[...]
"Ce n'est pas du personnage de Donald Trump qu'il est question dans cet article, mais davantage du possible président qu'il serait, plus précisément qu'il serait en tant que commandant suprême des forces américaines et garant en dernier ressort de la sécurité nationale de la première puissance au monde."
"Que Donald Trump soit une personnalité dérangeante, certes ; que l'on puisse se demander à ce titre si celle-ci convient pour présider aux destinées de la première puissance au monde, soit. Mais ne pas discuter des positionnements idéologiques des deux candidats pour ce qu'ils sont n'est guère très honnête et surtout imprudent."
"Le problème est ailleurs : si Donald Trump venait à l'emporter (et bien des erreurs du candidat semblent repousser cette éventualité, même si rien n'est encore joué...), pourrait-il vraiment mener une politique sur les lignes idéologiques qu'il a défendues pendant la campagne ?"
"On peut largement en douter, en rappelant par exemple que Georges W. Bush fut élu en 2000 après une campagne marquée par isolationnisme certain. On sait ce qu'il en fut ! On sait aussi que l'invasion de l'Irak ne fut pas planifiée en 2001 suite aux attentats du World Trade Center, mais dès la fin des années 1990... sous son prédécesseur. Il n'est absolument pas à exclure que les néoconservateurs des deux bords, que le « parti de la guerre », surtout, dans une période aussi troublée que celle que nous vivons, pousse rapidement le président Trump à s'aligner sur des positions plus classiques."
[...]
"Donald sera-t-il le Andrew Jackson des Etats-Unis ? L'avenir le dira et, déjà, à court terme, encore doit-il l'emporter face à Hillary Clinton. Un point néanmoins sur l'Europe. Il est en effet probable que toutes choses égales par ailleurs, notamment le nanisme stratégique des grands Etats européens, un isolationnisme soft de Donald Trump ne suffirait pas à remettre l'Europe sur le chemin de l'histoire comme par miracle . Hadrien Desuin a raison sur ce point. L'isolationnisme américain ne pourrait être une chance qu'à la condition que l'Europe connaisse un changement brutal et décisif de direction pour sortir de l'idéologie post-nationale qui la maintient depuis des décennies dans un état comateux. Un tel changement ne peut venir que de Paris. Et certainement pas sans Moscou. C'est seulement dans la perspective d'une volonté française d'inflexion stratégique majeure et de prise en main de la défense de notre continent que Donald Trump pourrait être une meilleure solution qu'Hillary Clinton. Nos dernières gesticulations diplomatiques à l'ONU sur la situation à Alep n'augurent pas d'une telle prise de conscience, encore moins d'une quelconque vision réaliste, structurée et ambitieuse. Enfermés dans un moralisme assez indécent et surtout parfaitement inefficient, nous paraissons bien loin d'un tel réveil."
"Ce n'est pas du personnage de Donald Trump qu'il est question dans cet article, mais davantage du possible président qu'il serait, plus précisément qu'il serait en tant que commandant suprême des forces américaines et garant en dernier ressort de la sécurité nationale de la première puissance au monde."
"Que Donald Trump soit une personnalité dérangeante, certes ; que l'on puisse se demander à ce titre si celle-ci convient pour présider aux destinées de la première puissance au monde, soit. Mais ne pas discuter des positionnements idéologiques des deux candidats pour ce qu'ils sont n'est guère très honnête et surtout imprudent."
"Le problème est ailleurs : si Donald Trump venait à l'emporter (et bien des erreurs du candidat semblent repousser cette éventualité, même si rien n'est encore joué...), pourrait-il vraiment mener une politique sur les lignes idéologiques qu'il a défendues pendant la campagne ?"
"On peut largement en douter, en rappelant par exemple que Georges W. Bush fut élu en 2000 après une campagne marquée par isolationnisme certain. On sait ce qu'il en fut ! On sait aussi que l'invasion de l'Irak ne fut pas planifiée en 2001 suite aux attentats du World Trade Center, mais dès la fin des années 1990... sous son prédécesseur. Il n'est absolument pas à exclure que les néoconservateurs des deux bords, que le « parti de la guerre », surtout, dans une période aussi troublée que celle que nous vivons, pousse rapidement le président Trump à s'aligner sur des positions plus classiques."
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"Donald sera-t-il le Andrew Jackson des Etats-Unis ? L'avenir le dira et, déjà, à court terme, encore doit-il l'emporter face à Hillary Clinton. Un point néanmoins sur l'Europe. Il est en effet probable que toutes choses égales par ailleurs, notamment le nanisme stratégique des grands Etats européens, un isolationnisme soft de Donald Trump ne suffirait pas à remettre l'Europe sur le chemin de l'histoire comme par miracle . Hadrien Desuin a raison sur ce point. L'isolationnisme américain ne pourrait être une chance qu'à la condition que l'Europe connaisse un changement brutal et décisif de direction pour sortir de l'idéologie post-nationale qui la maintient depuis des décennies dans un état comateux. Un tel changement ne peut venir que de Paris. Et certainement pas sans Moscou. C'est seulement dans la perspective d'une volonté française d'inflexion stratégique majeure et de prise en main de la défense de notre continent que Donald Trump pourrait être une meilleure solution qu'Hillary Clinton. Nos dernières gesticulations diplomatiques à l'ONU sur la situation à Alep n'augurent pas d'une telle prise de conscience, encore moins d'une quelconque vision réaliste, structurée et ambitieuse. Enfermés dans un moralisme assez indécent et surtout parfaitement inefficient, nous paraissons bien loin d'un tel réveil."
Géopolitique, Empire US, Europe, Politique
"L’opération Paperclip (originellement appelée « Opération Overcast ») fut menée à la fin de la Seconde Guerre mondiale par l'état-major de l'armée des États-Unis afin d'exfiltrer et de recruter près de 1 500 scientifiques allemands issus du complexe militaro-industriel allemand pour lutter contre l'URSS et récupérer les armes secrètes du Troisième Reich. Ces scientifiques effectuèrent des recherches dans divers domaines, notamment sur les armes chimiques (Zyklon B), sur l'usage des psychotropesnote, sur la conquête spatiale, sur les missiles balistiques et sur les armes à longue portée (bombes volantes V1 et V2).
Loin de les affecter à des postes subalternes, le Département de la Défense des États-Unis leur confia la direction de ses programmes de recherches. Ils furent affectés aux bases de White Sands, dans le Nouveau-Mexique, et à Fort Bliss, au Texas. Grâce en partie à l'aide de ces scientifiques, l'avancée technologique des États-Unis fut considérable pendant la guerre froide.
Elle est arrêtée en 1957, lorsque l'Allemagne de l'Ouest proteste auprès du gouvernement des États-Unis qui la dépouille de ses compétences scientifiques. L'opération Paperclip sera rendue publique en 1973."
Source
Joint Intelligence Objectives Agency
La Joint Intelligence Objectives Agency (JIOA) fut un organe du département de la Guerre américain, créé en 1946 pour récupérer des scientifiques allemands afin qu'ils travaillent pour le compte des États-Unis dans leur lutte contre l'Union soviétique, programme connu sous le nom d'opération Paperclip.
Après l'entrée en guerre des États-Unis, un camp d'internement est créé en 1942 à Fort Hunt, près d'Alexandria (Virginie), pour interroger les prisonniers de guerre allemands ayant des connaissances techniques et scientifiques sur le complexe militaro-industriel allemand et ses systèmes d'armes perfectionnés. Des officiers de U-Boot, de l'Afrika Korps ainsi que des scientifiques capturés sont ainsi interrogés.
La propagande virulente du docteur Goebbels concernant les armes secrètes allemandes au dernier tournant de la guerre avait marqué les esprits.
Près de 3 400 détenus sont ainsi passés par Fort Hunt entre 1942 et 1946 ; 600 interrogateurs avaient pour mission de leur soutirer des informations, en particulier sur les avancées techniques du Reich.
En septembre 1946, le président Harry S. Truman donne son accord pour l'exécution de l'opération Paperclip, programme visant à récupérer des scientifiques allemands afin qu'ils travaillent pour le compte des États-Unis dans leur lutte contre l'Union soviétique. Officiellement, Truman exclut expressément toute personne ayant été membre du NSDAP et ayant été plus qu'un participant nominal dans ses activités [réf. nécessaire]. En fait, de nombreux anciens nazis, dont des criminels de guerre, seront ainsi récupérés.
La Joint Intelligence Objectives Agency mène des enquêtes de fond sur les scientifiques à récupérer dans le cadre de l'opération Paperclip. En février 1947, le directeur de la JIOA Bosquet Wev examine les premiers dossiers aux département d'État et de la Justice. Samauel Klaus, le représentant du Département d'État au comité du JIOA, indique que tous les scientifiques du premier lot de dossiers étaient de « fervents nazis ». Leurs demandes de visa sont refusées.
Bosquet Wev rédige un mémo d'avertissement affirmant que les intérêts des États-Unis seraient passés derrière les efforts consacrés à « battre un cheval nazi mort ». Il déclare également que le retour de ces scientifiques en Allemagne, où ils pourraient alors être enrôlés par le bloc de l'Est, représenterait une « menace à la sécurité nationale » bien plus grande que tout affiliation des États-Unis avec d'anciens nazis ou sympathisants du national-socialisme.
Lorsque la JIOA fut formée pour enquêter sur le fond et la forme des dossiers des scientifiques nazis, le chef du renseignement allemand sur le front de l'Est Reinhard Gehlen rencontra Allen Dulles, directeur de la CIA. Gehlen a été un maître espion pour le Troisième Reich, célèbre pour avoir infiltré l'Union soviétique avec son vaste réseau de renseignement nazi. Dulles promis à Gehlen de protéger son unité de renseignement au sein de la CIA.
Bosquet Wev décida de contourner le problème. Dulles fit falsifier les dossiers des scientifiques afin d'éliminer tout élément incriminant. Comme promis, Dulles livra l'unité de renseignement nazie à la CIA, qui se livra par la suite à de nombreuses procédures de dissimulation de recherches scientifiques nazies ( MK-Ultra / (en) Artichoke, (en) Chatter, tous deux prédecesseurs du projet MKNAOMI, (en) MK-DELTA et l'opération Midnight Climax).
Les champs d'investigation de ces projets secrets étaient le lavage de cerveau, la manipulation mentale et la sujétion par substances chimiques et drogues de synthèse.
Le Renseignement militaire expurgea les dossiers des références nazies. En 1955, plus de 760 scientifiques allemands obtinrent la citoyenneté américaine et des postes éminents dans la communauté scientifique américaine. Nombre d'entre eux avaient été membres du NSDAP et de la Gestapo, ils avaient alors mené des expériences sur des humains dans des camps de concentration, exploité le travail d'esclaves, et commis divers autres crimes de guerre.
Braun, lors de son arrestation.
Braun, Directeur de la Nasa
Dans un exposé de 1985 dans le Bulletin des scientifiques atomistes, Linda Hunt déclara avoir examiné plus de 130 rapports sur des sujets liés à l'opération Paperclip - et chacun d'entre eux avait «été modifié pour éliminer la classification de menace à la sécurité nationale».
Truman, qui avait explicitement ordonné de ne pas admettre de nazis dans le cadre de l'opération Paperclip, n'a apparemment jamais été averti de la violation de cette directive[réf. nécessaire]. Les archives du département d'État et les mémoires d'officiels de l'époque confirment cela. En fait, d'après le livre Opération Paperclip de Clare Lasby, les officiels du projet couvrirent leurs plans d'un tel secret qu'ils abusèrent leur propre président.
Un bon exemple de la manière dont ces dossiers furent modifiés est le cas de Wernher von Braun, scientifique allemand des fusées. Selon un rapport du 18 septembre 1947, ce dernier était perçu comme une menace pour la sécurité nationale par le gouverneur militaire. Mais en février 1948, une nouvelle évaluation de sécurité de von Braun indique qu'aucune information dérogatoire n'est disponible sur le sujet... Le gouvernement militaire considère alors qu'il vaut mieux l'employer que refuser son entrée aux États-Unis.
Source
Loin de les affecter à des postes subalternes, le Département de la Défense des États-Unis leur confia la direction de ses programmes de recherches. Ils furent affectés aux bases de White Sands, dans le Nouveau-Mexique, et à Fort Bliss, au Texas. Grâce en partie à l'aide de ces scientifiques, l'avancée technologique des États-Unis fut considérable pendant la guerre froide.
Elle est arrêtée en 1957, lorsque l'Allemagne de l'Ouest proteste auprès du gouvernement des États-Unis qui la dépouille de ses compétences scientifiques. L'opération Paperclip sera rendue publique en 1973."
Source
Joint Intelligence Objectives Agency
La Joint Intelligence Objectives Agency (JIOA) fut un organe du département de la Guerre américain, créé en 1946 pour récupérer des scientifiques allemands afin qu'ils travaillent pour le compte des États-Unis dans leur lutte contre l'Union soviétique, programme connu sous le nom d'opération Paperclip.
Après l'entrée en guerre des États-Unis, un camp d'internement est créé en 1942 à Fort Hunt, près d'Alexandria (Virginie), pour interroger les prisonniers de guerre allemands ayant des connaissances techniques et scientifiques sur le complexe militaro-industriel allemand et ses systèmes d'armes perfectionnés. Des officiers de U-Boot, de l'Afrika Korps ainsi que des scientifiques capturés sont ainsi interrogés.
La propagande virulente du docteur Goebbels concernant les armes secrètes allemandes au dernier tournant de la guerre avait marqué les esprits.
Près de 3 400 détenus sont ainsi passés par Fort Hunt entre 1942 et 1946 ; 600 interrogateurs avaient pour mission de leur soutirer des informations, en particulier sur les avancées techniques du Reich.
En septembre 1946, le président Harry S. Truman donne son accord pour l'exécution de l'opération Paperclip, programme visant à récupérer des scientifiques allemands afin qu'ils travaillent pour le compte des États-Unis dans leur lutte contre l'Union soviétique. Officiellement, Truman exclut expressément toute personne ayant été membre du NSDAP et ayant été plus qu'un participant nominal dans ses activités [réf. nécessaire]. En fait, de nombreux anciens nazis, dont des criminels de guerre, seront ainsi récupérés.
La Joint Intelligence Objectives Agency mène des enquêtes de fond sur les scientifiques à récupérer dans le cadre de l'opération Paperclip. En février 1947, le directeur de la JIOA Bosquet Wev examine les premiers dossiers aux département d'État et de la Justice. Samauel Klaus, le représentant du Département d'État au comité du JIOA, indique que tous les scientifiques du premier lot de dossiers étaient de « fervents nazis ». Leurs demandes de visa sont refusées.
Bosquet Wev rédige un mémo d'avertissement affirmant que les intérêts des États-Unis seraient passés derrière les efforts consacrés à « battre un cheval nazi mort ». Il déclare également que le retour de ces scientifiques en Allemagne, où ils pourraient alors être enrôlés par le bloc de l'Est, représenterait une « menace à la sécurité nationale » bien plus grande que tout affiliation des États-Unis avec d'anciens nazis ou sympathisants du national-socialisme.
Lorsque la JIOA fut formée pour enquêter sur le fond et la forme des dossiers des scientifiques nazis, le chef du renseignement allemand sur le front de l'Est Reinhard Gehlen rencontra Allen Dulles, directeur de la CIA. Gehlen a été un maître espion pour le Troisième Reich, célèbre pour avoir infiltré l'Union soviétique avec son vaste réseau de renseignement nazi. Dulles promis à Gehlen de protéger son unité de renseignement au sein de la CIA.
Bosquet Wev décida de contourner le problème. Dulles fit falsifier les dossiers des scientifiques afin d'éliminer tout élément incriminant. Comme promis, Dulles livra l'unité de renseignement nazie à la CIA, qui se livra par la suite à de nombreuses procédures de dissimulation de recherches scientifiques nazies ( MK-Ultra / (en) Artichoke, (en) Chatter, tous deux prédecesseurs du projet MKNAOMI, (en) MK-DELTA et l'opération Midnight Climax).
Les champs d'investigation de ces projets secrets étaient le lavage de cerveau, la manipulation mentale et la sujétion par substances chimiques et drogues de synthèse.
Le Renseignement militaire expurgea les dossiers des références nazies. En 1955, plus de 760 scientifiques allemands obtinrent la citoyenneté américaine et des postes éminents dans la communauté scientifique américaine. Nombre d'entre eux avaient été membres du NSDAP et de la Gestapo, ils avaient alors mené des expériences sur des humains dans des camps de concentration, exploité le travail d'esclaves, et commis divers autres crimes de guerre.
Braun, lors de son arrestation.
Braun, Directeur de la Nasa
Dans un exposé de 1985 dans le Bulletin des scientifiques atomistes, Linda Hunt déclara avoir examiné plus de 130 rapports sur des sujets liés à l'opération Paperclip - et chacun d'entre eux avait «été modifié pour éliminer la classification de menace à la sécurité nationale».
Truman, qui avait explicitement ordonné de ne pas admettre de nazis dans le cadre de l'opération Paperclip, n'a apparemment jamais été averti de la violation de cette directive[réf. nécessaire]. Les archives du département d'État et les mémoires d'officiels de l'époque confirment cela. En fait, d'après le livre Opération Paperclip de Clare Lasby, les officiels du projet couvrirent leurs plans d'un tel secret qu'ils abusèrent leur propre président.
Un bon exemple de la manière dont ces dossiers furent modifiés est le cas de Wernher von Braun, scientifique allemand des fusées. Selon un rapport du 18 septembre 1947, ce dernier était perçu comme une menace pour la sécurité nationale par le gouverneur militaire. Mais en février 1948, une nouvelle évaluation de sécurité de von Braun indique qu'aucune information dérogatoire n'est disponible sur le sujet... Le gouvernement militaire considère alors qu'il vaut mieux l'employer que refuser son entrée aux États-Unis.
Source
Empire US
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