Ce n'est pas chose aisée et la confusion des débats politiques, psycho-sociologiques et philosophiques est là pour attestée qu'échanger en la matière nous impose de nous entendre sur la perspective et la dimension pertinentes.
Michel Serre, au sujet de la communication, affirme que l'avènement des technologies de l'information nous fait basculer individuellement et collectivement dans une autre séquence, inédite, aussi structurante que l'ont été l'invention de l'écriture en Mésopotamie et celle de l'imprimerie au 16ème siècle (Cf. « Petite Poucette »).
Face au défi de comprendre à la fois le sens de l'évolution, notre présent, pour mieux vivre notre à-venir, nous devons pour le moins nous interroger sur la qualité du regard que nous pouvons porter sur cette complexité.
Il y a bien-sûr l'intuition mais elle peut-être parasitée par les systèmes de croyances et valeurs
Il y a la science (histoire, anthropologie, linguistique, économie...) mais elle peut-être limitée par les catégorisations et les perturbations dues aux interactions quantiques
Une approche possible (la seule ?) pourrait être la métacognition et c'est de ce point de vue que je souhaiterais engager le dialogue ici...
Puisque le sujet est de « penser la modernité » _ que l'on peut définir comme notre capacité à se projeter dans un futur sociétal_, il s'agit tout d'abord de prendre la mesure de la dimension spatio-temporelle dans laquelle je m'inscrits.
Indéniablement, c'est à l'échelle de l'ensemble de la planète qu'il faut envisager les choses (Cf. réseaux, anthropocène, transports, économie, gouvernance...)
De la même façon, il me semble que c'est sur la compréhension de l'humain, aux niveaux les plus fondamentaux (motivations, émotions, cognitions...) qu'il faut se placer.
De ce point de vue, et en guise de mise de départ, je souhaitais évoquer notre représentation du progrès associée à notre volonté de puissance qui, selon moi, sont à l'origine de la condition humaine en nous imposant de nous projeter sans cesse dans le futur, source de toutes les peurs et espoirs, et/ou à ressasser le passé, source de tous les doutes et refoulements.
Comment aujourd'hui pouvons-nous penser notre présent sans subir nos représentations illusoires ?
Jacques Attali (dont je sais qu'il n'est pas ici en odeur de sainteté) vient de sortir un ouvrage (« Histoire de la modernité ») qui a pour ambition de formuler les différentes voies que l'humanité a emprunté pour penser son avenir par le passé et pour, de fait, imaginer ses futurs possibles.
Je me permets, afin d'ouvrir notre échange, de vous faire partager une synthèse de sa position :
« Les 7 avenirs de l'avenir
Après le règne de 3 modernités (celles de l'Etre, de la Foi et de la Raison), la question semble être aujourd'hui définitivement réglées : sur la majeure partie de la planète, pour la plupart des hommes, la modernité, et s'identifiera de plus en plus, à l'occidentalisation. Non que cela signifie une victoire de l'occident. Bien au contraire :
D'une part, parce que l'appropriation par d'autres de ses valeurs devenues universelles _ et en particulier le droit à la liberté individuelle_ privera l'occident de sa spécificité, et de son avance.
D'autre part parce que, en occident autant qu'ailleurs, beaucoup de gens mèneront une lutte acharnée contre cette conception de la modernité et cette direction de l'Histoire. Il reprocheront en particulier à l'occidentalisation de violer leurs principes moraux et religieux, de détruire les spécificités culturelles, de dévaster la Nature, de « marchandiser » toutes les relations sociales, y compris l'homme lui-même, en le transformant progressivement en artefact, dans une « hypermodernité », où la prothèse sera la mesure de la modernité.
Les adversaires de cette hypermodernité* inventeront 6 autres projets d'avenir, 6 autres modernités :
5 d'entre elles (nostalgique, instantanée, théologique, écologique, ethnique) seront, par nature, incompatibles à terme avec la liberté individuelle et échoueront devant cette irrépressible revendication ; et on reviendra à l'hypermodernité et ses délires.
Une seule, à mon sens, altruiste, peut permettre à l'humanité de préserver à la fois son identité, sa créativité et sa liberté et de constituer un projet d'avenir durable. Le chemin pour y parvenir est très étroit. Mortellement étroit.
(...)
Elle suppose une grande hauteur de vue, et une réflexion très approfondie sur les enjeux du moment. Elle est fondée sur l'altruisme, en particulier à l'égard des générations futures. Elle fait du bonheur de l'autre la condition du sien. C'est à mon seul la seule modernité viable à long terme. Et aussi la seule compatible avec la démocratie. Elle rassemble des dimensions des trois modernités précédentes, celle de l'Etre, la Foi et la Raison.
(...)
Si on n'entreprend pas ce changement démocratiquement, bien des dimensions de l'altermodernité surgiront sous des formes totalitaires de la modernité. L'altruisme sera alors caricaturé par des sectes et des dictatures, qui prendront le pouvoir et imposeront leurs lois totalitaires au nom de la fraternité.
Etc... »"
Bref, l'idée ici est de s'interroger non seulement sur la pertinence de cet approche prospective mais aussi (et surtout) d'imaginer les inflexions souhaitables du système actuel dans ses dimensions : Politiques (systèmes et règles de gouvernance, structures et périmètres des institutions),
Ethiques
Sociales
...
A vous lire
* Très bon n° de la Revue « Cités » N°55 sur le transhumanisme
Civilisation
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Give me back my broken night | Rendez-moi mes droits perdus |
Extrait de l'album "The Future", 1993
Civilisation, Apocalypse
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"L'expression « Françafrique » désigne les réseaux d'influence à la fois politique, économique, diplomatique et militaire de la France en Afrique. Ces réseaux sont particulièrement actifs dans ses anciennes colonies, mais aussi dans d'autres pays francophones comme le Rwanda et la République Démocratique du Congo (anciennes colonies belges), ou non-francophones comme l'Angola ou encore la Guinée Équatoriale. L'expression semble avoir été employée pour la première fois, en 1955, par l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, pour définir le souhait d'un certain nombre de leaders africains de conserver des relations privilégiées avec la France tout en accédant à l'indépendance.
Le terme Françafrique désigne aujourd'hui l'aspect occulte des relations franco-africaines qui se caractérise par des pratiques de soutien économique diplomatique et militaire aux dictateurs du continent, de coups d'États et d'assassinats politiques mais aussi de détournements de fonds et de financement illégal de partis politiques. Cette politique, constante depuis les indépendances des anciennes colonies africaines de la France dans les années 60, vise à défendre les intérêts français sur le plan stratégique (bases militaires notamment) et économique (accès des multinationales françaises aux ressources naturelles et stratégiques : pétrole, uranium etc.).
Le terme Françafrique a été popularisé dans son sens actuel en 1998 par le livre La Françafrique, le plus long scandale de la République de François-Xavier Verschave. Cet économiste de formation a par la suite consacré de nombreux ouvrages aux rapports entretenus entre la France et ses anciennes colonies d'Afrique, mais également à des sujets connexes comme l'aide au développement ou les biens publics mondiaux. François-Xavier Verschave a également contribué à fonder l'association Survie dont il fut l'un des présidents historiques, et qui se consacre essentiellement à l'information du grand public et au plaidoyer auprès de la classe politique sur les effets néfastes de cette politique dans les pays concernés."
En téléchargement en visualisation streaming sur ce site :
Video Documentaire
Quelques affaires traitées clairement et sans ambiguïté dans ce documentaires :
- La Cellule Africaine de l'Élysée
- L'affaire Elf
- L'affaire des ventes d'armes à l'Angola (dite Angolagate)
- L'affaire des biens mal acquis
- Guerre d'Algérie
- (Actu) Problématique de la côte d'Ivoire / L. Gbabgo
- L'affaire des diamants
- Liens avec la Maçonnerie (GNLF / GO)
- Coups d'états divers africains
- Corruptions Française et rétro-commissions
- Collusion entre les politiques Français (PS / UMP / UDF) avec Omar Bongo.
- La politique Ivoirienne et le massacre Français de 2004.
- La politique de Jacques Foccart, agent Français et ami de De Gaulle
Etc...
Voici une des œuvres de l'armée Française sous la direction du cabinet Africain de Foccart en 1960 :
"Sous la direction de l’armée française, les troupes camerounaises rasent le bourg de Yogandima, massacrant près de 8 000 civils désarmés. Depuis 10 ans, l’administration coloniale fait face à l’opposition de l’Union populaire du Cameroun (UPC). Le haut-commissaire français Pierre Messmer a organisé l’assassinat de nombreux leaders de l’UPC, ainsi que des expéditions punitives. À l’indépendance, le 1er janvier 1960, Jacques Foccart y installe un gouvernement fantoche, présidé par son ami Ahmadou Ahidjo. Le jour même, le jeune État signe un accord d’assistance militaire avec la France. Charles de Gaulle dépêche cinq bataillons, commandés par le général Max Briand. Entre février et mars cent cinquante-six villages bamilékés sont incendiés et rasés. Des dizaines de milliers de personnes sont massacrées. De cette terrible répression, la presse française, muselée et aveuglée par la crise algérienne, ne dira mot. Finalement, le 2 octobre, le leader de l’UPC, Felix Moumié, est assassiné à Genève par les services secrets français."
http://www.voltairenet.org/article12537.html
De Gaulle et Foccart.
Bokassa Président Centre-Africain
Valérie Giscard D'Estaing et Bokassa
Omar Bongo et Foccart.
Les présidents gabonais Omar Bongo (au milieu) et zaïrois Mobutu (à droite, avec son traditionnel chapeau léopard) répondent aux journalistes ce 30 septembre 1980, après avoir pris le petit-déjeuner à l’Elysée, à Paris. (AFP)
Le président français François Mitterrand visite son homologue congolais Denis Sassou-Nguesso le 10 octobre 1982. La France restera très proche du Congo-Brazzaville tout au long de ces cinquante années d’indépendance. (AFP)
Chirac et Foccart.
Pendant qu'on demande à Gbagbo de se barrer (c'est sur qu'il est moins apprécié des Français que Félix Houphouët-Boigny... Mais si il à tué 170 personnes ce 16 decembre 2010 selon l'ONU et 20 selon lui, Quid des 2000 blésé et 90 morts civils tués par l'armée Française (à bout portant, tir dans la foule) sous la présidence Chiraquienne en 2004 ?)...
(pour info, les chiffres officiels de l'époque communiqué par les Français était de 16 morts et 76 blésé... Alors quand on entend les chiffres communiqué par l'ONU aujourd'hui concernant la côte d'Ivoire, on se demande si Gbagbo n'est pas plus crédible que les médias Européens.)
(vidéos preuves du massacres de Chirac le 09 Nov 2004)
Video
Images du massacre des Français en 2004 :
http://www.archiefsolidair.org/images/solidair2004/sol4304/p16_cote_ivoire_1.jpg
http://www.archiefsolidair.org/images/solidair2004/sol4304/p16_cote_ivoire_2.jpg"
http://www.archiefsolidair.org/images/solidair2004/sol4304/p16_cote_ivoire_5.jpg
http://www.archiefsolidair.org/images/solidair2004/sol4304/p16_cote_ivoire_6.jpg
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EDIT : Les images ont visiblement été masquées, il y a désormais une sécurité qui a été mise en place avec mot de passe pour y accéder...
Authorization Required
This server could not verify that you are authorized to access the document requested. Either you supplied the wrong credentials (e.g., bad password), or your browser doesn't understand how to supply the credentials required.
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Extrait du site - Petit rappel sur un massacre oublié, ou comment l'histoire est écrite par les vainqueurs :
« À 15 heures, les manifestants sont à moins de deux mètres des blindés français. Certains jeunes s’amusent, par défi, à aller toucher le canon des chars. Ils sont acclamés.
À la suite d’un mouvement de foule plus important que la caméra ne parvient pas à capter, l’ordre de tirer est donné.
En une minute, les soldats français brûlent 2000 cartouches.
De l’autre côté du dispositif, en surplomb d’un bâtiment, les caméras de télévision ivoirienne filment la scène. Des soldats, bien campés sur leurs jambes, tirent en rafales. Certains au-dessus des têtes, d’autres à tir tendu, le fusil au niveau de la poitrine. Ils tirent sans même la protection de leurs véhicules blindés, qui sont rangés en rempart juste derrière eux...
Apparemment les soldats savent qu’ils ne risquent pas de riposte.
Quand les tirs cessent les caméras ivoiriennes continuent d’enregistrer : les victimes, la terreur, la chair entamée par les balles, une main arrachée, les os brisés par le métal. “Qu’est-ce qu’on a fait à la France ?”, hurle un homme.
Une image choque particulièrement : un corps sans tête. La boîte crânienne a explosé et la cervelle s’est répandue autour d’elle.
Ça ne peut pas être une balle de fusil d’assaut FAMAS. Le calibre est trop mince. Un seul type de munitions est capable de faire autant de dégât : la 12,7 millimètres. De celles qui équipent certains fusils de snipers. »
Et oui... Pendant que nous mangions des pommes, Chirac massacrais des Ivoiriens. Et aujourd'hui ont donne des leçons à Gbagbo ...
Quand à Mitterand, homme supposé de Gauche, qui est un des présidents ayant accepté le plus de pôts de vins Africains pendant ses mandats, voici un extrait de propos de J. P. Cot après sa démission du gouvernement :
L'EXPRESS 10.12.1982
L'écart de Jean-Pierre Cot
En désaccord avec la politique africaine, le ministre de la Coopération démissionne :
"Quand un homme politique ambitieux rêve d'un grand ministère du tiers monde, et se retrouve titulaire d'un portefeuille à moitié vide ; quand un militant des droits de l'homme est invité à saluer très respectueusement Sékou Touré ou Mobutu, vedettes au hit-parade d'Amnesty International ; quand un militant rocardien se sent phagocyté dans un univers mitterrandiste, arrive un jour où il flanque sa démission"
[...] Mitterrand, qui a l'avantage sur Cot d'être un familier de l'Afrique, va rapidement trancher en faveur d'une politique de continuité, qui implique de bons rapports avec tous les dirigeants africains, même les moins « fréquentables ». La politique africaine de la France restera le domaine réservé de l'Elysée. Guy Penne, ami personnel du Président, en assurera la mise en œuvre sur le terrain. [...]
Source
Parmi tout les présidents Français depuis De Gaulle, celui qui semble rompre le plus frontale-ment avec cette politique de pillage et de manipulation semble être N. Sarkozy. La rupture de ce président avec la politique coloniale Française depuis De Gaulle est sensible, et elle semble cependant faire allégeance aux grandes sociétés du cac 40, Bolloré, Total, Areva etc...
Sarkozy rompt donc avec le colonialisme et incarne plutôt une nouvelle position de VRP. Sa politique Africaine marque un virage important, favorisant le contexte économiques au profit des grandes entreprises Françaises, dans un contexte de mondialisation, ou la Chine, la Russie, les USA et autre puissances n'ont d'objectif que de profiter au maximum de l'ouverture africaine et de sa richesse en ressources et matière premières.
Néanmoins, la France d'aujourd'hui ne favorise pas plus les conditions sociales Africaines, il s'agit avant tout de faire du bizness dont les principaux contributeurs sont de nos jours les grandes entreprises, et non plus les états nations colonialistes.
N. Sarkozy et V. Bolloré
Pour finir, un problème d'actualité inconnu, et non traité dans les médias grands publiques (ni dans le reportage ci dessus il me semble), et qui pourtant est aussi actuel que le problème Ivoirien -> Le pillage des ressources du Sahara Occidental par le Maroc et l'accord consentie des instances mondiales et de la France, malgré les violation continuelles des droits de l'homme :
Sahara occidental : la France contre les droits de l'homme ?
Voilà avec tout ça vous avez de quoi en savoir plus et continuer à chercher, et comme le dit Éva Joli, "quand on met les pieds la dedans, on ne s'attend pas à y trouver tout ce qu'on va y trouver"... Et encore... Ce n'est qu'un bref aperçu.
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Edit 29/12/10 20h13 : Du tout frais !
Financement de la campagne de N. Sarkozy par Omar Bongo. Article de Libération du 29/12/10
Histoire, Civilisation, Sociétés secrètes, Société, Géopolitique, Documentaires
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