir. Cela arrive par accident. Il parle d'une «calamité» qui lui est tombée dessus et qu'il supporte comme tout le reste.
Joël Labruyère: Mais si on ne peut rien faire, à quoi bon se fatiguer à chercher?
Charles Antoni: U.G. dit que malgré tous nos efforts, nous avons peu de chance. On ne sait pas comment et pourquoi ça nous tombe dessus. Il est fort possible que cela arrive lorsqu'on ne croit plus en rien, quand la limite de la désillusion est atteinte. Celui qui est un véritable baroudeur, et qui est parvenu au point où il a tout laissé tomber, à sans doute les dispositions requises, à condition qu'il demeure assoiffé d'absolu. On retrouve cela dans le Zen: l'illumination survient au moment où on s'y attend le moins. C'est l'idée du Chan également. U.G. insiste beaucoup sur cette transformation biologique dont les maîtres spirituels parlent peu, peut-être par prudence, ou parce qu'ils n'y ont pas accès eux-mêmes.
Joël Labruyère: On peut donc dire que U.G. n'est pas un nihiliste, mais qu'il rejette uniquement ce qui n'a aucune importance à ses yeux. U.G. ne cherche pas à transmettre sa connaissance. Il ne veut même pas en parler, alors qu'il prétend être libéré de tout souci et de la peur. Pourquoi n'en fait-il pas profiter les autres?
Charles Antoni: A mon avis, c'est une question de tempérament. Certains sont disposés à en parler et d'autres, non. Le caractère de U.G. c'est de prendre les choses comme elles sont sans se poser de question. Il a toujours vécu à la limite, puisqu'il a été clochard, dormant dans la rue. Il a sauté à pieds joints dans un lâcher-prise absolu. Il était prêt à se laisser mourir, et d'ailleurs, en cas de maladie, il se «couche dans un coin et attend en gémissant comme un chien.» Il affirme qu'un être vivant n'a pas à se poser de question sur la vie et la mort, ou la vie après la mort. Quelqu'un de vivant est simplement occupé à vivre.
Joël Labruyère: U.G. ne donne-t-il pas l'impression d'avoir atteint la sérénité parce que quelque chose de nouveau est programmé dans son corps, et qu'il sait qu'il est tiré d'affaire?
Charles Antoni: Pour lui, l'idée d'atteindre quelque chose n'existe pas car il a abandonné tous les concepts. Bien qu'il fasse preuve d'une compassion naturelle, on ne trouve chez lui aucune trace de nos bons sentiments. Il n'est pas missionné pour sauver qui que ce soit. Selon lui, celui qui prétend vouloir aider autrui démontre qu'il éprouve encore des besoins. Vouloir faire du bien ne serait qu'un besoin égocentrique. U.G. va encore plus loin, puisqu'il prétend que tout désir d'accomplir une action provient de l'attachement. Il semble avoir décroché de toutes les convenances, alors qu'il continue à vivre normalement à Londres dans une maison confortable. Personne ne sait d'où lui vient l'argent, car il ne donne pas de conférences et n'écrit pas de livres. Aujourd'hui, il refuse même les interviews, et j'ai été le dernier à l'interroger. On sait qu'il voyage, il va en Chine ou ailleurs, sans laisser d'adresse. Pourquoi voyage-t-il? Personne ne le sait.
Joël Labruyère: Est-ce qu'en approchant ce personnage, on est tenté de l'imiter?
Charles Antoni: J'ai rencontré quelqu'un qui s'est débarrassé de toutes les idées que nous traînons péniblement derrière nous. Mais il n'y a rien à imiter. Lorsqu'on pige le truc, on n'a pas envie d'être comme U.G. ou n'importe qui d'autre. On est soi-même. Lui, à quatre-vingt six ans, avec son physique enfantin, donne l'impression d'une grande légèreté. Il adore cuisiner pour ses invités, mais je ne l'ai vu manger que des céréales avec du lait comme un gosse. Il ne vous accable pas de théories. C'est bien rafraîchissant.
Charles Antoni, U.G. Pertinences Impertinentes,
éditions L'Originel, 25 rue Saulnier, F-75009 Paris.
Zyaama Suurya 29.04.2015 - 12h33 |
Haha, j'ai bien finit par adhérer complètement à cette vision des choses